Le Tribunal militaire de Rabat a visionné, mercredi, au cours d'une audience publique, un enregistrement vidéo des événements survenus lors du démantèlement du camp Gdeim Izik à Laâyoune, en présence des accusés et de la défense. La décision du tribunal d'autoriser le visionnage de l'enregistrement vidéo, ainsi que la présentation d'un ensemble de photos des objets saisis, fait suite à une requête de la défense et d'une partie des accusés dans ce sens. Avant la projection, le tribunal a demandé aux familles des victimes d'évacuer la salle d'audience, en raison de la cruauté des actes commis à l'encontre d'éléments des forces de l'ordre, pour ne pas heurter leurs sentiments. Pendant plus d'une demie heure, le tribunal a ainsi regardé, en présence d'observateurs nationaux et internationaux et de représentants d'associations de droits de l'Homme et des médias, une série de photos des objets saisis chez les accusés, en l'occurrence des moyens de télécommunications, des devises étrangères, (Euro, dinar algérien et dollar), des passeports, des pièces d'identité, des badges de gendarmerie et de police, des armes blanches et des bombes phosphorescentes. L'enregistrement vidéo montrait des civils, dont des individus cagoulés et en tenue militaires, jetant des pierres vers les éléments des forces de l'ordre et brandissant des armes blanches. L'enregistrement montrait également des scènes de mutilation de cadavres d'éléments des forces de l'ordre ainsi qu'un individu égorgeant un élément des forces de l'ordre à terre, outre des scènes de saccage à l'intérieur du camp et dans la ville de Laâyoune. Auparavant, le tribunal avait décidé d'écarter des témoins à charge après avoir écouté le témoignage d'un des neuf présents à l'audience, en application de l'autorité discrétionnaire prévue dans l'article 91 du code militaire. Le tribunal a également rejeté la requête d'un avocat de se constituer partie civile, en application de l'article 9 du même code qui interdit la constitution d'une partie civile devant une juridiction militaire. Le tribunal a, par ailleurs, décidé de convoquer et d'écouter les familles des victimes. Dans la matinée, le tribunal avait écouté cinq témoins à décharge convoqués par la défense, dont certains ont confirmé qu'ils étaient “en compagnie de deux des accusés au moment de leur arrestation le 7 novembre 2010, un jour avant le déclenchement de ces évènements". Un autre témoin a déclaré qu'un troisième accusé “avait eu un accident le même jour et avait été transporté à l'hôpital". Les 24 accusés dans cette affaire sont poursuivis pour “constitution de bandes criminelles, violences préméditées contre les forces de l'ordre ayant entraîné mort d'hommes et mutilation de cadavres". Les événements du camp de Gdeim Izik, qui remontent aux mois d'octobre et novembre 2010, avaient fait 11 morts et 70 blessés parmi les éléments des forces de l'ordre, dont plusieurs ont été grièvement atteints, ainsi que quatre autres blessés parmi les civils, outre des dégâts matériels conséquents et dommages à des bâtiments publics et biens privés.