Les phases finales de la compétition de Sanaat Bladi diffusée sur 2M ont vu le couronnement de 11 artisans et artisanes évoluant dans 10 catégories. Ces phases ont connu de nombreux rebondissements comme le retrait du titre du meilleur apprenti artisan dans la catégorie Innovation, les créations proposées ne correspondaient pas aux attentes et aspirations du jury, tandis que les catégories du bois architecture et celle du cuir ont terminé ex-aequo. 11 candidats et candidates ont ainsi accédé à la grande finale qui a vu la consécration du meilleur apprenti artisan du Royaume. Au cours de la soirée, chaque artisan a présenté son projet professionnel avec étude technique à l'appui, en passant d'une logique purement artisanale à une logique entrepreneuriale. Le vote s'est déroulé de manière classique et transparente, apportant à l'opération une plus grande légitimité. Le suffrage a vu la participation d'une pléiade de personnalités dont la plus illustre s'est manifestée par la présence du ministre de l'Artisanat. La grande finale a vu la candidate originaire de Taroudant remporter le titre du meilleur apprenti artisan du Royaume. Le trophée lui a été décerné par le ministre de l'Artisanat, M. Abdessamad Kayouh ainsi qu'un prix de 250 000 dirhams offert par le sponsor la Banque Populaire accompagné d'un prix de 150 000 dirhams offert par le Ministère de l'Artisanat. Les finalistes ont reçu respectivement un chèque de 60 000 dirhams offert par la Banque Populaire tandis que les candidats qui ont accédé aux demi-finales se sont vus remettre un chèque de 20 000 dirhams. Liste des 9 artisans vainqueurs: Catégorie cuir : Hafid Aboudi de Fès et Amina Mommo de Taroudant Catégorie Bois : Hicham Lembarki de Salé Catégorie Métaux : Saïd Makkouri de Marrakech Catégorie Dinanderie : Khadija Rezzouki d'Oujda Catégorie Stuc : Rachid Salmane de Laayoune Catégorie Bois Architecture : Houssam El Makhtoubi de Meknès et Moncef Sabour de Béni Mellal Catégorie Zellige : Azzedine Benyahya de Casablanca Catégorie Poterie : Ahmed Madih de Safi Catégorie Tapis : Fatéma Raji de Taroudant Vainqueur du trophée du meilleur apprenti du Royaume : Fatéma Raji de Taroudant Pour la deuxième fois dans son histoire, Sanaat Bladi décerne le trophée de meilleur apprenti artisan du Royaume à un candidat appartenant à la catégorie tapis, prix décerné cette édition à la candidate Fatema Raji, originaire de Taroudant. Le parcours de la gagnante a été marqué tout le long de la compétition par l'excellence et un haut niveau de concurrence, la lauréate a su marier avec intelligence et sensibilité plusieurs techniques de tissage, sans mettre de côté la précision, la finesse, l'originalité et la créativité. Après sa victoire, la gagnante du trophée compte faire évoluer le métier de tisseuse de tapis dans la région de Taznaght dans la perspective ambitieuse de faire passer le statut de la femme rurale à celui de femme productive et active. Fatema Raji est mariée et mère d'un garçon, elle a réussi, grâce au soutien inconditionnel de son mari, à laisser une empreinte indélébile dans la 3ème édition de la compétition de Sanaat Bladi. Déclaration de Fatéma Raji: «Si on donne la possibilité aux femmes de Taznakht de gagner juste un peu, si on leur fait connaître leurs droits, elles sont capables de réaliser des merveilles pour le patrimoine de l'artisanat local et régional» Dans une déclaration à L'Opinion, Fatéma Raji a indiqué qu'elle avait appris le métier auprès de sa mère à Taznakht (230 kms de Agadir et 90 kms d'Ouarzazat) et qu'elle avait quitté la petite ville pour aller s'installer à Taroudant où son mari travaille. «Je suis restée en contact avec Taznakht par le travail du tapis et par le fait que toute ma famille y vit encore. Les femmes à Taznakht sont capables de réaliser des merveilles dans le domaine du tapis, cette victoire est la leur car j'espère que grâce à ce prix de Sanaat Bladi il y aura plus d'intérêt pour Taznakkt et sa région, le tapis de Taznakht est connu à travers le monde mais il est ignoré ici. L'indifférence peut avoir des conséquences graves car les femmes, poussées par le besoin, s'éloignent des travaux authentiques du tapis régional pour faire des choses insignifiantes mais qui se vendent plus... Mais si on donne la possibilité aux femmes de Taznakht de gagner juste un peu, si on leur fait connaître leurs droits, elles sont capables de réaliser des merveilles pour le patrimoine de l'artisanat local et régional. Ils faut que les gens viennent pour se rendre compte de ce que je dis». Fatéma Raji dit avoir trouvé un chemin à elle. Tout en préservant le lien avec le tapis traditionnel de Taznakht pour la transmission du legs ancestral, elle cherche chaque fois à imprimer au tapis quelques chose de personnel. Elle raconte comment un jour, en travaillant dans les champs, elle a été surprise par un serpent pris dans la faucille. Ce sont les dessins et couleurs du reptile qu'elle a par la suite essayé de reproduire une fois rentrée dans le métier à tisser raconte-t-elle. «Les femmes à Taznakht essaient d'introduire des dessins et des couleurs observées dans la nature dans leur quotidien. Pour ma part, dans chaque tapis, j'essaie de raconter une histoire, c'est une partie de moi-même, j'essaie de développer le tapis tout en gardant le contact avec les origines, mais il faut introduire des choses nouvelles bien pensées sinon c'est la routine». Fatéma Raji espère contribuer au développement du secteur du tapis de Taznakht en réalisant sa propre entreprise pour produire et aussi apprendre aux femmes. L'entreprise sera installées à Agadir pour être plus proche du marché de commercialisation. Une manière de «désenclaver» la petite ville de Taznakht. «Ce sont les femmes qui vont pouvoir transmettre l'héritage pour que d'autres prennent le relaie par la suite» dit-elle.