Le rapport de la Banque Mondiale (intitulé » Baissons la chaleur: pourquoi il faut absolument éviter une élévation de 4°C de la température de la planète » s'appuie sur la littérature scientifique et des études récentes pour esquisser les conséquences probables et les risques associés à un réchauffement atteignant 4°C d'ici la fin du siècle. Il s'agit d'une tentative rigoureuse de description d'une série de risques, l'accent étant mis sur les pays en développement, et en particulier sur les populations les plus pauvres. Une élévation de 4°C de la température entraînerait des vagues de chaleur sans précédent, de graves sécheresses et d'importantes inondations dans de nombreuses régions, ce qui aurait de sérieuses répercussions sur les écosystèmes et les services qui leur sont associés. Il est toutefois possible de prendre des mesures pour éviter que le réchauffement n'atteigne 4°C et réussir à maintenir l'élévation de la température au-dessous de 2°C. Si des mesures et des engagements supplémentaires ne sont pas pris pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, le monde connaîtra probablement un réchauffement de plus de 3°C par rapport au climat préindustriel. Même en tablant sur une réalisation totale des engagements actuels, on peut chiffrer à environ 20 % le risque d'un réchauffement climatique supérieur à 4°C d'ici 2100. Si les promesses ne sont pas tenues, une élévation de température de 4°C pourrait intervenir dès les années 2060. De plus, si un tel réchauffement, qui s'accompagnerait d'une élévation d'au moins 0,5 à 1 mètre du niveau de la mer, est atteint d'ici 2100, il ne s'agira pas d'un point final : il faudra s'attendre à la poursuite du réchauffement qui pourrait dépasser 6°C au cours des siècles suivants (avec une montée de plusieurs mètres du niveau des mers). La communauté internationale s'est engagée à limiter le réchauffement à moins de 2°C afin d'éviter tout changement climatique « dangereux » ; les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA) ont déterminé qu'un réchauffement mondial de 1,5°C marquerait le seuil au-delà duquel leur développement, voire dans certains cas leur survie, seraient sérieusement remis en cause. Or, la somme totale des mesures actuelles – en place et prévues – permettra très probablement un réchauffement nettement supérieur à ces niveaux. De fait, au vu des tendances actuelles d'émission, il est plausible que la planète connaisse un réchauffement de 4°C avant la fin du siècle. Le présent rapport ne représente pas une évaluation scientifique exhaustive telle que celle que doit produire le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) en 2013-2014 dans son Cinquième Rapport d'Evaluation. Il se concentre sur les pays en développement tout en reconnaissant que les pays développés sont aussi vulnérables et que le changement climatique les expose également à un risque sérieux de dommages majeurs. Le monde a connu récemment une série d'événements extrêmes qui soulignent la vulnérabilité des pays en développement mais aussi des pays riches et industrialisés. Des incertitudes subsistent quant à la prévision de l'ampleur du changement climatique et de ses effets. Nous avons adopté une approche fondée sur le risque, celui-ci étant défini comme le produit de l'impact et de la probabilité : un événement dont la probabilité est faible représente néanmoins un risque important s'il implique des conséquences graves. Aucun pays ne sera à l'abri des impacts du changement climatique. Toutefois, la répartition des impacts sera probablement intrinsèquement inégale et plutôt défavorable aux régions les plus pauvres du monde qui disposent de moins de moyens économiques, institutionnels, scientifiques et techniques pour y faire face et s'y adapter. Par exemple : - même si en valeur absolue, le réchauffement s'annonce plus important sous les hautes latitudes, l'élévation de température sera plus forte sous les tropiques par comparaison avec la plage - historique des températures et des extrêmes auxquels les écosystèmes naturels et humains ont déjà dû faire face et s'adapter. Les extrêmes de haute température prévus sous les tropiques sont sans précédent et auront par conséquent des effets considérablement plus importants sur l'agriculture et les écosystèmes ; - sous les tropiques, la montée du niveau de la mer sera probablement de 15 à 20 % supérieure à la moyenne mondiale ; - l'augmentation de l'intensité des cyclones tropicaux sera probablement ressentie de manière nettement plus aiguë dans les régions de basses latitudes ; - il faut s'attendre à une désertification et à une augmentation substantielle de la sécheresse dans de nombreuses régions en développement des zones tropicales et subtropicales. Si la température de la planète devait s'élever de 4°C par rapport aux niveaux de l'époque préindustrielle (situation ci-après désignée par « planète à +4°C »), le monde connaîtrait des vagues de chaleur sans précédent, de graves sécheresses et d'importantes inondations dans de nombreuses régions, ce qui aurait de sérieuses répercussions sur les écosystèmes et les services écosystémiques. Une telle élévation de la température peut encore être évitée : de nombreuses études montrent qu'il existe des méthodes techniquement et économiquement applicables permettant de contenir l'augmentation de la température au-dessous de 2°C . L'ampleur des conséquences pour les pays en développement et le reste du monde sera liée aux décisions que prendront les gouvernements, le secteur privé et la société civile ainsi qu'à leurs choix (dont l'inaction fait malheureusement partie). Les effets avérés du changement climatique induit par les émissions de gaz à effet de serre, signalés en 2007 par le Quatrième Rapport d'Evaluation du GIEC ont continué à s'intensifier, à un rythme plus ou moins similaire. - La concentration du dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre, a continué d'augmenter : de 278 ppm (parties par million) à l'époque préindustrielle, cette concentration a dépassé 391 ppm en septembre 2012, pour un taux d'augmentation actuel de 1,8 ppm par an. - Selon les données paléoclimatiques et géologiques disponibles, la planète n'a jamais connu une concentration aussi élevée de CO2 depuis 15 millions d'années. - Les émissions de CO2 s'élèvent actuellement à environ 35 000 tonnes par an (changement d'affectation des terres compris) et, sans nouvelles mesures, devraient atteindre 41 000 tonnes d'ici 2020. - La température moyenne du globe a continué à augmenter et se situe actuellement environ 0,8°C au-dessus des niveaux de l'époque préindustrielle. Accélération de la fonte des glaces Même si un réchauffement planétaire de 0,8°C peut sembler négligeable, de nombreuses conséquences ont déjà été constatées sur le système climatique, et une élévation du réchauffement de 0,8 à 2°C ou plus posera des problèmes encore plus aigus. Par ailleurs, il est utile de rappeler qu'une augmentation moyenne de la température de 4°C représente un écart proche de celui observé entre les températures que nous connaissons actuellement et celles du dernier âge de glace, époque à laquelle une bonne part de l'Europe centrale et le nord des États-Unis étaient couverts par des kilomètres de glace (températures moyennes inférieures d'environ 4,5 à 7°C à l'échelle de la planète). De plus, c'est sur un siècle, et non sur des millénaires, que s'observe un changement climatique d'une telle ampleur, causé par les activités humaines. Les océans ont continué à se réchauffer : environ 90 % du surplus d'énergie thermique lié à l'augmentation des concentrations de gaz à effet de serre depuis 1955 est stocké dans les océans sous forme de chaleur. À l'échelle de la planète, le niveau de la mer a connu une augmentation moyenne de 15 à 20 centimètres au cours du XXe siècle. Sur les dix dernières années, le rythme moyen de montée du niveau de la mer s'est accéléré pour atteindre environ 3,2 cm par décennie. Un tel rythme, s'il se poursuit, impliquera une nouvelle élévation de 30 cm du niveau de la mer au cours du XXIe siècle.