Les océans ont besoin d'une action urgente. Les chercheurs en climatologie ont tiré la sonnette d'alarme, jeudi 9 novembre, lors de la 12ème conférence internationale sur le climat à Nairobi au Kenya. Des mesures drastiques et "absolument" nécessaires doivent être prises pour limiter le réchauffement et l'acidification des océans ainsi que l'augmentation du niveau des mers, qui présentent de gros risques pour l'humanité. C'est ce qu'ont prévenu jeudi des chercheurs en climatologie. «Les eaux à la surface des océans se réchauffent, le niveau des mers augmente encore plus rapidement, les océans deviennent de plus en plus acides et les écosystèmes marins sont menacés», selon le dernier rapport du Conseil consultatif allemand sur le changement climatique (WBGU) présenté à la 12ème conférence internationale sur le climat à Nairobi. «Les activités humaines provoquent des changements au sein des océans qui sont sans précédent, comparés aux derniers millions d'années" et "risquent d'avoir des conséquences graves pour l'humanité», relève le rapport intitulé "L'avenir des océans: ça se réchauffe, ça s'élève et ça tourne à l'aigre". Selon cet institut chargé notamment de conseiller le gouvernement allemand en matière de réchauffement, ce sont les concentrations élevées de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère - causées par les activités humaines - qui conduisent au réchauffement de la Terre et des océans. Ce réchauffement provoque aussi une élévation du niveau des mers due notamment à la fonte des glaces. En outre, la concentration croissante de dioxyde de carbone (CO2) dans l'air fait que ce CO2 est absorbé par les eaux des mers qui, après réaction chimique, s'acidifient. Pour y faire face, Stefan Rahmstorf, professeur de physique des océans au WBGU et co-auteur du rapport, a énuméré lors d'un point de presse les mesures "absolument" nécessaires pour contenir ces conséquences néfastes, notamment en «réduisant de 50% les émissions mondiales de GES - principaux responsables du réchauffement - d'ici 2050". Il faut "limiter le réchauffement global de la Terre à +2°C (par rapport au niveau pré-industriel) et à +0,2°C par décennie", a-t-il dit. Pour les océans, il faut "limiter à un mètre sur le long terme et à pas plus de 5 cm par décennie l'augmentation» de leur niveau. L'acidification des océans, due aux concentrations élevées de dyoxide de carbone (CO2) dans l'air, doit absolument être limitée à PH-2. Considérant que les «écosystèmes marins réagissent de façon beaucoup plus sensible et rapide que les écosystèmes terrestres aux changements climatiques», M. Rahmstorf a préconisé que 20 à 30% des écosystèmes marins soient déclarés zones protégées. «Un réchauffement et une acidification croissants des océans auront des conséquences majeures sur (...) l'industrie de la pêche», entraînant notamment des migrations des principales espèces de poisson, selon le rapport. Il avertit également que «la plupart des récifs de corail pourraient être détruits d'ici 30 ou 50 ans»parce qu'ils ne supporteront pas des températures plus élevées. Selon M. Rahmstorf, «l'augmentation du niveau des océans est probablement l'une des conséquences du réchauffement les plus graves pour l'homme»... «Si le réchauffement s'amplifie, nous allons aussi faire l'expérience d'ouragans de plus en plus forts», a-t-il prévenu, relevant que les saisons 2004 et 2005 avaient battu des records inquiétants.