S'il est au fond l'émanation du volontarisme politique manifesté de part et d'autre au plus haut niveau de l'Etat, le partenariat stratégique entre le Maroc et les Emirats Arabes Unis (EAU) ne fait que gagner en diversité, en intensité et en pragmatisme mutuellement avantageux. Ce dynamisme de la coopération maroco-émiratie brave sans ciller tous les aléas, si résolument qu'il émerge en modèle de partenariat, appelé à franchir un nouveau palier à l'occasion de la visite officielle de travail qu'entreprend SM le Roi Mohammed VI dans le pays, un an après l'instauration du partenariat stratégique avec les pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). Et pour preuve, les investisseurs émiratis se positionnent aujourd'hui dans le peloton de tête parmi les opérateurs arabes implantés dans le Royaume. De l'immobilier au secteur touristique en passant par l'énergie, l'agriculture et la finance, tout révèle combien sont vitales et denses les relations de Rabat avec ce pays du Golfe. Concrètement, le partenariat maroco-émirati tissé au fil des décennies n'est pas que le fait des excellentes relations politiques entre les deux pays, mais aussi l'aboutissement d'un processus de coopération où décideurs, opérateurs et société civile trouvent leur compte. Le cadre stimulant que représentent la commission mixte bilatérale et l'accord de libre-échange, conclu il y a 9 ans, a en effet donné un coup d'accélérateur aux investissements conjoints et consolidé les mécanismes institutionnels tournés vers l'avenir. L'industrie hôtelière et d'autres activités touristiques, l'agro-industrie, l'immobilier et l'énergie sont les filières de prédilection pour les groupes émiratis, encouragés par les avantages offerts aux investisseurs, la stabilité politique, l'ouverture économique du Maroc et sa proximité de l'Europe. Ce sont là bien des atouts qui se sont révélés payants à plus d'un titre, avec à la clé des partenariats solides dans les secteurs porteurs, dont en premier lieu à l'évidence le tourisme et l'énergie. La création en 2011 de l'Autorité d'investissement touristique "Wessal Capital", entre le Maroc, les Emirats Arabes Unis, Qatar et le Koweït, en est une édifiante illustration. Cette initiative a été jugée alors comme un grand pas vers l'intégration économique Maroc/CCG et un indice fort de l'adhésion des pays de cet espace régional à la dynamique réformatrice en cours dans le Royaume. Le déplacement royal ne manquera pas donc de booster les investissements conjoints et les échanges commerciaux entre le Maroc et les Emirats Arabes Unis, dans le prolongement des acquis accumulés depuis la mise sur pied en 2003 de la Commission mixte bilatérale, en tant que cadre de perfectionnement des mécanismes de coopération et de réflexion entre les hommes d'affaires des deux pays. Autre projet phare à mettre à l'actif de cette dynamique bilatérale, marquée par le dialogue constant et le volontarisme des deux chefs d'Etat, SM le Roi Mohammed VI et SA Cheikh Khalifa Ben Zayed Al-Nahyane, la conclusion de l'accord de libre-échange a nettement impulsé la coopération commerciale entre le Maroc et les Emirats, portant à 1,114 milliard de DH le volume de leurs échanges commerciaux en 2011. C'est justement à la consolidation de ce partenariat d'exception que contribuera fortement la visite de SM le Roi Mohammed VI dans ce pays, de telle sorte à donner corps à leur partenariat stratégique à la faveur de projets concrets allant dans le sens d'une complémentarité économique poussée, à la mesure de leurs relations historiques. Le groupe TAQA injecte 13 MMDH pour accompagner le Maroc Le groupe TAQA, leader émirati chargé de développer deux unités électriques à Jorf Lasfar pour un investissement colossal de 13 milliards de dirhams (MMDH), s'engage sur le long terme dans le secteur énergétique au Maroc, partenaire "stratégique" des Emirats, a affirmé son directeur général, Carl Sheldon. "Nous nous réjouissons d'accompagner l'émergence de l'économie marocaine en répondant aux besoins du pays en énergie électrique pour les années à venir", a déclaré M. Sheldon à la MAP, à l'occasion de la visite officielle de travail qu'effectue SM le Roi Mohammed VI aux Emirats dans le cadre d'un périple dans la région du Golfe et en Jordanie. Les deux unités, d'une capacité de 350 mégawatts chacune, avaient fait l'objet d'un protocole d'accord signé en mai 2009 à Fès lors d'une cérémonie présidée par SM le Roi Mohammed VI. Ce projet d'extension de la centrale électrique géante de Jorf Lasfar, a précisé M. Sheldon, permettra de générer une production supplémentaire de 700 mégawatts, portant la capacité totale à 2.056 MW. Selon lui, des centaines d'emplois directs et des milliers indirects devraient être créés grâce au vaste programme d'expansion de la station, supervisé par l'Office national de l'électricité, afin d'augmenter la capacité installée de production électrique. Composante clé de la stratégie énergétique du Maroc, le projet sera étendu à travers la mise en place de deux nouvelles unités en 2013 et en 2014. Autre créneau phare de la stratégie énergétique du Royaume, l'éolien suscite grandement l'intérêt du groupe émirati qui a présenté une offre officielle pour participer aux appels d'offres au Maroc pour la réalisation de parcs éoliens. "La demande d'énergie au Maroc est en pleine croissance sur fond de hausse du niveau de la vie et de mise en Âœuvre de grands projets industriels", a expliqué M. Sheldon qui dit apprécier les mesures incitatives dans l'éolien et le solaire pour faire passer à 42 pc, d'ici 2020, la part de la consommation d'électricité à base d'énergies renouvelables. Ce sont là, a-t-il dit, "autant d'opportunités pour TAQA dans un marché où nous avons déjà des relations fortes et nous sommes impatients de renforcer notre position au Maroc, en collaboration avec des partenaires marocains". Sur un autre registre, la société multiplie les activités sur le marché marocain en direction à la fois des entreprises locales, avec lesquelles elle partage son savoir-faire, et de son environnement où elle se positionne en tant qu'entreprise citoyenne engagée en faveur de l'environnement et du développement durable. Le groupe TAQA de l'Emirat d'Abu Dhabi, opérateur de référence mondiale dans le secteur de l'énergie, est chargé de la conception, du financement, de la mise en service des deux unités en question, de l'extension du quai charbonnier et de l'exploitation de l'ensemble du projet. Il est impliqué dans une large gamme d'activités englobant la production d'électricité, le dessalement de l'eau, l'exploration pétrolière et gazière, les pipelines et le stockage du gaz. Sa présence est de plus en plus dense dans 11 pays répartis sur quatre continents: Le Canada, le Ghana, l'Inde, l'Irak, les Pays-Bas, Oman, l'Arabie Saoudite, les Emirats, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et le Maroc.