Le sport, secteur vital de par ses retombées socio-économiques et en termes d'image pour le pays, a toujours constitué (et continue à l'être) l'une des préoccupations principales de Sa Majesté le Roi Mohammed IV qui entoure de sa Haute bienveillance le sport et les sportifs. Le Sport qui est devenu un véritable phénomène social, accapare les peuples comme l'atteste la liesse qui envahit les foules et touche la fibre patriotique. Le carton infligée par les Lions de l'Atlas au Mozambique (4-0) et avant lui à l'Algérie en furent la parfaite illustration. Le sport avant le pain, serait-on amené à dire dans la mesure où la déception laissée par une contreperformance sportive ne se dissipe pas de sitôt. La performance est immatérielle, elle fait la fierté des peuples et reflète souvent le degré de développement des nations. Et c'est dans cette optique qu'il faudrait appréhender la feuille de route dressée par la lettre royale adressée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI aux Assises de Skhirat le 24 Octobre 2008. Quatre années plus tard, on s'interroge toujours sur le degré de mise en uvre des directives Royales surtout que le Souverain a donné ses instructions pour doter le secteur de fonds substantiels afin de démanteler tous les obstacles pouvant faire obstruction à sa promotion. Certes, le ministère de la Jeunesse et des Sports, le CNOM et avec eux le mouvement sportif, peuvent afficher quelques bonnes actions entreprises jusqu'à présent (nouvelle loi 30-09, constitutionnalisation du droit sportif, début de la bonne gouvernance, égalité de traitement envers toutes les composantes du mouvement sportif, de nouvelles infrastructures, mise en place d'une stratégie d'élargissement de la pratique sportive ...ect), en somme la dynamique est créée. Le ministre Mohamed Ouzzinea su créer la confiance et insuffler un sang nouveau basé sur la clarté et un traitement d'égalité de tous, mais sa bonne volonté doit être soutenue, car le priver du nerf de la guerre qu'est l'argent, c'est hypothéquer la stratégie gagnante et le dynamisme patriotique. En effet, à lire les grands lignes du projet de loi de Finances 2013, le département de la Jeunesse et des Sports semble devoir rester le parent pauvre, en matière budgétaire. Ironie du sort, au moment où l'on s'attendait à une augmentation, fort légitime, du budget alloué à ce département, c'est tout à faite le contraire qui se produit. La cagnotte réservée à se secteur va régresser dans le projet de Loi de Finances 2013 qui sera soumis à l'approbation des représentants du peuple. La mouture propose une baisse qui ramène la part de la Jeunesse et Sports à 1,065 millions DH au lieu de 1,300 millions DH en 2012. Dans ces conditions, les gestionnaires de la chose sportive ne peuvent que se vouer à la providence, dans l'attente que les aiguilleurs financiers du pays décident de revenir à la raison et réserver à l'activité sportive l'égard qu'elle mérite. Ceux-là devront d'abord nous dévoiler leurs intentions en répondant à la question de savoir si on doit se contenter du rôle de figurant, une position qui n'honore guère une nation à vocation sportive, ou nous permettre un vrai décollage sportif ? Exemple, est-il normal qu'un pays baigné par deux mers sur plus de 3 milles kilomètres de plages, n'accorde aucun intérêt aux sports maritimes, faute de moyens conséquents ?. Concernant l'encadrement, les effectifs disponibles restent en deçà des besoins des différentes disciplines sportives. Comment serait-il autrement vu le manque d'intérêt accordé à cette catégorie? La concentration du peu de compétences existantes dans l'axe Kénitra-El Jadida est un autre goulot supplémentaire qui reste à surmonter tout comme l'insuffisance de l'infrastructure sportive et la précarité de la majorité des installations (près de 500 terrains de football, dont 6 appartenant au ministère de la jeunesse et des sports, 27 aux collectivités locales et 15 aux organisations diverses, 11 piscines couvertes, 32 salles couvertes, dont 10 relevant de club privés, 14 complexes sportifs ). Paradoxe, l'indigence en matière financière, d'encadrement et d'infrastructure coïncide avec l'ère où la demande est de plus en plus croissante pour la pratique sportive en raison du mode de vie, de la prise de conscience des bienfaits de l'activité physique, des opportunités qu'offre le sport à la jeunesse du moment qu'il est perçu comme une activité socio-économique, génératrice de revenus. Le sport est devenu un levier pour le développement et un instrument pour lutter contre la dépravation et l'oisiveté. La promotion du sport national passe nécessairement par la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles (instauration d'un régime de retraite pour les sportifs notamment) et par l'application des textes régissant le domaine sportif, notamment la loi 30-09. Il faudrait également consolider l'infrastructure sportive, mettre l'élément humain au cœur de toute stratégie de développement. Des préalables donc à toute velléité visant à garantir la remise sur scelle du sport national et son élévation sur le perchoir mondial. C'est pourquoi j'appelle la bonne conscience de nos parlementaires, qui se sont investis dernièrement dans la chose sportive pour les inviter à accompagner le ministère de la Jeunesse et des Sports, qui a en charge quatre départements (la femme, la jeunesse, l'enfance et le sport ) pour lui permettre de mettre en œuvre sa politique à travers: * L'instauration d'une effective politique sportive, touchant toutes les franges de la société. * L'ouverture d'instituts régionaux spécialisés dans la formation et l'encadrement. * L'encouragement et l'assistance sans distinction aux clubs et aux associations sportives. * La promotion du sport scolaire et universitaire en partenariat avec les collectivités locales. * La dynamisation du Fonds National pour le Développement du Sport. * L'octroi des équivalences aux différents diplômes sportifs obtenus par les athlètes et la création de passerelles entre les différentes filières de formulation sportives et scolaires. * La promotion du sport féminin. * La sensibilisation aux idéaux olympiques sportifs. * La mise en place d'un système d'information et de communication professionnel dans le secteur sportif. * La mise en valeur de la médecine sportive. * L'enracinement et l'implication de la société civile dans la gestion de la chose sportive. * L'encadrement et la promotion effective du handisport, notamment par l'encadrement et la multiplication de manifestations sportives pour personnes handicapées * L'octroi de statut d'utilité publique aux associations sportives. * L'exonération des clubs et associations sportives des droits de taxes et des impôts. * La responsabilisation et l'implication effective des établissements publics et des collectivités locales dans la gestion et la promotion du sport, conformément à l'article 41 de la charte communale en vigueur et des articles 26 et 31 et 33 de la Constitution sur le sport et l'éducation. Aussi, force est de rappeler l'apport considérable que doivent apporter nos parlementaires à la relance, ainsi qu'à la restructuration d'un secteur qui a largement souffert du désintérêt et des aléas de la politique du laisser-aller. Il est temps que l'ensemble des forces vives du pays s'impliquent et prennent au sérieux l'avenir de notre jeunesse qui sera le décideur de demain. Le premier signal devra être donné par le projet de budget pour l'année 2013, qui doit être revu à la hausse .