La rentrée politique et sociale, la première pour le gouvernement de M. Abdelilah Benkirane depuis son installation, s'annonce tumultueuse avec un agenda très étoffé et beaucoup de dossiers délicats à traiter, notamment la préparation du projet de la loi de finances 2013, la réforme de la caisse de compensation et celle des régimes de retraite, la régionalisation avancée, les élections des collectivités territoriales et professionnelles. C'est dans ce cadre que s'inscrit la réunion du 7 courant et destinée à examiner les mesures d'urgence qui seront entreprises par le gouvernement à l'occasion de cette rentrée ou dans le cadre de l'élaboration du projet de loi de finances 2013, notamment dans une conjoncture économique internationale marquée par la crise et ses effets telle la hausse des prix des produits de base. Les participants à cette réunion ont mis l'accent sur la nécessité de maîtriser le déficit budgétaire et la balance des paiements tout en promouvant l'emploi et l'investissement productif. De même, et conscient que la préparation de la prochaine loi de finances constituera l'un des dossiers les plus chauds sur lesquels va être axé le travail gouvernemental, en cette période, M. Benkirane, dans ses lettres de cadrage budgétaire, adressées fin août aux différents départements ministériels, a mis l'accent sur la nécessité de mettre en oeuvre une gestion vigilante de la dette, soulignant que la préparation du budget 2013 prenait place dans un contexte difficile. M. Abdelaziz Karaki, professeur de sciences politiques à l'Université Mohammed V-Souissi a qualifié de délicate cette première rentrée politique du gouvernement de M.Benkirane, soulignant à cet égard que l'exécutif est appelé dans un premier temps à élaborer une panoplie de lois organiques qui se rapportent à la mise en oeuvre de la constitution adoptée en 2011 notamment celles relative au chantier de la régionalisation avancée. Dans une conjoncture préoccupante marquée particulièrement par un contexte économique mondial défavorable, une saison agricole difficile en raison de la sécheresse et une baisse des transferts des MRE, le gouvernement doit également se pencher sur la préparation de la loi de finances 2013, a poursuivi M. Karaki, mettant en garde contre un éventuel recours par l'exécutif aux impôts pour tenter de remédier à ces difficultés. Une telle mesure est de nature à affecter négativement le pouvoir d'achat des citoyens, a-t-il expliqué, invitant le gouvernement à chercher de nouvelles recettes à travers notamment l'organisation de l'économie informelle en prolifération. Autre défi à relever par la coalition gouvernementale, selon M. Karaki, est celui de la préparation des prochaines élections des collectivités locales et des chambres professionnelles, reportées pour des raisons purement organisationnelles et juridiques liées notamment à l'élaboration des textes organiques relatifs à la régionalisation avancée. En revanche, M. Bahbouhi Taher, professeur de sciences politiques à la faculté de droit Agdal à Rabat, a estimé que du point de vue purement académique et malgré les multiples défis qui se profilent à l'horizon, la première rentrée politique du gouvernement de M. Benkirane, demeure normale et ne présente aucune spécificité, expliquant que le mandat de l'exécutif s'étale sur cinq ans, période suffisante pour répondre aux attentes des citoyens . L'élaboration de lois organiques relatives à la mise en oeuvre de la nouvelle constitution est une priorité sur l'agenda du gouvernement à l'occasion de sa première rentrée politique, a ajouté M. Bahbouhi, soulignant que l'équipe Benkirane est appelée également à accélérer son action dans le domaine social qui reste aussi prioritaire pour le citoyen. En effet, le gouvernement est appelé à centrer son action sur les problèmes sociaux auxquels fait face le citoyen notamment dans les domaines de la santé, du logement, de l'emploi et de la relation avec l'administration, a-t-il expliqué. Quoi qu'il en soit, la rentrée politique semble avoir été entamée sous de bons auspices, à en juger par le lancement du dialogue social selon une approche participative impliquant le gouvernement et les centrales syndicales les plus représentatives. Le chef de gouvernement a également examiné avec la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) plusieurs questions se rapportant à l'amélioration du climat des affaires et au soutien de la compétitivité des entreprises nationales.