Il serait judicieux de convenir qu'au sens où on l'entend aujourd'hui, les termes «hispanismo» (hispanisme) et «hispanista « (hispaniste) désigneraient de façon générale, l'écriture, l'étude en langue, littérature espagnoles à l'étranger, ou l'équivalent d'une hispanophonie d'outre–mer, notamment au Maroc. C'est ce que laisse du moins entendre cette argument d'Antonio Candido lorsqu'il avance à propos de l'autonomie enrichissante des littératures extra – métropolitaines : «Si nous laissons de côté les fluctuations de l'orgueil national, nous verrons que nos littératures, malgré l'autonomie qu'elles commencent à avoir vis - à - vis des littératures métropolitaines, elles persistent à en être le reflet à un grand degré. Et dans le cas le plus répandu numériquement dans les pays hispanophones et lusophones, l'opération d'autonomie se résumerait, à un grand degré au changement de la dépendance, à tel point qu'elles sont devenues des littératures européennes autres, non pas métropolitaines...» – «Littérature et sous – développement», in «Americana latina en su Literatura », Kuweit, Ed. CNCAL, 1988. Toutefois, cela nous conduit à traiter ici du livre «RESONANCIAS» (Résonances), publié par la ‘Diputation de Cadiz' et la ‘Fundacion Dos Orillas', en hommage commémoratif à l'œuvre polygraphique Mohamed Ahmed Mgara (né en 1954, à Tétouan) et à l'hispanisme marocain en général, en 2009. Dans le Prologue de ce livre, Paloma Fernández Goma indique notamment : «L'écrivain, journaliste et poète Ahmed Mohamed Mgara, dans le livre «RESONANCIAS» (Résonances), une série d'articles où les pensées qu'il exprime deviennent un engagement pour ses convictions, et avec son temps, tiennent lieu de valeurs vitales, à son hispanisme, à la convivialité interculturelle et au legs andalou, dans la culture actuelle. Mgara se réfère à une série de réflexions s'acheminant vers une meilleure compréhension de notre présent, et que nous vivons en tant que peuples riverains de la Méditerranée et autour du Détroit de Gibraltar, dans une perspective toujours ouverte sur des tendances distinctes ou des situations où le respect de l'‘autre' est un point de référence aux prémisses à partir desquelles dérivent ses conclusions.». Or, le livre en question comprend 18 parties regroupant thématiquement: 1 - «El mito como prejuicio profano» (Le mythe comme préjugé profane) . 2 – «El Protectorado Español en Marruecos : Lo que supuso, Lo que recuerda, Tetuán en Protectorado, Tetuán tras los años 70» (Le Protectorat Espagnole au Maroc : Ce que cela suppose, Ce que cela rappelle, Tétouan sous le Protectorat, Tétouan après les années 70). 3 - «¿Cómo se ve al ‘otro' por parte de la literatura marroquì espresada en español.» (Comment se voit l' ‘autre' de la part de la littérature marocaine exprimée en espagnol?). 4 - «El Hispanismo Marroquì. Divagaciones de un emigrante : Visiones sobre el Hispanismo Marroquì, Catalogación et problemáticas, Momento del Hispanismo, El Hispanismo nuestro orgullo, Conclusión.» (L'hispanisme marocain, Divagations d'un émigré : Vues sur l'hispanisme marocain, Classement et problématiques, Un moment d'hispanisme, l'hispanisme notre orgueil, Conclusion). 5 - «Hispanismo» (Hispanisme). 6 - «Como ser hispanista y no morir en el intento» (Comment être hispaniste et ne pas mourir en tentative). 7 - «La palabra divina ... comedia.» (La parole divine ... comédie). 8 - «Paloma Fernández Goma... Poesìa en ardor.» (Paloma Fernández Goma ... Poésie ardente). 9 - «Al poeta Abdeslam Mesbahi.» (Le poète Abdeslam Mesbahi) . 10 - «Josefa Parra... el amor hecho versos.» (Josefa Parra... l'amour fait des vers). 11 - «Mohamed Choukri» (Mohamed Choukri). 12 - «Espaldas mojadas» (Dos mouillés). 13 - «Amor a la Patria.» (Amour de la patrie). 14 - «Intelectualidades diafanas.» (Intellectualités diaphanes). 15 - «Todos somos migrantes.» (Nous sommes tous des émigrés) 16 - «Tetuán... Canto sobre Ilanto» (Tétouan, Chant en larmes). 17 - «Ideales perdidos» (Idéaux perdus). 18 - « Tetuán en la fotografìa» (Tétouan en photographie). Il paraît assez clairement au bout de cet index que cet hommage commémoratif dédié à l'œuvre de M. A. Mgara et à l'hispanisme marocain grandissant, en ce printemps 2009, verse parfaitement dans le sens de ce qu'A. Candido considère comme l'influence réciproque, exercée par la littérature hispaniste sur la littérature métropolitaine espagnole, dont celle issue du Nord et du Sud du Maroc actuel, reliant favorablement l'ère coloniale maroco - espagnole à nos jours. «L'une des étapes fondamentales de dépasser la dépendance, écrit- il, c'est la capacité de produire des œuvres de première classe, influencées non par des modèles étrangers, mais par des exemples antérieurs nationaux. Ce qui signifie l'adoption d'une causalité interne, rendant plus féconds les emprunts à d'autres cultures.». Plus généralement, il y a lieu d'augurer avec Roger Caillois, pour une audience future de la littérature hispano – marocaine, comme il le fait pour la littérature latino – américaine en assurant dès 1965 : «La littérature d'Amérique latine usera la grande littérature de demain, comme le fut la grande littérature russe de la fin du dernier siècle [du XIXème siècle] et la grande littérature nord – américaine des années 1925 – 1940, l'heure a sonné maintenant pour l'Amérique latine [pour le Maroc]. Et de là naîtront les chefs – d'œuvres que nous en attendons tous.» - «Americana latina en su Literatura ». En conclusion, à l'occasion de cet événement majeur, qu'est l'édition à Algésiras, de «RESONANCIAS» (Résonances), en hommage commémoratif à l'œuvre féconde de l'écrivain M. A. Mgara et à l'hispanisme marocain, qu'il nourrit avantageusement entre les deux rives du Détroit de Gibraltar, on ne saurait mieux dire que cet éloge humainement ouvert et plein d'optimiste que lui réserva P. F. Goma, dans le prologue de son livre : ««RESONANCIAS» est un livre d'approximation et de rencontre, d'amitié sincère qui s'étend entre les deux rives du Détroit, ainsi qu'un cumul de moments vécus et de pensées de son auteur, Ahmed Mohamed Mgara, qui a son environnement si proche et si lointain, et comme se le disait John F. Kennedy, Ahmed Mgara aussi est un ‘citoyen du monde', d'un monde de paix et de respect entre les hommes, rendant toutes les frontières, inexistantes, et ce grâce à la valeur que transmet le mot prononcé par des hommes comme Mohamed Ahmed Mgara.»