La mise à l'écart du maréchal Tantaoui, ministre de la Défense, et celle du chef de l'Etat-Major, ainsi que la mise à la retraite d'une grosse partie du commandement du Conseil militaire, signifient-elles la véritable prise de pouvoir du président égyptien ? Les partisans de Mohamed Morsi ont, dans tous les cas, accueilli avec joie et enthousiasme cette prise en main et ont célébré cette victoire comme une fête. Pendant ce temps, les adversaires des Islamistes ont accueilli cette nouvelle avec amertume, considérant que l'armée était le garant de l'Etat laïc. Affaibli depuis sa victoire aux présidentielles par un bras de fer avec les militaires, le président Morsi a réussi à mettre un terme à la mise sous tutelle par l'armée de la révolution égyptienne, en abrogeant les larges prérogatives constitutionnelles dont comptait user le Conseil militaire. Une maladresse diplomatique de Hillary Clinton, passée inaperçue il y a un mois, a lourdement pesé sur les évènements. En effet, de passage au Caire, la secrétaire d'Etat américaine avait rencontré le maréchal Tantaoui, et non pas le président Morsi ou son ministre des Affaires Etrangères... Dans un contexte sécuritaire très critique après les attentats à Refah et au Sinaï, le président Morsi a signifié à Washington et à Israël que le seul interlocuteur en Egypte est la présidence égyptienne. Comme cela se fait dans toutes les démocraties car un Etat démocratique n'est pas un Etat militaire ! Coup de poker réussi.