Le Maroc se rapproche de son objectif d'accueillir 20 millions de touristes par an d'ici 2020, indique Oxford Business Group, dans une récente analyse. En effet, poursuit le cabinet d'intelligence économique, basé à Londres, une étape supplémentaire a été franchie avec l'annonce de plusieurs projets qui visent à faire grimper le nombre de visiteurs européens et à stimuler les opportunités d'investissement privé, en particulier dans les régions côtières. Citant Ali Ghannam, président de la Fédération Nationale de Tourisme (FNT), OBG souligne que la Vision 2020, lancée en 2010, a pour mission d'augmenter le nombre de touristes des 9,35 millions enregistrés en 2011 à 20 millions d'ici 2020, et d'ainsi faire du Maroc l'une des 20 premières destinations touristiques au monde. La Vision 2020 examine tous les facteurs qui ont un impact sur le développement du tourisme, notamment le financement, les infrastructures, l'aviation et les taxes. L'OBG ajoute que si la Vision 2020 est financée en grande partie par le Fonds Marocain de Développement touristique (FMDT), le secteur bancaire contribue également au projet, à hauteur de 1,3 million d'euros. Le programme s'appuie sur un partenariat avec le secteur privé pour faire avancer les efforts d'amélioration des secteurs mentionnés plus haut, et ce, en insistant sur le développement d'un tourisme durable. Jusqu'à présent, six programmes structurels ont été définis à l'intérieur du programme général, parmi lesquels une section « animation, sport et loisirs », destinée à l'ajout d'infrastructures en bord de mer, et le programme « Patrimoine et héritage » qui a pour objectif la mise en valeur de l'identité et de l'héritage culturel du Maroc. Si le gouvernement et ses partenaires privés réussissent à appliquer la Vision 2020, souligne l'OBG, la contribution du secteur touristique au PIB pourrait bien doubler et passer du montant actuel de 60 milliards de dirhams (5, 3 milliards d'euros) à 140 milliards de dirhams (12,4 milliards d'euros) en 2020, ajoute l'OBG. Pour stimuler l'industrie touristique, le Maroc se tourne également vers de nouveaux partenaires en dehors de ses frontières. Début juillet, 80 entrepreneurs et agences touristiques se sont réunis à Almeria en Espagne pour discuter d'un nouveau projet de collaboration publique-privée entre l'Espagne et le Maroc, baptisé Nexotour. Nexotour cherche à développer un nouvel espace touristique entre l'Est de l'Andalousie et le Maroc, misant en particulier sur les villes de Grenade, Malaga et Almeria en Espagne et les régions de Taza-Al Hoceima-Taounate, Oujda-Angad et Nador au Maroc. L'initiative du projet Nexotour revient à des organisations espagnoles, parmi lesquelles les Chambres de Commerce d'Almeria et de Malaga ainsi que la Chambre des conseillers d'Andalousie et le gouvernement de Grenade. Le programme est financé à 75%, soit à hauteur de 67 millions d'euros, par le Fonds de Développement Régional de l'Union Européenne dans le cadre du Programme de Coopération Transfrontalière Espagne-Frontières extérieures (Poctefex). Pour ce qui est du reste de son financement, Nexotour fera appel à un ensemble d'entreprises privées qui apporteront leur soutien au développement de produits touristiques communs. Le comité de gestion du programme est actuellement à la recherche de tour-opérateurs, de restaurants et de professionnels du tourisme qui souhaiteraient s'impliquer dans cette initiative. Nexotour pourrait aussi contribuer à augmenter le nombre de touristes européens au Maroc. Le ministère du Tourisme a récemment fait état d'une baisse de 6% des nuitées en 2011, chute qui s'est particulièrement ressentie dans les grandes villes touristiques comme Marrakech, qui a accusé une baisse de 9%, et Agadir, où les nuitées ont reculé de 7%. C'est chez les touristes français et espagnols que le recul est le plus important, avec un nombre de nuitées en baisse de 16% et 25% respectivement. Les fluctuations du secteur touristique ont au Maroc un impact direct sur l'économie dans son ensemble. En effet, le tourisme représente près de 10% du PIB, emploie jusqu'à 470.000 personnes et constitue une importante source de devises étrangères pour le pays. Au cours de la décennie 2001-2010, 90% des objectifs gouvernementaux ont été atteints, générant 39 milliards d'euros de recettes et plaçant les villes de Marrakech et d'Agadir parmi les destinations les plus prisées des voyageurs européens. Si atteindre les 20 millions de visiteurs semble être un objectif ambitieux du fait des difficultés économiques que rencontrent les Européens, le Maroc a toutes les clés en main pour y parvenir grâce à l'important soutien du gouvernement, du secteur privé et même de nouveaux partenaires internationaux. L'OBG tient à rappeler ici qu'en 2000, le pays n'avait enregistré que 4 millions de visiteurs. Dix ans plus tard, en 2010, plus de 6 millions de personnes étaient venues s'ajouter à ce chiffre et on peut donc en toute logique penser qu'attirer 10 millions de visiteurs supplémentaires d'ici 2020 n'est pas infaisable.