L 'étude réalisée par Conseil de la concurrence relative à la filière de la farine de blé tendre ne porte que sur les quantités de farines commercialisées comptabilisées par l'ONICL, à savoir 32,7 millions de quintaux par an, soit environ 103 kg par habitant et par an. Au Maroc, les céréales constituent la principale production végétale. Elles concernent plus d'un million d'agriculteurs sur environ 4,8 millions d'hectares. Les principales céréales cultivées sont le blé tendre, le blé dur et l'orge. Les rendements du blé tendre varient d'une année à l'autre, du fait que 90% des superficies cultivées dépendent des aléas climatiques. Parallèlement à la production locale, le Maroc importe une partie substantielle de ses besoins en blé dont le volume dépend des résultats de chaque campagne agricole. A travers l'analyse comparée des quantités de blé écrasées d'origine locale et les quantités écrasées provenant des importations, il apparaît bien que la production locale varie significativement d'année en année ; cependant quelque soit sa quantité, la production du blé local qui, permet la production des farines panifiables,demeure en deçà du seuil nécessaire pour couvrir les besoins nationaux en cette matière, d'où le recours systématique à l'importation qui vient en complément de la production locale pour approvisionner le marché: l'évolution des courbes est inversement proportionnelle, moins la production locale est bonne, plus importantes sont les importations. En effet, malgré les efforts entrepris par les pouvoirs publics pour améliorer la productivité du secteur céréalier au Maroc et celui du blé plus particulièrement, les performances réalisées en générale ne suffisent pas à couvrir les besoins du marché local en cette matière; en 2010 par exemple, les quantités de blé qui ont été importées pour couvrir les besoins nationaux ont été de près de 27 millions de quintaux tandis que le blé écrasé de production local fût de seulement 18,5 millions de quintaux. Pour la campagne 2007-2008, les écrasements du blé importé ont été de 33,3 millions de quintaux, et ceux du blé local de 6,3 millions de quintaux. Des difficultés structurelles, liées à la dépendance vis-à-vis des aléas climatiques, continuent à influer sur la production locale, sachant que le secteur reste désavantagé également par la lenteur de la diffusion des progrès techniques, de l'éclatement des superficies exploitables et de la difficulté d'accès des producteurs au système de crédit. Généralement, le blé tendre de production locale permet la fabrication des farines subventionnées. Le blé importé permet, quant à lui, de compléter les besoins en blé pour la fabrication des « farines libres ». Concernant la collecte du blé, celle-ci est réalisée par des organismes de stockage constitués essentiellement de commerçants négociants, de coopératives ou directement par des minoteries. En 2011, les commerçants négociants et les coopératives ont réalisé 74% de la collecte de blé tendre avec respectivement, 69% pour les premiers et 5% pour les secondes12. Les minoteries, quant à elles, ont réalisé 25% du volume global. Globalement, la capacité de stockage des commerçants de céréales et des coopératives est évaluée à 42 millions de quintaux dont 89% est détenue par les commerçants de céréales, le reste étant détenu par les coopératives et leurs unions. Sur le plan géographique, ce sont les régions de Fès-Boulemane et Casablanca qui détiennent la plus forte capacité de stockage en comptant à elles seules plus de 44% de cette capacité. Par ailleurs, il convient de signaler que les dépôts dont la capacité de stockage est supérieure à 100 mille quintaux constituent 47% du nombre total de stockeurs au Maroc, et détiennent près de 87% de la capacité total du stockage, ce qui leur confère des possibilités d'importation plus importantes et un plus grand pouvoir de négociation face aux producteurs. Le segment de la transformation Le segment industriel pour la transformation des céréales au Maroc est constitué de plus de 130 minoteries industrielles et de 60 semouleries et totalise un chiffre d'affaire annuel moyen de près de 20 milliards de dirhams avec une capacité de transformation de 79.000 tonnes par jour. Il emploie environ 10.000 personnes. Sur le plan géographique, c'est l'axe CasablancaFès qui connaît la plus forte concentration d'unités industrielles et ce, en raison essentiellement de la proximité des zones de production, d'approvisionnement et de stockage de céréales. Les ventes globales des farines libres et subventionnées ont été d'environ 32,7, 31,4 et 34 millions de quintaux par an pour respectivement les exercices 2009, 2010 et 2011. La quantité de farines subventionnées vendue correspond à un contingent préétabli par les pouvoirs publics et qui a été de plus de 9 millions de quintaux en 2009, 8,7 en 2010 et 8,9 en 2011. Le graphe suivant montre l'évolution des quantités de FNBT et de farines libres vendues entre 2008 et 2011. Notons que les ventes de la FNBT enregistrent une légère tendance à la baisse en faveur des farines libres. En 2011, sur 25 millions de quintaux de farines libres vendus, 22,7 millions correspondait à la farine de luxe et seulement 2,3 millions correspondait à la catégorie « autres types de farines libres ». Distribution par les intermédiaires Exception faite des farines subventionnées (FNBT et FSBT) dont la distribution est réglementée par les pouvoirs publics, la distribution des farines est libre. Elle s'effectue auprès des minoteries par les grossistes qui approvisionnent les détaillants, les boulangeries et les autres utilisateurs de farine. Ces différents utilisateurs peuvent également s'approvisionner directement auprès du minotier. Concernant la distribution des farines subventionnées, elle ne peut s'effectuer que par l'intermédiaire de commerçants dépositaires, accrédités par l'ONICL. Le minotier choisit parmi ces commerçants ceux à qui il vend sa production de farine subventionnée pour en assurer la distribution dans les centres prédéfinis par les pouvoirs publics. En effet, la distribution des farines subventionnées ne peut se faire qu'à l'intérieur des centres bénéficiaires qui sont plus de 1500 centres comptant environ 6000 commerçants qui reçoivent les sacs de farine nationale de blé tendre pour les revendre aux ménages. Enfin, il convient de préciser que l'opération de distribution de la FNBT est prise en charge par l'ONICL via la Société Nationale de Transport et de Logistique (SNTL).