Les festivaliers du Moussem culturel d'Assilah ont réservé ce week-end un hommage chaleureux à l'écrivain-journaliste Mohamed Larbi Messari qui représente aujourd'hui une grande figure dans les champs politique, intellectuel et journalistique du pays. Les intervenants parmi des penseurs et écrivains marocains ont souligné lors d'une soirée-hommage en son honneur, la richesse et la diversité de l'expérience de ce personnage hors pair et son immense contribution dans les divers champs de la créativité et aussi en tant que fervent militant de toutes les causes en faveur du brassage culturel et du dialogue entre les divers courants de la pensée. Dans leurs éclairages sur les caractéristiques de l'écriture de Mohamed Larbi Messari, ils ont mis en avant la pertinence et la clarté de ses idées avant-gardistes qui proposent une vision réformiste et réaliste en phase avec les spécificités locales et mutations qui traversent la société marocaine, relevant également la profondeur des ses analyses livrées dans ses nombreux ouvrages ainsi que ses contributions aux différents débats lancés dans le pays. C'est d'ailleurs l'avis de l'ancien ministre des affaires étrangères et Président de la Fondation Forum D'assilah, Mohamed Benaïssa qui a affirmé que l'hommage rendu aujourd'hui à M. Messari est une manière de témoigner toute la reconnaissance due à cet écrivain, auteur d'analyses et de textes d'importance ainsi que pour son parcours exemplaire durant plus de cinquante ans dans la paysage médiatique national. Toute une existence consacrée à la recherche et à l'écriture journalistique et livresque et aussi en parallèle et toute en aisance un militantisme politique et syndical à toute épreuve, a-t-il noté, relevant également son abnégation et ses contributions lors des multiples et non moins importantes responsabilités gouvernementales et autres. De même, le politologue Abdellah Saâf a mis en avant la singularité du parcours de Mohamed Larbi Messari dans divers champs de l'activité intellectuelle et politique, soulignant que son investissement total dans l'action politique et ce depuis, ses premières années de journaliste à la Radio Nationale et ensuite après, dans ses diverses occupations dans le Syndicat National de la Presse Marocaine, sous la coupole du parlement en tant que député et au ministère de la communication. Toute en soulignant son combat politique, il a fait remarquer que Mohamed Larbi Messari a su avec élégance et finesse d'esprit dresser une frontière infranchissable et distincte entre sa pratique de la chose politique et ses propres analyses et opinions personnelles en la matière, saluant au passage la noblesse de ses positions et son attachement aux principes. Autre témoignage, celui de l'écrivain Abdelkarim Ghellab qui a, tout en soulignant l'ouverture d'esprit de M. Messari, indiqué qu'il a été et reste toujours hanté par l'écriture. Un travail réflexif soutenu qui a donné lieu des textes d'une profondeur et une précision rares. Pour lui, Mohamed Larbi Messari compte parmi les rares penseurs qui se distinguent par une étonnante capacité de réflexion prospective qui anticipe les changements, surtout dans les domaines politique et médiatique. Même propos sincèrement élogieux de la part de Mme Latifa Akherbach, ancienne Secrétaire d'Etat chargée de la coopération, pour qui Mohamed Larbi Messari est un personnage singulier et fécond qui a marqué son temps par ses positions tranchées et claires, soulignant tout particulièrement ses contributions à la réforme du paysage médiatique national et ce, nonobstant le fait que son projet réformateur n'a pas abouti. Il n'en reste pas moins, a-t-il noté, que de nombreuses propositions contenues dans son projet ont trouvé plus tard le chemin de la matérialisation, notamment sur les plans de la préservation du statut moral du journaliste ainsi que l'organisation de la filière publicitaire. Sur ce registre, le président du Syndicat National de la Presse Marocaine, Younès Moujahid, a été plus loquace et plus élogieux, saluant avec une immense reconnaissance les contributions de M. Messari dans ce champ, notamment à travers sa participation au premier colloque national sur la presse ainsi que son combat pour l'indépendance de ce syndicat et l'élargissement de son assise représentative des journalistes au lieu d'être confiné dans un cadre représentant seulement les éditeurs des journaux. Très admiratif des analyses de Mohamed Larbi Messari, il n'a pas manqué de mettre en avant la profondeur et la pertinence de ses ouvrages qui jettent un éclairage nouveau sur l'histoire du Royaume et dans divers autres champs, notamment en politique. Né en 1936 à Tétouan, Mohamed Larbi Messari a débuté en 1958 sa carrière journalistique à la Radio Nationale avant de rejoindre le quotidien arabophone, organe de presse du Parti de L'Istiqlal +Al Alam+ où il va gravir tous les échelons jusqu'à en devenir le directeur en 1982. En 1965, il siège au conseil national du parti de l'istiqlal lors de son 7ème congrès. Et la même année, il devint membre de la commission centrale avant d'être élu en 1974 à la commission exécutive du parti. M. Messari qui a présidé durant trois mandats l'Union des Ecrivains du Maroc, représentera ensuite le Maroc au Brésil en tant qu'ambassadeur (1985-1991) avant de devenir plus tard ministre de la communication (1998-2000). Ecrivain prolifique, Mohamed Larbi Messari a publié, entre autres, «Notre combat contre le sionisme et l'impérialisme», «Maroc-Espagne : le dernier combat», «Bonjour Démocratie» ou encore «Mohammed V : D'un sultan à un Roi».