Dans une conjoncture macro-économique difficile, imposant de nouvelles contraintes à la supervision bancaire, le système bancaire national est parvenu en 2011 à préserver sa solidité financière, en affichant de bons indicateurs d'activité et de rentabilité. C'est ce que souligne Bank Al-Maghrib dans son rapport annuel sur le contrôle, l'activité et les résultats des établissements de crédit, rendu publique récemment. Ainsi, poursuit la même source, les crédits consentis par les banques se sont accrus d'environ 11%, rythme plus élevé qu'en 2010. Cette évolution a résulté, notamment, de la hausse sensible des facilités de trésorerie aux entreprises (+17%). Les concours aux ménages, finançant tant l'acquisition de logements que les besoins de consommation, en réalisant un taux de progression de 9,2%, ont continué à croître de manière soutenue. Parallèlement, les créances en souffrance ont augmenté de 10% d'une fin d'année à l'autre, reflétant, en particulier, la dégradation de la situation financière des entreprises relevant des secteurs ayant subi les contrecoups de la crise économique internationale. En revanche, les créances en souffrance détenues sur les ménages ont baissé de 1,4%, du fait notamment de l'amélioration de l'information financière sur la solvabilité des emprunteurs mise à la disposition des établissements de crédit par le Credit Bureau. Au total, le ratio moyen des créances en souffrance par rapport à l'encours total des crédits des banques s'est stabilisé à 4,8%, rompant avec les baisses successives enregistrées depuis 2005. Les marges bénéficiaires des banques se sont établies à des niveaux satisfaisants, tirant profit des solides revenus générés par les activités d'intermédiation et ce, en dépit de la hausse du coût du risque. Ainsi, les banques ont réalisé un bénéfice net cumulé, pour leur activité au Maroc, de plus de 10 milliards de dirhams, en hausse de 3,5%. Sur la base des chiffres consolidés, les huit groupes bancaires, dont le total-bilan s'est accru de 10,5%, ont réalisé un résultat net-part du groupe en croissance de 5%. Les banques ont maintenu globalement un bon niveau de solvabilité, telle que mesurée par le ratio dit Tier one, indicateur clé pour apprécier leur solidité. Sur une base consolidée, ce ratio s'est ainsi établi à 9,8% tandis que le ratio de solvabilité global a atteint 12,4%. Bank Al-Maghrib souligne, par ailleurs, que le secteur bancaire comprenait, en 2011, 85 établissements répartis entre 19 banques, 35 sociétés de financement, 6 banques offshore, 13 associations de microcrédit, 10 sociétés de transfert de fonds, la Caisse Centrale de Garantie et la Caisse de Dépôt et de Gestion. Il s'est renforcé, au cours de 2011, de deux établissements. Pour sa part, le secteur du microcrédit s'est renforcé d'une nouvelle structure et celui des sociétés de transferts de fonds a enregistré l'agrément de deux nouvelles entités portant leur nombre à 10 sociétés. Autre élément soulevé : les banques ont procédé en 2011 à l'ouverture de 326 nouvelles agences, contre 362 en 2010, portant leur réseau à 5.113 unités. La densité bancaire, mesurée par le nombre de guichets pour 10.000 habitants, s'est affichée en moyenne à 1,6 guichet, contre seulement 0,6 en 2002. Ce taux moyen recouvre des situations disparates entre les régions. Bien que l'élargissement du réseau des banques ait touché l'ensemble des régions, la densité bancaire est demeurée marquée, en effet, par une concentration au niveau des principales agglomérations urbaines, les zones rurales n'accueillant que 10% de ce réseau, contre 4% il y a dix ans. En parallèle, relève-t-on toujours dudit rapport, les établissements bancaires ont poursuivi leur politique visant à servir de nouveaux segments de la population, tout en modernisant les prestations proposées. Ainsi, le taux de bancarisation, calculé en rapportant le nombre total des comptes ouverts auprès des banques à la population, s'est amélioré de 4 points d'une année à l'autre, pour ressortir à plus de 54%, reflétant l'effort consenti pour atteindre l'objectif de bancariser les deux tiers de la population dans les 2 à 3 années à venir. Le parc des guichets automatiques bancaires (GAB), qui a quintuplé depuis 2002, s'est de nouveau renforcé, en 2011, de 480 nouveaux GAB pour totaliser 5.024 unités. En parallèle, le nombre de cartes bancaires émises a atteint 8 millions à fin 2011, marquant une hausse de 13,6%. Elles demeurent utilisées pour l'essentiel comme instrument de retrait de fonds. En effet, le nombre des opérations de retrait d'espèces a avoisiné 162 millions, en hausse de 17%, qui fait suite à celle de 16% en 2010. Elles ont porté sur un montant global de 138 milliards de dirhams, au lieu de 118 milliards l'année précédente. En revanche, les paiements effectués par cartes ont concerné 12,4 millions d'opérations seulement pour une valeur globale de 7,6 milliards, au lieu de 10 millions d'opérations et 6,3 milliards de dirhams en 2010. Poursuivant sa trajectoire ascendante, le nombre de transactions e-commerce s'est établi à près de 654.000, en hausse de 130%. Ces transactions ont porté sur un montant global de 486 millions, au lieu de 277 millions de dirhams l'année précédente. Dans un autre volet, l'on souligne que les banques marocaines ont poursuivi leur expansion à l'étranger. Leur réseau de filiales, installées pour leur majorité en Afrique Subsaharienne, s'est étoffé d'une nouvelle entité basée au Cameroun et celui des bureaux de représentation, dont l'essentiel est concentré dans les pays européens, s'est accru d'une unité, alors que le nombre de succursales est resté inchangé. Au total, les banques ont disposé, à fin décembre 2011, de 20 filiales, 10 succursales et 58 bureaux de représentation. Globalement, les banques ont réalisé des résultats bénéficiaires satisfaisants. En effet, leur résultat net s'est chiffré, en 2011, à 10 milliards de dirhams, en hausse de 3,5%, contre 5,4% une année auparavant.