Le vendredi 29 Juin, la compagnie «Al Kinae Al Azrak d'El Jadida» a proposé un spectacle de bonne facture. A travers « Roule maândou bagage (Roule, il n'a pas de bagage !) » de Salah M'diji, El Mostafa Jelbi et Abderrahim Nesnassi on retrouve toutes les farces satiriques ont servi de base aux auteurs à travers un montage qui fait la part belle à la continuité, tout en réactivant les significations. Par ce procédé, cette pièce satirique s'est d'emblée inscrite dans le genre populaire et s'inspirant fortement de son patrimoine expressif populaire. Nous parlons ici de « l'Art de Labsate » qui est bien enraciné dans notre terroir. Quant aux autres expressions du genre, elles n'ont pas été en reste dans la nouvelle création de la troupe. Elles se retrouvent tout au long du texte théâtral. Elles y sont même partie intégrante. Qu'elles soient présentées comme virtualité de mise en scène ou réellement citées, leur rôle est toujours important. Ce sont elles qui permettent de percevoir l'existence de deux espaces théâtraux emboîtés : Un espace ancien, basé sur les reprises dans des formes expressives populaires. Et un espace contemporain animé par des personnages à dimension humaine. Et c'est le décor ou la gestuelle, le verbe et les mimiques des personnages, ou encore les situations qui nous signalent la présence inattendue d'un théâtre satirique référentiel. Tout au long de la pièce l'espace scénique oscillait entre espace perceptible et espace sous-jacent. D'autres données du texte confortent l'hypothèse selon laquelle notre cas de figure est celui du « théâtre dans le théâtre ». Si nous nous penchons sur le scénario et les thèmes, nous constatons l'existence d'une palpable analogie entre les canevas du théâtre dit de « Labsate » et certains passages de « Roule Maândou Bagage ». Pour conclure, disons que les cinq comédiens ont su comment séduire le public. Le distraire. Le tenir en haleine. Jouer avec lui, pour se déjouer de lui l'instant d'après. Ils étaient maitres de leur affaire. L'intrigue a été mise en valeur par un «El Mostafa Jelbi» tonitruant. U artiste toujours égal à lui-même. Un ancien de la troupe de feu Mohamed Afifi. Par son talent et sa finesse, il a su nous arracher des rires émanant des coins et recoins de nos tripes. Des rires en voie de disparition. Bien malheureusement. Avec Abderrahim Nesnassi, Abdelkrim Tarda et Abdellah Moufkari, les autres acteurs phares de cette compagnie les spectateurs ont assisté à une pièce théâtrale de haute facture. Quant au jeune Iîtimad M'diji, il a montré une nouvelle fois et tout au long de cette pièce, qu›elle joue dans la cour des grands : un mélange de sensibilité et de drôlerie. Bonne chance à cette jeune et talentueuse actrice qui a su s'imposer sur scène même si elle encore sous le choc de la récente disparition tragique de son frère. « Roule Maândou Bagage » ou quand un coup d'essai se transforme en un coup de maitre et les éclats de rire continuant, longtemps après la fin du spectacle, à retentir dans la salle. Une agréable surprise, venue à point nommé, comme pour nous rappeler que le théâtre a toujours de beaux devant lui et au sein duquel chacune de nos provinces a un rôle primordial à jouer .