Six semaines après des élections législatives qui n'ont produit aucune majorité stable, les Grecs sont de retour aux urnes ce dimanche pour un nouveau scrutin qui pourrait décider de l'avenir du pays dans la zone euro et suscite l'angoisse des Européens et des marchés financiers. Les bureaux de vote ont ouvert à 07h00 locales (04h00 GMT) et fermeront à 19h00 (16h00 GMT). Les sondages réalisés à la sorties des urnes sont attendus peu après la clôture du scrutin. Le duel s'annonce très serré entre les conservateurs de Nouvelle Démocratie (ND), qui défendent les mesures d'austérité liées aux plans de sauvetage financier, et la Coalition de la gauche radicale (Syriza), pour laquelle ce Mémorandum ne fait qu'aggraver la situation. Ce scrutin apparaît donc, au moins pour une partie de la population, comme un référendum sur les conditions imposées à Athènes par l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) et qui se sont traduites par un accroissement de la pression fiscale, une hausse du chômage et une réduction parfois drastique des salaires. Et tandis que les autorités politiques et monétaires du monde entier se préparent à se protéger d'une possible tempête sur les places financière, les banques centrales des principales puissances économiques mondiales se tiennent prêtes à stabiliser les marchés et à prévenir tout assèchement du crédit. Ennemi de l'austérité, le dirigeant de Syriza, Alexis Tsipras, 37 ans, menace de revenir sur ce plan de financement international - «le mémorandum de banqueroute», dit-il - tout en affirmant que la Grèce restera dans la zone euro. Tsipras a promis de nationaliser les banques, de suspendre les privatisations et de geler les mesures d'austérité. Et s'engage à lutter contre la corruption et à taxer les riches. «Le sauvetage a piégé tout un peuple; c'est la raison pour laquelle nous devons nous en débarrasser immédiatement», a-t-il clamé durant la campagne. A droite, le dirigeant de Nouvelle Démocratie, Antonis Samaras, 61 ans, estime que les Grecs vont devoir choisir entre le maintien dans la zone euro et «le cauchemar» d'un retour à la drachme. «Nous nous acheminons vers des élections qui décideront de l'avenir de la Grèce et de nos enfants», a-t-il souligné vendredi. «Le premier choix que doit faire le peuple grec est entre l'euro et la drachme.» Antonis Samaras a également affirmé que son pays ne pouvait pas se permettre un troisième scrutin parlementaire et devait former un gouvernement après les élections de dimanche, les deuxièmes après celles du 6 mai qui ont abouti à un Parlement sans majorité. Le dirigeant conservateur s'est engagé à renégocier les termes imposés par les créanciers internationaux en mettant l'accent sur la création d'emplois. Les précédentes élections législatives du 6 mai n'ont pas permis de dégager de majorité susceptible de soutenir un gouvernement, ce qui a rendu nécessaire ce nouveau scrutin. Une victoire de Syriza risque de plonger les marchés financiers dans le chaos alors que les dirigeants du G20 se réunissent à partir de lundi au Mexique pour un sommet largement dominé par la crise en Europe. «Le vote de demain ne doit pas être celui de la colère mais celui de l'espoir», écrit samedi le quotidien libéral de gauche Ta Nea. «Ce doit être le vote de la Grèce de l'euro, pas de la Grèce de la drachme.» «Les sondages, tout comme les élections du 6 mai, montrent que les Grecs favorables à l'euro sont largement plus nombreux que ceux qui le rejettent ou qui veulent le sacrifier sur l'autel de leurs ambitions partisanes», renchérit le quotidien de centre gauche Ethnos. Les sondages sont interdits depuis deux semaines en Grèce. Les dernières enquêtes disponibles donnaient Syriza et ND au coude à coude. Mais aucune de ces deux formations en devrait avoir de majorité, ce qui annonce de difficiles négociations en vue de former un gouvernement avec les autres partis qui siégeront à la Vouli. Samedi, la chancelière allemande Angela Merkel a exclu de renégocier des termes de l'accord international de renflouement financier de la Grèce avec le vainqueur, quel qu'il soit, des élections législatives. «C'est pourquoi il est si important que le scrutin grec débouche de préférence sur (l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement) disant: ‘oui, nous honorerons ces accords'», a déclaré la chancelière. Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, a invité pour sa part les électeurs grecs à ne pas tourner le dos à la monnaie unique. «Si la gauche radicale l'emporte, ce qui ne peut être exclu, les conséquences pour la monnaie unique seront imprévisibles», a-t-il dit au quotidien autrichien Kurier.