La vallée d'oued Boufekrane, poumon vert de la cité ismaïlienne, s'étend sur une superficie de 900ha et représente une coulée verte marquant une coupure physique entre la ville nouvelle et la Médina constituée essentiellement d'un tissu ancien, certes authentique mais très vulnérable. Mais la vallée, historique et chère aux meknassis, agonise sous l'effet d'une pollution accrue et d'une pression urbaine sans précédent. Résultat: une dégradation regrettable qui menace la survie même de cet espace aussi beau que fragile. Le diagnostic est alarmant, une action destructrice et irréfléchie de l'homme surtout que le statut du foncier dans cette zone a facilité l'installation de certaines activités (industrie et lotissements) qui ont aggravé la situation environnementale de cet espace, une croissance des risques d'inondations vu la prolifération de l'habitat dans la vallée, une pollution engendrée par le rejet des eaux industrielles et les déchets solides, une exploitation sauvage des carrières de pierres, bref une dégradation du milieu qui hypothèque l'avenir et le devenir de cette zone très symbolique. Cet état de fait a poussé les responsables à concevoir un plan d'aménagement de la vallée afin de la préserver. L'étude du plan d'aménagement de la vallée d'oued Boufekrane, selon un document émanant de l'Agence Urbaine, a pour principaux objectifs de valoriser le patrimoine naturel existant et le potentiel du site, de mettre en valeur le patrimoine historique et architectural, de contribuer à rehausser l'image de la ville, son rayonnement et son attractivité et surtout d'améliorer le cadre de vie des habitants de l'agglomération. Redonner à la vallée son unicité environnementale et écologique garante de la pérennisation de son véritable rôle de coulée verte et de poumon providentiel au sein de l'agglomération, demeure donc l'ambition affichée de ce plan d'aménagement. Conçu comme une véritable stratégie de sauvegarde, le plan est basé, selon ses initiateurs, sur de grands principes d'aménagement visant la conservation des espaces naturels, la préservation du potentiel agricole lié au maraîchage, l'exclusion de toute construction en deçà de la cote centenaire de cru, la lutte conte la pollution des eaux et le dépôt de déchets solides, le renforcement des liaisons transversales entre les deux berges, le renforcement et l'aménagement des berges de l'oued en parcours de promenade, la réhabilitation de certains monuments et la création de zones de loisirs, d'animation et d'hébergement. Trois pôles fédérateurs sont privilégiés: un pôle au niveau du carrefour Bab Bouameir en zone de promenade et de loisirs, un pôle au niveau de l'ex-province Al Ismaïlia en zone de sport et randonnées et un dernier pôle au niveau des anciennes carrières en parc végétal et aquatique. Avec un coût d'exécution de l'aménagement de l'ensemble de la vallée estimé à 271 Mds, le projet semble possible, viable et surtout salvateur. Mais force est de constater que bien qu'il soit d'une excellente facture, basé sur des données réelles avec une vision claire et ambitieuse du rôle de la vallée, il semble qu'il restera un projet sur «papier» sans une volonté de tous les intervenants de lui redonner vie et de passer à la phase de réalisation. Le temps ne joue pas en faveur de le Vallée «heureuse» jadis et qui se dégrade davantage. La mise à exécution du projet n'est plus un luxe, c'est une nécessité pour préserver un espace vert unique, historique et symbolique, convoité par les prédateurs du béton qui peuvent à terme signer son certificat de décès. Les meknassis attendent une sollicitude royale pour préserver ce patrimoine hors norme. Hassan BENMAHMOUD