Longtemps, on a identifié le football national aux locomotives Raja et Wydad et, c'est vrai, les deux grands clubs Casablancais riches de leur Histoire, public et moyens financiers, ont plané un bon moment sur le football national. Mekouar, Ratnani de la génération 89, Ammor ou Souiri qui héritèrent de l'OC, Doublali ou Fechtali, l'époque dite des avocats, Rhalam l'austérité : Wydadis et Rajaouis ont presque raflé tout avec même une domination sur le plan des équipes nationales. Raja, Wydad mais aussi, il faut le dire, l'ASFAR des Dahan, Timoumi, Hosni Ben Slimane, Akkari… Que reste-t-il de cette locomotive qui …traîne ? Apparemment, rien de bon. Un combustible au gazoil et autre charbon, c'était les écoles Raja et Wydad qui plaçaient un bon nombre d'élèves studieux : les Naybet, Daoudi, Zaki, Fethi Jamal, Seddiki, Dolmy, Haddaoui, Bassir. Feu Ba Salem, Abdelkader Laâzba, Driss Marhoum (longue vie) allaient les chercher dans les quartiers Hay Farah, Bourgogne, Derb Soltan, Grigouane, Derb Ghallef, Sidi Othmane. Ces gens là « sans grands diplômes et sans voiture de service » ne se suffisaient pas de rester coller aux chaises des bureaux. Bien au contraire, sur les terrains vagues de Douar Toma ou Dallas (Hay Hassani), l'Hermitage, terrains du Chili et Mexique (eh oui, nous sommes à Casa); les Nejjari, Khalif, Ben Abicha, Saber naissaient. Des joueurs de talents mais aussi des arbitres (Bonjour El Arjoune). Une politique du prêt-à-porter, ça va tout bouleverser; l'argent de trop fait son entrée et les Akram comme Hanat vont se payer des « stars » qui ne parlent que le langage du billet bleu. Adieu cette devise collée sur les murs de l'Oasis « Mouiller son maillot, un devoir, le porter, un honneur ». Une locomotive devenue « électrique », le modernisme l'a tuée. On parle réforme, centre de formation, Benito, Bertrand Marchand, achat de joueurs en vrac et on oublie son identité, ce joueur là Ould Derb qui craint que le soir, si son rendement n'était pas à la hauteur, il ne pourra pas aller chez l'épicier du coin. Des ouvriers du jour avec contrats revus à la hausse. Ils se suffisent de mettre leur sac sur le dos, oubikhir, pas de pression. Un duo Wydad-Raja en panne prolongée. Pendant ce temps là, sur la méditerranée et à El Akkari, le Moghreb de Tetouan et le FUS caracolent, certes, il y a eu l'effet MAS mais c'est plutôt sur le front championnat national que les Aziz Amri, Abroun family, Sellami, Al Fith comme disent les Marrakchis que la référence se situe. Oui, le MAT et FUS deviennent des pilotes qui méritent respect, encouragement et …médiatisation. Un produit made in « Mellaliyines » chez Amri, construction de jeu et tête sur les épaules; de la combativité chez les hommes à Sellami, aussi cette bonne gestion facilitée par la liquidité financière chez le groupe Ali Fassi Fihri et ses conseillers. Voilà, où nous en sommes en ce mois d'avril 2012 : la locomotive du football National est garée entre les stations Tetouan et Rabat. Le train sifflera 3 fois, entrera-t-il à la gare à temps ? Continuité et régularité chez les pilotes Amri et Sellami, de l'orgueil chez les Rachid Taoussi, Benito, Bertrand, la suite des événements nous répondra.