Le 23ème Sommet de la Ligue arabe s'ouvre aujourd'hui à Baghdad dans un climat d'insécurité et de violences que vit l'Irak depuis l'occupation américaine et britannique et l'exécution de Saddam Hussein accusé, à tort d'ailleurs, de détenir des armes de destruction massive et de menacer la sécurité d'Israël et les intérêts de l'Occident qui visait les richesses pétrolières irakiennes. La tenue de ce Sommet intervient dans une conjoncture particulière du fait des bouleversements politiques qu'ont connus plusieurs pays arabes dans le cadre du « Printemps arabe » et aussi de l'instabilité qui y règne faute d'accord sur le processus à engager pour établir la démocratie, la paix et la sécurité. Le monde arabe est confronté aujourd'hui à des problèmes d'une grave acuité et en premier lieu l'instauration de la démocratie. Les divergences de points de vue sur les moyens de parvenir à une ère de liberté et de respect des Droits de l'Homme, après des années de dictature et de confiscation du droit à l'expression de la volonté populaire, ne peuvent faciliter les discussions pour parvenir à des décisions qui répondent aux attentes des masses arabes. Le monde arabe affronte de graves problèmes de développement, et ce, en dépit des richesses colossales que recèle chaque pays arabe et surtout en l'absence d'une coopération efficiente qui permet de relever le niveau de vie des couches arabes démunies et de combler les déficits enregistrés en matière d'emploi, d'enseignement, d'habitat, de santé et dans d'autres secteurs vitaux. En toute logique, la question de la judaïsation d'Al-Qods et de sa spoliation, du fait de la multiplication des colonies de peuplement érigées sur les terres des populations palestiniennes, devait figurer au centre des préoccupations et des discussions des dirigeants arabes. Le Sommet de Baghdad doit adopter une stratégie claire en la matière et décider d'entreprendre une action multiforme pour sauver Al-Qods afin d'en faire la capitale de l'Etat palestinien indépendant. Israël, qui poursuit la spoliation des territoires palestiniens, cherche à priver les populations arabes à Al-Qods et en Cisjordanie d'une source vitale : l'eau. En effet, plus de trente sources d'eau ont été accaparées par les autorités d'occupation sionistes. Le problème de l'eau au Moyen-Orient va se poser avec insistance et Israël cherche à priver les pays arabes de leurs ressources hydriques pour y créer un climat d'instabilité et d'insécurité. Les observateurs s'accordent à conclure qu'il ne faut pas attendre grand chose du Sommet de Baghdad compte tenu des divisions arabes et de l'absence d'une vision claire des objectifs prioritaires à atteindre et des moyens d'y parvenir. D'ailleurs, même la situation en Syrie, où se poursuivent les violences contre les populations et où plus de 9.000 victimes sont tombées suite aux bombardements et aux exécutions entrepris par l'armée de Bachar Al-Assad, ne pourra susciter un accord unanime pour mettre fin aux pertes humaines quotidiennes. Le Sommet de Baghdad se contentera, sans nul doute, d'apporter un soutien à l'initiative de M. Koffi Anan pour tenter d'arrêter les hostilités. En fin de compte, on peut se demander : à quoi sert de réunir ce Sommet si on ne doit pas arrêter des mesures concrètes pour relancer l'action arabe commune, relever les défis qu'affronte notre Nation et surmonter les divergences qui minent les rangs arabes ?