Le pape Chenouda III, primat de l'Eglise orthodoxe copte d'Egypte qui compte dans ses rangs la plupart des quelque 12 millions de chrétiens du pays, est décédé samedi de vieillesse, a annoncé son conseiller politique. Il était âgé de 88 ans. Le dirigeant religieux est décédé de complications dues à son âge avancé, a précisé Hany Aziz. Primat de l'Eglise copte orthodoxe depuis le 14 novembre 1971, le Pape shenouda III qui était le 117e successeur de saint Marc sur le trône papal d'Alexandrie, est mort samedi 17 mars à 88 ans. Aucun nom ne s'est imposé ces dernières années pour le remplacer Nazir Gayed Rafail est né près d'Assiout en 1923 et a étudié la théologie au séminaire copte du Caire, où il enseignera. Il entre au monastère Al-Sourian où il prend le nom d'Antonius Al-Souriany. Il y est ordonné prêtre en 1955 et consacré évêque en 1962. En 1972, il est élu et intronisé pape d'Alexandrie et patriarche du Siège de Saint-Marc. Chenouda III a écrit de nombreux ouvrages de morale, de patristisque et d'ecclésiologie. Son règne a été marqué par une rénovation profonde de l'administration de l'Eglise et une expansion sans précédent notamment vers les communautés coptes hors d'Egypte. Il a aussi conduit d'une main de fer sa communauté confrontée à l'islamisation de la société égyptienne. Lorsque la nouvelle de sa mort s'est répandue, le tocsin a sonné dans le quartier d'Abbassia, au Caire, siège de la grande cathédrale copte. L'homme avait su rester populaire, tant que chez les Coptes que dans la majorité musulmane. Ses relations avec le président Anouar Sadate s'étaient toutefois tendues après ses critiques contre le traité de paix signé en 1979 avec Israël. Le «raïs» l'avait temporairement banni dans un monastère et l'avait privé de ses prérogatives temporelles. Les relations entre l'Eglise copte sous la présidence d'Hosni Moubarak furent généralement harmonieuses, Chenouda étant présenté dans la presse officielle comme le symbole de l'harmonie religieuse, malgré quelques flambées de violence occasionnelles. Son successeur sera amené à jouer un rôle central pour arrêter la position de l'Eglise copte sur la transition politique 13 mois après «la révolution du Nil» et le renversement du président Hosni Moubarak. Samedi, les messages de condoléances ont afflué en provenance tant de la classe politique que des dignitaires musulmans. «L'Egypte perd l'un de ses hommes rares au moment où elle a le plus besoin des plus sages de ses fils, de leur expertise et de leur pureté d'esprit», a déclaré le cheikh Ahmed el Tayib, grand imam de l'université d'Al Azhar, centre spirituel de l'islam sunnite. «Il tenait la question d'Al Qods et la cause palestinienne en plus haute estime», a ajouté l'imam, cité par l'agence de presse officielle Mena.