Tout visiteur qui arrive à Ouarzazate tombe sous le charme d'une ville de grand air, sympathique, spacieuse, aux habitants chaleureux et au climat sain. Tout cela est vrai, encore faut-il se déplacer pour visiter Ouarzazate. En effet, la ville, ses habitants, ses élus, ses responsables et ses promoteurs et professionnels du tourisme, en premier lieu, ne cessent de réclamer depuis longtemps un désenclavement aérien et un autre routier, qui ne viennent toujours pas. Ces dernières années, le tourisme à Ouarzazate a connu de graves difficultés. Hélas lors du dernier semestre 2011, et en ce début de l'année 2012, la situation a empiré. La situation est tout simplement dramatique. Ouarzazate est actuellement une destination touristique sinistrée. Il ne s'agit pas là d'un ou deux établissements hôteliers qui accusent des baisses en matière de remplissage, mais de tous les établissements sans exception. Ajoutez y les agences de voyages, les restaurants, les locations de voitures, entre autres, dont l'activité avoisine le zéro depuis des mois, et vous aurez un tableau bien noir. La destination est vraiment touchée et n'arrive pas à sortir de cette situation alarmante, arrivée à son paroxysme ces derniers mois. On savait que nombreux sont les hôtels qui étaient en difficulté financières depuis des années, ceux fermés pour manque d'activité ou pour grève illimitée du personnel, ceux en liquidation judiciaire, ceux qui n'arrivent plus à faire face à leurs charges à commencer par celle de la masse salariale, dettes, fournisseurs, électricité Bref, la situation est vraiment dramatique et personne, jusqu'ici, ne bouge le petit doigt. Les opérateurs et les professionnels du tourisme vivent l'amertume d'être livrés à eux- mêmes, et le sentiment d'être handicapés. La balle est dans le camp des pouvoirs publics, avec les différents départements ministériels compétents: Tourisme, Intérieur, Equipement et Transport, entre autres, mais aussi ONNT, ONDA etc La situation ne date pas d'aujourd'hui, à croire que l'esprit d'un Maroc utile et d'un Maroc inutile subsiste encore, c'est le sentiment qui se dégage des discussions avec la population et les opérateurs économiques. Il est clair que lorsque le tourisme va, tout va à Ouarzazate. Malheureusement ce n'est plus le cas ces dernières années. Lorsque de grands tournages cinématographiques sont là, cela fait bouger positivement l'économie locale. Mais ce n'est plus le cas ces dernières années. Les handicaps concernant l'enclavement aérien et routier n'ont que trop duré. Cela fait des années qu'on attend ce fameux tunnel, entre Marrakech et Ouarzazate qui ne vient pas. L'aérien, seul moyen qui peut drainer des clients sur Ouarzazate est quasi inexistant, sauf les fameux vols, comptés sur les doigts d'une seule main, de la compagnie nationale avec des horaires impossibles qui ne favorisent nullement la promotion et le développement touristique de la destination. Il est indiscutable que sans désenclavement aérien et routier, jamais le tourisme et l'économie de Ouarzazate ne décolleront. Dans les deux cas, Marrakech pourra fournir les clients à Ouarzazate, vu la proximité géographique: à peine 40 mn de vol et 2 à 3 heures avec une liaison routière qui exclue le passage par Tizin Tichka. Or, ces deux solutions réclament une politique d'intervention pratique et efficace de la part des pouvoirs publics. Il reste évidemment la meilleure solution qui est celle de la subvention de vols directs directe et point à point en provenance des villes européens vers Ouarzazate. Bientôt, les travaux du grand chantier de l'énergie solaire vont débuter. Se posera alors le problème des liaisons routières et aériennes. Le projet solaire en lui -même peut servir, une fois réalisé, de bonne attraction touristique vu sa consistance, sa particularité et sa portée sur l'Environnement. Mais d'ici là, le nécessaire doit être fait avec célérité. Il est à savoir que la rayonnement touristique de Ouarzazate a une portée régionale réelle avec des incidences positives sur Zagora (l'autre province enclavée également), sur Arfoud, Tinghir et Errachidia. Le ministère du tourisme doit commencer par ces régions touristiquement sinistrées, pour le lancement de l'Agence de développement Touristique (ADT) et du Territoire Touristique Régional, en attendant la création de la nouvelle configuration régionale qui fera sûrement de Ouarzazate une ville chef lieu d'une nouvelle région qui englobera la province de Zagora, celle de Tinghir et Errachidia. L'actuel découpage régional n'a rien rapporté à Ouarzazate, ni à Errachidia non plus et n'a nullement servi la cause de leur développement. L'on sait que dans toutes ces provinces, c'est le tourisme qui fait vivre des milliers de personnes et crée des emplois directs et indirects plus que d'autres secteurs (dont l'agriculture traditionnelle dans les oasis). Avec le tourisme exotique, celui du désert et des dunes (Marzouga et M'Hamid Al Ghizlane), des kasbah, des randonnés typiques en pleine nature, des caravanes chamelières, des sports mécaniques (Raids et Rallyes), le potentiel est énorme, encore faut-il le promouvoir et le mettre en valeur. En tant qu'activité principale dans toutes ces provinces, le tourisme doit jouir de la priorité qui lui revient pour une bonne participation au développement socio-économique, à la fois local et régional. Les conflits sociaux, récupérés par certains syndicats à la recherche de plus d'adhérents et de plus de présence sur le terrain, viennent du fait d'un manque d'activité touristique, de rentabilité dans les différentes branches du secteur du tourisme et ne font que compliquer les choses plus qu'elles ne le sont déjà. Il est certain que si les hôtels ne tournent pas bien, les syndicats ont beau demander des augmentations de salaires et des avantages sociaux, qu'ils n'auront jamais, créant par là une situation de conflit permanent. Par contre si la machine touristique et hôtelière tournent bien, des doléances sérieuses seront toujours satisfaites, à court et moyen terme. Hélas la situation dramatique actuelle complique les choses. On aura vu ces derniers mois des hôtels avec quatre clients, parfois zéro client par semaine. Allez donc gérer une telle situation avec toutes les charges qui tombent chaque mois. C'est impossible et économiquement handicapant. Moralité, il est urgent que les pouvoirs publics se mobilisent pour venir au secours de Ouarzazate en prenant les décisions courages et responsables qu'il faut car ni les élus, ni les opérateurs, encore moins les autorités locales n'ont les moyens de le faire. La fameuse grève de trois semaines des petits taxis a démontré la fragilité de la situation due à une économie qui ne tourne pas. Il est certain que la cause en vaut bien la peine et Ouarzazate mérite bien les égards pour plusieurs raisons dont les possibilités et potentialités touristiques formidables qu'elle offre, à travers le ciné-tourisme, pour la concrétisation d'un vrai levier de développement socio- économique, local et régional, attendu par tous depuis des années. Il est donc grand temps de passer à l'action, dans les meilleurs délais pour sauver la destination du sinistre touristique qui la range.