Les militants pro-démocratie en Syrie ont appelé à manifester jeudi pour marquer le 30e anniversaire du massacre commis par le régime syrien à Hama (centre), un bastion de la contestation à nouveau sévèrement réprimé par le régime du président syrien Bachar al-Assad. D'un point de vue diplomatique, les ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU, qui essaient de mettre au point le texte d'une résolution sur la Syrie, ont fait «quelques progrès» mercredi au cours d'une réunion de près de trois heures, ont indiqué des diplomates. Une nouvelle mouture du projet devrait être préparée et mise sur la table jeudi pour de nouvelles discussions, selon les mêmes sources. Les puissances occidentales et la Ligue arabe se heurtent à l'intransigeance de la Russie qui a prévenu qu'elle mettrait son veto à toute résolution de l'ONU condamnant les violences en Syrie qui ont fait plus de 6.000 morts selon les militants des droits de l'Homme. Cependant, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a dit mercredi avoir noté, «pour la première fois», l'attitude «moins négative de la Russie», laissant entrevoir un espoir d'adopter une résolution soutenant le plan de sortie de crise de la Ligue arabe, qui appelle au départ du président Assad et à des élections libres. «Nous avons (désormais) une bien meilleure compréhension de ce qu'il faut faire pour aboutir à un consensus», a d'ailleurs indiqué jeudi le représentant russe Vitali Tchourkine, en qualifiant de «bonne session» les discussions de mercredi. M. Juppé a précisé qu'il y aurait «peut-être un vote dans le courant de la semaine prochaine» au Conseil de sécurité sur ce projet de résolution. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a appelé «chaque membre du Conseil de sécurité de l'ONU à choisir son camp», entre celui du «peuple syrien» et celui «d'une dictature brutale». D'après les militants, la campagne de répression est la plus violente enregistrée depuis le début de la révolte en mars 2011. Elle a fait plusieurs centaines de morts depuis fin janvier. Mercredi 59 personnes -dont 38 civils- ont été tuées, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Dans ce contexte très tendu, l'opposition a appelé à manifester massivement jeudi et vendredi dans l'ensemble du pays pour marquer le 30e anniversaire du massacre de Hama qui avait fait entre 10.000 et 40.000 morts en février 1982. L'assaut mené pendant 27 jours pour mater une révolte du mouvement interdit des Frères musulmans avait été ordonné par le président Hafez al-Assad, père de l'actuel chef d'Etat. L'armée syrienne a lancé le 24 janvier une vaste offensive pour faire plier cette ville, symbole de la lutte contre le régime du clan Assad. «En ce 30e anniversaire, un autre massacre a lieu aujourd'hui, mais à plus grande échelle et dirigé par le fils de Hafez al-Assad», ont dénoncé les Comités locaux de coordination (LCC), qui coordonnent la mobilisation sur le terrain, affirmant être prêts à «résister jusqu'à ce que nous gagnions notre liberté». Les LCC ont appelé les militants à lâcher des ballons rouges à la mémoire de ceux qui sont morts dans ce que beaucoup décrivent comme la pire atrocité de l'histoire moderne de la Syrie. Ils ont aussi demandé aux manifestants de brûler des portraits du défunt Hafez al-Assad et de son jeune frère Rifaat, qui a supervisé l'assaut et les bombardements aériens sur Hama. Rifaat al-Assad vit actuellement en exil à Londres. «Le silence arabe et international face aux crimes de Hafez al-Assad et sa clique il y a 30 ans est en grande partie responsable de la poursuite de ces crimes et des atrocités quotidiennes commises par Bachar au vu et au su» du monde entier, ont par ailleurs affirmé dans un communiqué commun plusieurs instances de l'opposition, dont le Conseil national syrien (CNS). Des commémorations doivent aussi avoir lieu en France, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Arabie saoudite ou encore en Jordanie. Selon les analystes, la crise en Syrie s'est muée en conflit armé entre une «guérilla» forte de milliers de déserteurs et un régime détermi né à mater la révolte, éclipsant les images des manifestations pacifiques des premiers mois de la contestation. L'Armée syrienne libre (ASL), fer de lance de «l'opposition armée», ose depuis quelques jours des attaques aux portes de Damas.