De nouvelles explosions et fusillades entendues lors d'une opération de l'armée mardi contre des membres présumés du groupe islamique Boko Haram à Kano ont semé la panique dans cette ville du Nord du Nigeria, après les attaques qui ont fait 185 morts vendredi. Selon l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch, les attentats revendiqués par Boko Haram ont fait au moins 935 morts au Nigeria depuis que le groupe islamiste y a lancé une campagne de violences en 2009. Depuis le début de cette année, plus de 250 personnes ont été tuées, dont 185 la semaine dernière à Kano, le bilan le plus lourd des attaques lancées jusqu'à présent, ajoute HRW dans un communiqué. Des habitants de Kano ont indiqué avoir entendu des tirs pendant plusieurs heures dans la nuit de lundi à mardi, dans un quartier proche d'un poste de police de Kano, la grande métropole du Nord musulman, peuplée de 4,5 millions d'habitants. Selon un témoin, un grand nombre de militaires et de forces de sécurité ont encerclé une maison soupçonnée abriter des combattants de Boko Haram, peu après minuit. Ils ont ouvert le feu, les suspects ont répliqué. Les échanges de tirs ont duré quatre heures et demie. «Les deux parties ont utilisé des mitrailleuses lourdes et tout le monde dans la quartier était terrorisé. On ne pouvait pas dormir», a raconté cet habitant. «J'ai vu les corps de deux suspects, je ne peux pas dire s'il y a en d'autres dans la maison ou s'il y a eu des arrestations», a ajouté ce témoin, qui vit à proximité. Un autre habitant a indiqué avoir été «réveillé par des explosions et des tirs en provenance du poste de police mobile en face» de chez lui. «C'est terrifiant», a-t-il dit. Un couvre-feu nocturne est en vigueur à Kano depuis les attaques de vendredi, revendiquées par Boko Haram, qui avaient visé les symboles du pouvoir. La police a indiqué avoir découvert dix voitures chargées d'engins explosifs dans différents lieux de Kano, ainsi que 300 canettes, huit boîtes de lait en poudre et huit tambours de 350 kilos, tous chargés d'explosifs. Cinq des assaillants étaient des kamikazes, a-t-elle précisé. Prières pour la paix Des dignitaires religieux musulmans ont dit des prières pour la paix lundi à Kano, les attaques ayant ravivé les craintes de voir éclater une guerre civile au Nigeria, le pays le plus peuplé d'Afrique et premier producteur de pétrole du continent. Les dirigeants politiques s'efforcent de faire en sorte que les attaques ne déclenchent pas un conflit plus large au Nigeria, divisé entre le Nord, majoritairement musulman, et le Sud, à majorité chrétienne. «Nous voulons nous assurer que quelques Nigérians fourvoyés, qui ont été conduit à mener ces actions, ne prennent pas ce pays en otage», a déclaré le président du Sénat David Mark qui s'est rendu lundi à Kano avec son homologue de la Chambre des représentants Aminu Tambuwal. Selon un porte-parole de Boko Haram, le groupe a agi en représailles au refus du gouvernement de libérer plusieurs de ses membres emprisonnés. Les attaques attribuées à ce groupe, qui a notamment revendiqué des attentats meurtriers le jour de Noël ayant fait 49 morts, se sont multipliées ces dernières semaines dans le Nord du pays, à la fois contre des chrétiens et les forces de l'ordre.