Le Maroc demeure disposé à s'intégrer dans tout effort des Nations Unies visant à renforcer l'Etat de droit, a affirmé, jeudi à New York, l'ambassadeur du Maroc à l'ONU, Mohamed Loulichki. «En tant que membre de ce Conseil, mon pays demeure disposé à partager son expérience et à s'intégrer dans tout effort des Nations Unies visant à parvenir à un renforcement effectif de l'Etat de droit», a affirmé M. Loulichki devant le Conseil de sécurité de l'ONU. L'ambassadeur intervenait dans le cadre d'un débat de l'organe exécutif de l'ONU consacré à la primauté de la loi et la justice transitionnelle dans les situations de conflit ou post-conflit. «Mon pays qui a établi l'Instance Equité et Réconciliation (IER) et compensé ceux et celles dont la violation des droits de l'Homme a été documentée et prouvée, mesure l'importance, la valeur et les mérites de la justice transitionnelle», a souligné le diplomate, rappelant, à cet égard, que la nouvelle Constitution dont s'est doté le Royaume «a permis de renforcer davantage son engagement en faveur de l'Etat de droit, le respect des droits de l'Homme et la mise ne place ou le développement des mécanismes de contrôle et de reddition des comptes». Evoquant la corrélation entre justice et Etat de droit, le représentant du Royaume a jugé que l'exercice par le Conseil de Sécurité de sa responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales dans le cadre du droit international «est essentiel pour renforcer la primauté du droit dans les relations internationales et pour minimiser les risques de déclenchement des conflits et préserver la paix et la sécurité dans le monde». S'agissant des aspects relatifs au renforcement de l'Etat de droit, l'Ambassadeur a souligné la nécessité d'adopter «une approche intégrée» pour restaurer et consolider l'Etat de droit dans les situations de conflit ou d'après conflit. Dans ce contexte, M. Loulichki a estimé que «l'édification de l'Etat de droit devrait faire partie intégrante du processus politique et de la reconstruction économique et sociale dans les situations de conflit et d'après conflit». «S'il est vrai que le renforcement de l'Etat de droit dans ces situations est une condition préalable du passage du conflit à la paix et une garantie fondamentale de l'édification d'une paix durable, la longue expérience de l'ONU en matière de prévention et de règlement des conflits nous enseigne, également, que la question du développement, ou plutôt de l'absence de celui-ci, est à la base d'un grand nombre des conflits inscrits à l'ordre du jour de ce Conseil», a-t-il expliqué. Dans cette vaste entreprise, a poursuivi le diplomate, il est fondamental que les efforts des Nations Unies soient coordonnés «efficacement» afin de «conjuguer de manière cohérente l'instauration de la paix, le maintien de la paix et la consolidation de la paix, pour aboutir enfin à la paix durable». Cet objectif suppose l'adoption d'une «démarche stratégique à l'échelle de tout le système des Nations Unies, en vue de synchroniser les actions entreprises», a estimé l'ambassadeur, en évoquant le rôle du Conseil de Sécurité d'interagir avec les autres organes compétents de l'ONU, notamment la Cour Internationale de Justice, la Commission de Consolidation de la Paix et le Conseil Economique et Social. M. Loulichki a également mis en relief l'importance de mettre «l'appropriation nationale» au centre dans tous les efforts internationaux visant la consolidation de l'Etat de droit, notamment «le respect de la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale des Etats». Pour le diplomate, il est donc crucial de garantir l'appui des populations locales aux programmes visant l'édification ou la consolidation de d'Etat de droit, mais aussi de renforcer la contribution de l'ONU aux efforts des gouvernements visant la mise en place de mécanismes et d'instruments leur permettant de répondre aux besoins réels de leurs populations, de leur assurer un développement harmonieux et une meilleure utilisation des ressources. Dans les sociétés déchirées par les conflits, la fragilité des institutions nationales constitue un obstacle majeur à la consolidation de l'Etat de droit, il devient «essentiel dans ce contexte que la Communauté internationale dispose des moyens suffisants à même de lui permettre d'accompagner les efforts nationaux visant à rétablir les institutions nationales», a relevé M. Loulichki. Au sujet des opérations de maintien de la paix, le représentant du Royaume auprès de l'ONU a relevé que l'Etat de droit constitue aujourd'hui «une composante essentielle» de l'organisation de ces missions, ajoutant, dans ce contexte, que cette composante «joue un rôle d'appui et non de substitution aux efforts nationaux», lorsqu'elle est mandatée au sein de ces opérations. «Il va sans dire que la sécurité et l'Etat de droit sont deux piliers fondamentaux sans lesquels les Etats dans une phase post-conflit ne pourraient s'engager dans une dynamique de paix durable», a ajouté M. Loulichki, qui a jugé que l'émergence de menaces nouvelles à la paix et la sécurité internationales, particulièrement la criminalité transnationale organisée, les trafics de tout genre et le terrorisme constituent «indéniablement des menaces réelles à l'Etat de droit». «Le cas de la région du Sahel en est une parfaite et inquiétante illustration», a dit le diplomate, en faisant part du soutien du Maroc à l'approche suggérée par le Secrétaire général, Ban Ki-moon, relative à l'importance de trouver des solutions régionales pour le problème de la criminalité transnationale organisée et du renforcement des capacités au niveau national comme au niveau régional. «Nous encourageons, à cet égard, le recours de plus en plus fréquent à des évaluations de la situation du crime organisé, élaboré par l'ONU dans les situations de conflits et de post conflits», a-t-il conclu.