Tout le monde à encore en tête ces images d'une jolie blonde escaladant les parois de rochers à mains nues. Des images qui ont fait le tour du monde il y a déjà 20 ans ! A cette époque, Isabelle célébrait son deuxième titre de Championne du Monde d'escalade. Depuis, elle avait raccroché ses chaussons pour les troquer contre un volant. La passion du pilotage automobile et du Rallye-Raid allait l'amener sur les pistes les plus dures de notre planète. Encore une fois elle allait se battre à l'égale des hommes et s'imposer au plus haut niveau Mondial. Elle deviendra Championne du Monde de Rallye-Raid ! Aujourd'hui, après 7 rallye Dakar et de nombreuses autres courses, Isabelle véhicule l'image d'une femme au tempérament bien trempé, faisant partie d'une élite extrêmement rare de sportifs ayant cumulé deux carrières totalement différentes et atteint le plus haut niveau mondial dans les deux. Un constat s'imposait néanmoins : chaque personne qui croise Isabelle ou lorsqu'on parle d'elle, la question est « Es-ce qu'elle grimpe encore » ? Si cette question irritait un peu au début, Isabelle l'analysa avec son équipe de communication. Force était de constater que depuis son retrait du monde de l'escalade et depuis ses nombreux films sur ce sujet, personne n'avait pris le relais. Le public passionné de ce sport tellement visuel restait sur sa faim. Quand elle répondait par la négative à cette question, Isabelle pouvait lire la déception sur le visage de ses fans. Finalement, c'est lors d'une séance de test d'un nouveau buggy dans le Sud du Maroc l'année dernière, qu'Isabelle envisagea un certain retour à l'escalade. Pas du tout un retour à la compétition, loin de là, mais un retour visuel. Un retour en image, dans un but de partage et de découverte. Pourquoi ne pas faire des documentaires, alliant l'escalade et la découverte d'une région, de ses habitants, des grimpeurs locaux, des associations sportives locales,… Tout en contentant ses fans, encore très nombreux, en pouvant cette fois leur répondre : « Oui, je grimpe encore, pour le plaisir et pour le partage » !!! Pourquoi choisir Agadir pour ce premier tournage et ce retour à l'escalade ? Pour son climat, pour la beauté des paysages, pour la multitude de sports et d'activités de plain air que l'on peut y pratiquer. Et aussi parce que Marc d'Haenen, ami de longue date et responsable de la communication d'Isabelle y habite. Paradoxalement, la région d'Agadir n'est pas connue pour l'escalade. On s'imagine plus y pratiquer la farniente et la balnéo. Néanmoins, la section locale du Club Alpin Français y est très active. Sous la conduite de Philippe Alléau, cette section a découvert et commencé à équiper un site d'escalade au potentiel énorme. C'était là une façon de faire connaître ce site et d'aider à son développement, dans une logique de partage, qui sera le fil conducteur de ce documentaire. Isabelle ne voulait pas uniquement escalader, mais aussi découvrir la région et pratiquer d'autres activités. C'est ainsi qu'elle pu réaliser un vieux rêve : faire du surf sur les vagues. Depuis longtemps Isabelle voulait essayer ce sport. Agadir étant l'un des « Hot Spot » mondiaux de la discipline, ce fut donc chose aisée que de faire une initiation dans les vagues de l'Atlantique. Une expérience très motivante qui enchanta Isabelle et étonna les moniteurs par la dextérité et la rapidité avec laquelle Isabelle réussit à tenir sur la planche. Visiblement, quand on est un sportif de haut niveau, on a une connaissance de son corps dans l'espace et un équilibre hors norme. Ces facteurs expliquent que les sportifs ont des aptitudes différentes des autres. Rencontre et partage aussi avec Harite Gabari, le premier Marocain à participer au Dakar, en moto, et à terminer ce rallye avec un excellent résultat. Harite accueillit Isabelle dans son magasin d'Agadir et l'invita à une randonnée en Buggy dans la région. La découverte des dunes plantées d'eucalyptus et des plages sauvages fut un moment d'enchantement. Harite aussi fut très heureux d'organiser cette randonnée avec une grande championne. Entre les différentes découvertes touristiques, notamment au Souk Al Had d'Agadir, le plus grand souk urbain d'Afrique, ou la traditionnelle montée à Agadir Oufella, sur les vestiges du tremblement de terre de 1960, Isabelle découvrit la région d'Imouzzer. A quelques kilomètres d'Agadir, au cœur des montagnes de l'Atlas, Imouzzer et la Vallée du Paradis regorgent de falaises. Une exploration des lieux était donc intéressante. Si finalement le potentiel « escalade » y est réduit par une texture de rocher ne se prêtant pas à la pratique de ce sport, Isabelle y a découvert bien d'autres choses. Un guide herboriste l'initia au secret des plantes médicinales, lors d'une magnifique randonnée aux cascades d'Imouzzer. Elle y découvrit un potentiel énorme pour la spéléologie, avec des gouffres et des cavernes inexplorées, de superbes sites pour le canyoning et la descente en rappel de cascades et bien d'autres choses… Dont le magnifique Hôtel des Cascades. Un établissement de charme idéalement situé en haut des cascades, avec une vue imprenable depuis la terrasse. Agadir est donc bien plus qu'une destination « plage » ou l'on entasse les touristes dans des resorts « All-In ». C'est une destination multi-sports et multi-activités qui vaut la peine d'être découverte à son aise et prenant les chemins de traverse, en se perdant au milieu des arganiers, en suivant les sentiers de chèvres au milieu des montagnes, ou encore en arpentant les ruelles encombrées d'échoppes proposant de l'artisanat local ou des spécialités culinaires… C'est aussi une région qui connait la tradition de l'accueil et la gentillesse légendaire des Marocains n'y fait pas défaut. Au niveau du tournage du documentaire, le partage fut aussi au programme. Marc d'Haenen, journaliste et enseignant vacataire à la Faculté Polydisciplinaire de Ouarzazate, dans la section « Cinéma », à permis à des stagiaires de la fac de participer activement à la réalisation des images. Ce partage à pris place dans le cadre d'un programme pilote d'initiation à la réalisation d'images en haute définition par le procédé DSLR. Ces appareils photo, de marque CANON, permettent de filmer en très haute qualité, à un coût très raisonnable et avec une grande facilité, par rapport aux traditionnelles caméras professionnelles, d'un coût inabordable pour un étudiant et beaucoup plus encombrantes. Ces étudiants ont aussi vécu une expérience inoubliable et ont beaucoup appris durant cette semaine de tournage. Texte et photos : Marc d'Haenen (en collaboration avec les étudiants de la FPO).