Parmi les revendications primordiales formulées avec insistance par l'ensemble des citoyens, figure la lutte contre la dépravation qui revêt plusieurs formes et touche différents secteurs. A cet égard, les différents rapports de la Cour des Comptes et ceux de l'Inspection Générale des Finances soulignent l'existence de diverses malversations dans la gestion des deniers publics. Ainsi, d'importantes sommes qui se chiffrent par des millions de dirhams ont été soit dilapidées, soit détournées au profit des personnes qui ont le pouvoir de décision, notamment à l'occasion de la conclusion de transactions concernant les marchés publics. De plus, des responsables corrompus ont touché des sommes colossales pour l'acquisition de passe-droits au profit de personnes qui ne sont pas habilitées à en disposer. Les signes de richesse extérieure montrent clairement que de hauts fonctionnaires vivent au-dessus de leurs moyens et que ce qu'ils gagnent légalement ne leur permet nullement d'atteindre le niveau de vie dont ils bénéficient. Il s'agit, de toute évidence, de l'argent du peuple indûment acquis et qu'il importe de récupérer. Les différentes commissions parlementaires, qui ont été désignées pour examiner certains dossiers, se sont rendues compte des abus flagrants commis et de l'argent détourné. Les rapports établis par ces commissions mettent en relief les irrégularités commises. Malheureusement, il n'y a pas eu de poursuite pénale contre les auteurs de ces actions délictuelles et l'argent détourné n'a pu être récupéré. Or, il s'agit de deniers publics provenant des impôts - directs et indirects - que payent les citoyens, notamment la TVA et l'Impôt sur le Revenu retenu à la source pour les différentes catégories de travailleurs. Aujourd'hui, le peuple, qui ne cesse de réclamer la fin de l'ère de l'impunité et des abus, exige l'engagement de poursuites contre les responsables qui ont dilapidé l'argent du peuple, l'ont détourné à leur profit ou ont été corrompus dans le cadre de l'exercice de leurs prérogatives en tant que commis de l'Etat, particulièrement quand il s'agit de la passation des marchés publics. Par ailleurs, il incombe de prendre les mesures nécessaires sur le plan législatif et du contrôle pour éviter que des abus soient commis et pour que les dossiers de prévarication soient diligentés avec sérieux et impartialité afin de punir les coupables et pour qu'ils servent d'exemple et de leçon pour tout responsable qui serait tenté de commettre des actes de malversation. Le Maroc nouveau doit être construit sur des bases saines et rompre avec les pratiques du passé. Il doit lutter contre toutes les formes de prévarication et tous les dossiers où il y a eu détournement de deniers publics doivent être soumis à la justice pour rendre son verdict, punir ceux qui ont abusé de l'argent du peuple et exiger sa récupération.