Parmi les sept fondements majeurs sur la base desquels S.M. le Roi a décidé d'entreprendre une réforme constitutionnelle globale figure « la consolidation des mécanismes de moralisation de la vie publique et la nécessité de lier l'exercice de l'autorité et de toute responsabilité ou mandat publics aux impératifs de contrôle et de reddition des comptes ». En effet, la moralisation de la vie publique figure parmi les revendications des couches populaires et a été constamment formulée par l'Istiqlal dans les recommandations de ses différents congrès et instances. Cette moralisation nécessite une lutte sans relâche contre la corruption, la concussion, le détournement des deniers publics et la prévarication en général. Certes, des efforts ont été fournis pour éradiquer ces fléaux qui rongent notre administration et plusieurs secteurs d'activité, mais ils restent insuffisants. On constate même que ces fléaux ont tendance à s'amplifier et à prendre des proportions qui se reflètent négativement sur l'activité économique, en général, et sur les investissements en particulier, ainsi que sur les relations avec les citoyens qui se trouvent privés de services auxquels ils ont tout à fait droit. Il est donc logique de se demander sur les raisons qui font en sorte que ces fléaux persistent, en dépit des mesures qui ont été prises pour les combattre. On remarque, en effet, qu'il y a un certain retard dans le suivi et un relâchement dans le contrôle, mais c'est surtout l'impunité qui choque. Des cas flagrants de violation de la loi, d'abus de pouvoir et de dépravation ont été appréhendés, mais aucune poursuite n'a été engagée à l'encontre de leurs auteurs. Cette impunité tend à encourager certains pervers à commettre d'autres malversations et abus de confiance. On sait que chaque département ministériel dispose d'une Inspection générale dont le rôle est justement de veiller au respect des dispositions législatives et réglementaires, notamment en ce qui concerne les marchés publics, et d'assurer un contrôle permanent de l'activité de l'administration dans ses relations avec les citoyens et de la manière selon laquelle les dépenses des deniers publics ont été effectuées. Ces Inspections générales réalisent de temps à autre des audits et préparent des rapports qui restent souvent classés dans les tiroirs des responsables. Le même sort est réservé aux rapports de la Cour des Comptes qui procède, elle aussi, à des contrôles et à des audits, mais aucune poursuite judiciaire n'est engagée contre les auteurs de malversations et de cas flagrants de corruption et d'abus de confiance. Il est donc nécessaire d'activer le rôle des Inspections générales dépendant des différents ministères, de donner à la Cour des Comptes les moyens nécessaires pour engager des poursuites contre ceux qui dilapident l'argent du peuple, le détournent à leur profit et abusent des postes de responsabilité qui leur sont confiés. L'impunité doit cesser et c'est la condition sine qua non pour moraliser la vie publique et pour que les citoyens exercent leurs droits politiques et socio-économiques et retrouvent confiance en l'administration et en les instances élues, en particulier communales, qui sont en relation directe et quotidienne avec les électeurs. En effet, c'est aux instances communales que les citoyens reprochent les plus graves cas d'abus de pouvoir, de corruption et de détournement de fonds. Certes, on procède à la suspension de certains élus communaux, mais cela ne peut répondre aux revendications des citoyens qui paient des impôts pour pouvoir bénéficier des prestations et des services publics auxquels ils ont droit. Les citoyens veulent que les corrompus et les pervers soient traduits devant la justice pour servir d'exemple et pour que les droits des populations soient respectés. Il importe aussi de procéder à un contrôle sérieux et continu de l'action des autorités locales dans leurs relations avec les administrés afin d'éviter les abus et les passe-droits.