Les Palestiniens ne baisseront pas les bras malgré le rejet attendu au Conseil de sécurité de l'ONU de la demande de reconnaissance de la Palestine en tant que membre à part entière de l'organisation internationale, a déclaré vendredi soir à Tunis le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Abou Mazen a par la même occasion exhorté les Etats-Unis, qui opposent leur veto à l'admission de la Palestine à l'ONU, «à être plus sérieux». Les Palestiniens ne baisseront pas les bras malgré le rejet attendu au Conseil de sécurité de l'ONU de la demande de reconnaissance de la Palestine en tant que membre à part entière de l'organisation internationale, a déclaré vendredi soir à Tunis le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Lors d'une conférence de presse au terme d'une visite de travail de deux jours en Tunisie, il a reconnu ne pas s'attendre à une issue favorable des débats au Conseil de sécurité. Il a regretté que la requête palestinienne n'ait pas pu obtenir les neufs voix nécessaires et se serait heurtée en tout état de cause à un veto américain. Mais pour lui, «cela ne signifie pas pour autant que c'est un échec». «Nous allons poursuivre nos efforts et nous espérons obtenir gain de cause les prochaines fois», a-t-il insisté. Mahmoud Abbas a assuré qu'indépendamment de ce volet onusien, les Palestiniens étaient disposés à reprendre les négociations avec Israël sur la base de l'arrêt de la politique de colonisation israélienne «car nous considérons que les problèmes en suspens ne peuvent résolus que par la négociation». «Notre position est claire: nous voulons une coexistence pacifique dans le cadre de deux Etats vivant en paix côte à côte dans le cadre d'une solution fondée sur le retrait israélien aux frontières de 1967, avec Al Qods (Jérusalem-est) comme capitale du future Etat palestinien et un règlement juste du problème des réfugiés», a-t-il expliqué. «Ce ne sont pas des revendications terroristes», a-t-il martelé en référence aux accusations de dirigeants israéliens qu'il a qualifiées d'»infondées». En réponse à une question, il a formulé le souhait de voir l'administration américaine «changer d'attitude pour une médiation plus sérieuse». «Nous entretenons des relations étroites avec les Etats-Unis au niveau tant diplomatique que des aides qu'ils nous accordent, mais nous souhaitons qu'ils fassent pression sur la partie fautive», a-t-il encore dit. «Il faut qu'ils (les Etats-Unis) soient plus sérieux dans leur rôle d'intérmédiaire entre nous (les Palestiniens) et les Israéliens», a déclaré M. Abbas au cours d'une conférence de presse dans la capitale tunisienne où il est en visite depuis jeudi. Les Palestiniens «poursuivront leurs efforts pour obtenir le statut d'Etat membre à part entière de l'ONU», a encore dit M. Abbas, avant d'ajouter : «nous ne considérons pas comme un échec» l'absence d'accord, à ce jour, sur l'admission de la Palestine à l'ONU. «Si on n'a pas réussi cette fois, nous réussirons la prochaine fois», a affirmé le chef de l'Autorité palestinienne, indiquant qu'il allait rencontrer un émissaire américain samedi, sans plus de précision. Les palestiniens «absolument déterminés à réussir « Avec le constat d'un désaccord au sein du Conseil de sécurité, la candidature palestinienne à l'ONU a atteint vendredi une impasse et semble vouée à l'échec, mais les Palestiniens ont réaffirmé qu'ils étaient «absolument déterminés» à aller jusqu'au bout du processus. Le Comité des admissions du Conseil de sécurité de l'ONU a pris acte de l'absence d'accord sur l'admission de la Palestine à l'ONU dans un rapport adopté vendredi. Ce document souligne que le Comité était «incapable d'émettre une recommandation unanime au Conseil de sécurité». Malgré cela, l'ambassadeur palestinien à l'ONU Riyad Mansour a souligné devant la presse que les Palestiniens étaient «absolument déterminés» à poursuivre le processus de leur candidature à l'ONU. «Nous allons consulter nos amis, intensifier nos efforts. Nous sommes absolument déterminés à réussir dans ce processus et nous pensons que nous allons réussir», a ajouté l'ambassadeur. «Nous sommes plus déterminés que jamais pour continuer ce processus jusqu'à ce que les conditions soient mûres au Conseil de sécurité pour que la Palestine devienne un Etat membre», a ajouté M. Mansour. L'ambassadeur allemand à l'ONU Peter Wittig a de son côté constaté qu'il n'y avait «pas de majorité pour l'admission de la Palestine à l'ONU» et qu'il y avait en outre une menace de veto américain. La saga palestinienne à l'ONU a commencé le 23 septembre par le dépôt de la candidature par le président palestinien Mahmoud Abbas. Israël y est farouchement opposé et les Etats-Unis aussi, estimant qu'il faut d'abord une reprise des discussions directes entre Israël et les Palestiniens. Il faut désormais pour que le processus puisse continuer qu'un Etat membre du Conseil de sécurité dépose un projet de résolution afin qu'il y ait un vote, soulignent des diplomates occidentaux. Ce pourrait être le Liban. Or en cas de vote, les Palestiniens risquent fort de ne pas réunir les neuf voix sur les quinze au Conseil nécessaires pour qu'il puisse formuler une recommandation favorable pour un vote définitif à l'Assemblée générale. Cependant, même dans le cas où les neufs voix étaient trouvées, les Etats-Unis, membre permanent du Conseil, ont déjà annoncé qu'ils opposeraient alors leur veto, ce qui torpillerait la candidature palestinienne. En cas de vote négatif ou de veto, les Palestiniens auraient encore la faculté de demander un vote à l'Assemblée générale de l'ONU où ils sont assurés de trouver une large majorité. Ce vote leur conférerait un statut intermédiaire d'»Etat non-membre observateur». Ils disposent actuellement d'un statut d'»entité observatrice». La France, la Grande-Bretagne et la Colombie ont indiqué la semaine dernière devant le Conseil qu'elles comptaient s'abstenir lors d'un vote éventuel. Le Brésil, la Chine, l'Inde, le Liban, la Russie et l'Afrique du Sud ont publiquement annoncé leur soutien à la candidature palestinienne. Le Nigeria et le Gabon n'ont pas encore annoncé leur intention mais ils devraient apporter leur soutien également. L'Allemagne n'a pas annoncé sa position mais elle devrait soit voter contre, soit s'abstenir. Le Portugal et la Bosnie devraient également s'abstenir. Les Palestiniens ont remporté une importante victoire diplomatique avec leur adhésion surprise à l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) le 31 octobre. En représailles, les Etats-Unis ont suspendu leur contribution annuelle à l'Unesco et Israël a décidé d'accélérer la construction de 2.000 logements à Al Qods (Jérusalem-Est) et en Cisjordanie occupée. Les Israéliens ont également gelé provisoirement les fonds dus à l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, s'attirant une avalanche de critiques de la communauté internationale.