La dernière ligne droite des élections législatives du 25 novembre débute ,samedi, avec le lancement de la campagne officielle qui mettra en compétition plus de 30 partis politiques pour se départager les 395 sièges de la Chambre des représentants, 70 députés de plus qu'en 2007. Après des mois de débats, parfois houleux, autour des lois électorales, les différentes formations entreront dans le vif du sujet pour faire élire au suffrage universel direct 305 députés au niveau des circonscriptions locales et 90 au titre de la liste nationale, destinée à garantir une représentativité appropriée des femmes (60 sièges) et des jeunes de moins de 40 ans (30 sièges). L'heure est à la mobilisation dans les QG des partis qui, au fil des années, ont commencé à introduire des notions de marketing politique venues d'Outre-mer, comme celle de directeur de campagne, et à utiliser les nouvelles technologies et supports médias (Internet, SMS, espaces publicitaires) pour communiquer avec les militants ou essayer de s'attirer les faveurs des indécis. Du côté des pouvoirs publics, la machine est bien huilée. La question d'accès aux médias publics a été réglée par la HACA (Haute autorité de la communication audiovisuelle) de manière équitable entre les divers protagonistes, selon le poids de chacun. L'Etat a consacré une enveloppe de 220 millions de dirhams pour le soutien des partis, selon le même critère. Reste la question épineuse de la régularité du scrutin, autrement dit la lutte contre les pratiques frauduleuses et la corruption. Là aussi, l'Administration territoriale a mis en place des mécanismes pour faire entourer la consultation des conditions de transparence et d'honnêteté. Sur ce point précis, la responsabilité demeure partagée car, quel que soit l'arsenal juridique prévu (aggravation des peines privatives de liberté et revalorisation des amendes), c'est la prise de conscience collective qui dissuadera les candidats indélicats. Le citoyen, qui n'a eu de cesse de se plaindre de ces agissements, devra être le premier rempart contre les corrupteurs, sans omettre le rôle que pourrait jouer les 4.000 observateurs accrédités pour le compte de 16 instances nationales et internationales. En toute vraisemblance, la tâche des hommes politiques, même les plus aguerris, n'est plus de tout repos, parce qu'ils ont désormais affaire à un public de plus en plus exigeant. Car plus instruit, plus ouvert sur le monde, plus critique envers les discours des uns et des autres et, surtout, mieux outillé pour dissocier le bon grain de l'ivraie. Les candidats devront savoir gagner le coeur des jeunes générations qui, en cas de participation massive, pourraient faire pencher la balance d'un côté comme de l'autre. Le facteur de la jeunesse est encore une fois la grande inconnue et, en même temps, le grand défi auquel sont confrontés tous les partis, estiment les mêmes observateurs. Si les législatives de 2007 étaient celles de la consécration de la normalisation de l'opération électorale, le présent scrutin s'apparentera à l'inauguration d'une ère politique nouvelle suite à l'adoption de la nouvelle Constitution du pays, au terme de la consultation référendaire du 1er juillet dernier. Plus rien ne sera comme avant. Les Marocains auront un chef de gouvernement automatiquement choisi du parti arrivé en tête des élections. En plus, à la faveur des larges prérogatives qui lui sont attribuées par la loi fondamentale, c'est à lui de fixer les politiques publiques et, partant, rendre des comptes aux électeurs qui exerceront un droit de regard sur son travail tous les cinq ans, au moment de se rendre aux urnes. D'où le lien établi par les acteurs politiques entre le succès des prochaines législatives et une mise en oeuvre saine des dispositions de la nouvelle Constitution. Un gouvernement et un Parlement forts, jouissant de la légitimité des urnes, aideront à donner corps aux innovations judicieuses apportées par ce texte, en termes d'équilibre des pouvoirs, d'adaptation des législations nationales aux conventions internationales, de promotion des droits économiques et environnementaux, d'expression de l'identité plurielle de la Nation et de création des Conseils qui y sont institués. Dans deux semaines, quand les dès seront jetés, le Maroc tournera une page de son histoire. Mais, il ouvrira tant d'autres à l'avenir, sur la voie de la construction d'un modèle de démocratie Marocaine.