Habiba el Madkouri n'est plus. Elle s'est éteinte à l'âge de 84 ans. Elle fut une des rares comédiennes à faire preuve d'audace et de persévérance en faisant fi des préjugés machistes réduisant la femme à une couveuse matrimoniale tout juste bonne à allaiter les enfants et les voir grandir. Elle brava les feux de la rampe avec autant de conviction que de détermination. Sa voix remarquable a bercé l'ouie des marocains pendant des dizaines d'années. Le tandem vocal qu'elle a formé avec le regretté Larbi Doghmi resta ancré dans la mémoire auditive collective. Le théâtre radiophonique du dimanche avait ses habitués et inconditionnels. En 2006 et cela avant que le festival de Marrakech lui consacre un hommage bien mérité, mais tardif, nous lui avions rendu visite chez elle à Salé pour l'interviewer en vue de documenter un ouvrage sur le cinéma indien et sur le doublage dont Brahim Essayeh était le pionnier incontesté. Notre staff était constitué de: Allal (un cinéphile de formation anglophone,SNRT), de Benthami Essafi Khammar (un photographe d'art) et l'auteur de ces lignes. Quelques jours auparavant, le défunt Brahim Essayeh nous a reçu lui aussi dans sa demeure sise à Harhoura. Essafi dispose actuellement de précieux documents photographiques. Ces deux grands artistes nous ont accueillis avec amabilité et affabilité. Tous les deux parlaient un langage franc et sincère. Ce furent deux rencontres mémorables. Feu Habiba ne tarissait pas d'éloges envers Essayeh. «C'est un grand mæstro, que ce soit dans le domaine de l'écriture ou celui du doublage», disait la grande comédienne à propos du pionnier du doublage au Maroc. Reste à signaler que dans notre dernier ouvrage intitulé Zona nous faisons allusion à leur précieux apport et leur charisme. RAZAK