Le secteur des peaux et cuir est en difficulté. Origine de la crise : les exportations massives de cuir semi-fini (strain/crut) vers l'étranger. Conséquence : l'approvisionnement des artisans, tanneurs et industries de transformation du cuir est durement perturbé. Une telle situation risque d'impacter, il est vrai, tous les secteurs d'activité : la chaussure, le vêtement, la maroquinerie et l'artisanat. A cet effet, une réunion d'urgence, présidée par le ministre du Commerce Extérieur, Abdellatif Maâzouz, a été tenue récemment à Rabat à la demande de la Fédération marocaine des industries du cuir (FEDIC). Cette réunion a été consacrée à l'examen des moyens susceptibles d'assurer l'équilibre du marché de cuir et l'approvisionnement normal pour les artisans, tanneurs et industriels, indique un communiqué du ministère du Commerce extérieur. Plusieurs mesures ont été ainsi envisagées pour remédier à cette situation. D'abord, un contrôle systématique des exportations de ces produits, en vue de prévenir le risque de substitution du cuir semi-fini par le wet blue, ce dernier étant soumis à licence d'exportation. Il a été aussi décidé de contrôler la valeur des exportations de ces produits pour lutter contre les main-œuvres éventuelles en termes de facturation à l'exportation. Autre mesure prise : la saisie du Conseil de la Concurrence pour démanteler d'éventuels monopoles. Un comité interministériel public-privé a été institué à cet effet, en vue de la mise en œuvre des différentes mesures arrêtées à ce sujet, ajoute ledit communiqué. Il est à souligner que la filière cuir au Maroc regroupe cinq secteurs professionnels, à savoir : chaussure, tannerie et mégisserie, vêtement en cuir, maroquinerie et articles de voyage, sellerie et ganterie. Les industries du cuir, bien que présentes sur l'ensemble du territoire marocain, sont en grande majorité situées dans la région du Grand Casablanca et dans la ville de Fès (respectivement 54 % et 34 % des unités de fabrication). La filière occupe une place stratégique dans l'économie marocaine avec une contribution importante aux exportations industrielles de près de 3 milliards de DH. Le secteur emploie prés de 40.000 personnes. Mieux, le Maroc détient une grande expérience dans le domaine de la production et de la transformation du cuir grâce à son savoir-faire, la disponibilité de la matière première et d'une main d'œuvre qualifiée, et l'intégration des technologies avancées dans le processus de production. Seulement, l'industrie du cuir, comme l'ensemble des secteurs basés sur la main d'œuvre, souffre actuellement des difficultés économiques liées à la concurrence des pays d'Asie du Sud et aussi des pays de l'Europe de l'Est, à l'évolution des modes de consommation vers des produits moins coûteux du fait de la stagnation du pouvoir d'achat, et au poids croissant de la grande distribution réduisant l'autonomie et la marge bénéficiaire des fournisseurs. Force est de rappeler enfin que le secteur du cuir avait déjà signé son contrat-programme en 2006. Un contrat-programme qui prévoit une réforme tarifaire en matières premières et en intrants et une levée des restrictions sur l'exportation, à l'exception des peaux dites «wet blue».