Le désespoir des jeunes dans les camps de Tindouf, en Algérie, où ils sont privés de leurs droits les plus élémentaires sans les perspectives d'un lendemain meilleur, les rend vulnérables aux recruteurs du groupe terroriste d'Al-Qaeda dans le Maghreb Islamique, met en garde le magazine américain Foreign Policy Magazine, dans le dernier numéro de sa version francophone. Ces jeunes constituent un réservoir pour ce groupe terroriste, qui «cherche à tisser sa toile de la terreur dans le Maghreb et dans la région du Sahel», souligne l'auteur de l'article Richard Miniter, qui a écrit plusieurs ouvrages sur le terrorisme dont deux bestsellers sur la liste du New York Times intitulés «Losing Ben Laden» (Perdre Ben Laden) et «Shadow War» (Guerre de l'ombre). «Ce groupe, spécialisé dans les opérations de prise d'otages contre les ressortissants européens, mène des attaques contre les armées et la police à travers l'Afrique du nord», rappelle-t-il, en mettant en garde contre les dangers que constitue la montée en puissance d'AQMI en Afrique du nord «pour les intérêts des Etats-Unis». Richard Miniter, qui a visité les camps de Tindouf, déplore d'autre part que les populations sahraouies y sont soumises à des conditions de vie abjectes et «rêvent d'une seule chose: regagner leur mère patrie, le Maroc». Il a constaté, dans ce contexte, que les populations qui croupissent dans lesdits camps «ont de bonnes raisons de vouloir s'extraire à la précarité d'un environnement (...) qui est sous l'emprise d'un système dictatorial, qui rappelle l'Allemagne de l'est du temps de la guerre froide», ajoutant que des milliers de Sahraouis ont réussi à s'évader en dépit des représailles qu'ils risquent de la part des milices du polisario. Le Maroc, a indiqué l'auteur de l'article, a dépensé «plus de 15 milliards de dollars dans les provinces du sud depuis 1975, pour la construction de routes, d'hôpitaux, d'aéroports et de logements», mettant en avant la prospérité et l'essor que connaissent les provinces du Sud. Dans un reportage sur les camps de Tindouf publié dans le premier numéro francophone de Foreign Policy Magazine, Miniter avait décrit un environnement «livré à l'anarchie, dans lequel les dirigeants des séparatistes n'arrivent pas à assurer un tant soit peu d'ordre, situation exacerbée par un manque d'infrastructures et par l'absence d'un pouvoir légitime». Miniter soulignait, dans ce cadre, qu'une simple visite dans les camps de Tindouf démystifie les revendications à une «autodétermination nationale» des dirigeants des séparatistes, expliquant que la caste dirigeante du polisario, y compris son chef Mohamed Abdelaziz, «a un intérêt économique à vouloir faire perpétuer le statu quo, au détriment même des populations qui, elles, croupissent dans les camps». «Si la guerre se termine à la faveur de la solution d'autonomie régionale, comme le propose le Maroc, les sommes d'argent siphonnées des aides humanitaires internationales (...) cesseront du jour au lendemain», expliquait encore l'auteur de l'article, en soutenant que l'Algérie, qui offre un abri sur son territoire au polisario, «a aussi un intérêt à faire perdurer le conflit du Sahara», dans sa quête «d'un semblant de leadership dans le Maghreb». «Il y a fort à parier que l'argent, la politique et la crédulité sont pour beaucoup dans la perpétuation d'un conflit inutile», soutenait encore Richard Miniter, consultant pour plusieurs chaînes américaines d'information pour les questions terroristes.