Les socialistes espagnols sont en passe de subir une lourde défaite face à la droite aux élections locales de dimanche, sanctionnés pour la crise et un chômage record qui ont soulevé un vent inédit de rébellion sociale à travers tout le pays. La commission électorale espagnole a annoncé jeudi soir que les manifestations seraient interdites samedi et dimanche, jour d'élections. Les électeurs espagnols sont appelés aux urnes dimanche dans 8.116 communes dans 13 des 17 régions dans le cadre d'élections municipales et régionales qui pourraient signer la défaite des socialistes au pouvoir. Mais si la loi espagnole interdit tout acte de propagande le jour précédent l'élection et le jour du scrutin, comme l'a indiqué jeudi soir la commission électorale, certains manifestants ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils braveraient l'interdiction. Surnommés "los indignados" (les indignés), des milliers de jeunes Espagnols se sont rassemblés jeudi pour la cinquième journée consécutive dans plusieurs villes du pays. Ce mouvement marque un tournant en Espagne où jusqu'à présent la population manifestait rarement contre le chômage et les mesures d'austérité. L'Espagne compte le taux de chômage le plus élevé de l'Union européenne (21%) et le taux grimpe à 45% pour la tranche des 18-25 ans. Selon le quotidien El Pais, les responsables du mouvement des jeunes ont convoqué une assemblée générale pour décider ou non de se plier à l'interdiction de manifester. Mais à la Puerta del Sol, à Madrid, épicentre de la contestation, la majorité des manifestants ont déjà décidé qu'ils poursuivraient la mobilisation. "Ils ne peuvent pas nous chasser à coup de pieds, les dirigeants politiques ne le permettraient pas, cela leur donnerait une mauvaise image juste avant les élections", souligne Virginia Braojos, 32 ans, qui est venue chaque soir de cette semaine se joindre au rassemblement. Les "indignés" demandent aux électeurs de ne voter dimanche pour aucun des deux grands partis du pays, le PSOE (socialiste) du président du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero et le PP (opposition de droite). Situation inconfortable pour le PSOE Les socialistes espagnols sont en passe de subir une lourde défaite face à la droite aux élections locales de dimanche, sanctionnés pour la crise et un chômage record qui ont soulevé un vent inédit de rébellion sociale à travers tout le pays. A dix mois des législatives, 13 des 17 régions autonomes élisent leur Parlement et toutes les communes d'Espagne leurs conseils municipaux, au moment où des milliers de manifestants, à l'appel des réseaux sociaux, se relaient dans les rues pour crier leur lassitude de la crise et du chômage. Le mouvement, inattendu, spontané, mêlant des citoyens de tous horizons, beaucoup de jeunes, des salariés, des chômeurs et même des retraités, a fait irruption dans la campagne électorale, suscitant la convoitise de l'opposition conservatrice et le malaise des socialistes. Au point que le dernier meeting socialiste, vendredi à Madrid, a dû être déplacé: la Plaza Mayor, où il était prévu, a été jugée trop proche de la Puerta del Sol, où les manifestants rassemblés sous le mot d'ordre "Une vraie démocratie, maintenant!" ont dressé leur campement. Le chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, a assuré jeudi qu'il trouvait "des raisons" à ce mouvement. "On doit écouter et être sensible parce qu'il y a des raisons pour que s'exprime ce mécontentement", a-t-il dit. "A partir de là, nous devons consolider, améliorer (...) Les partis doivent-ils s'améliorer? Bien sûr que oui". Les cibles du mouvement sont diverses - les grands partis politiques, la corruption, les banques, la crise... Le discours, peu structuré, trahit à coups de slogans comme "nous avons le droit de nous indigner", la frustration de millions d'Espagnols victimes de la crise, des coupes salariales, du chômage qui ne cesse de grimper avec un taux record de 21,19% au premier trimestre.