La croissance relativement forte de l'Afrique ne s'est pas encore traduite par une réduction de la pauvreté, l'Afrique a donc besoin de créer des emplois en nombre significatif surtout pour sa population jeune en plein essor, a insisté le Secrétaire général adjoint de l'ONU et Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), Abdoulie Janneh. «Comme l'a montré l'expérience de plusieurs de nos pays, la pénurie d'emplois peut porter atteinte à la stabilité sociale et à la croissance économique», a-t-il mis en garde lors de la cérémonie d'ouverture de la 4ème conférence économique africaine jeudi dernier à Addis-Abeba. La situation «préoccupante» d'un chômage élevé est encore aggravée par la hausse des prix alimentaires et des cours de pétrole, les dangers des changements climatiques, ainsi que par les perspectives peu réjouissantes qui se dessinent chez certains des grands partenaires commerciaux et de développement de l'Afrique, a-t-il fait observer. Selon M. Janneh, ces difficultés appellent sur la nécessité de se pencher davantage sur «la diversification» et la «transformation» des économies africaines. «Il faut prendre des engagements du même ordre pour refaire de la croissance économique et du développement les grands axes de l'action politique et de l'élaboration des politiques en Afrique», a-t-il lancé. Il serait bon, d'après lui, que la gouvernance et la gestion du développement en Afrique profitent des enseignements tirés de l'intervention de l'État dans d'autres régions du monde quand elle a donné des résultats satisfaisants et soient éclairées par une bonne compréhension de ses limites à la lumière des «pièges» du passé. La gouvernance du développement aurait besoin de prendre en considération la dimension régionale et du développement, ainsi que les tendances internationales, a-t-il noté, soulignant l'impératif pour les pays africains de tenir compte de la coopération régionale et transfrontalière dans leur processus d'élaboration des politiques. Dédiée à la gestion du développement dans le continent et au rôle catalyseur de l'État dans la réalisation de cette évolution, la conférence (24-29 mars) constitue un forum notable pour fournir aux décideurs l'occasion d'analyser le rôle qu'a joué l'État dans la promotion du développement en Afrique, de mutualiser les bonnes pratiques et de partager des enseignements tirés sur le continent et ailleurs quant aux problèmes associés à l'édification d'un État compétent et dynamique, de recommander des actions concrètes pour gérer le développement et promouvoir la transformation économique en Afrique de manière efficace. Au programme de cette rencontre figurent plusieurs thématiques ayant trait notamment à l'initiative en faveur d'une économie verte, l'amélioration du financement et la mise en œuvre des interventions sanitaires en Afrique, ainsi que les possibilités à exploiter en vue d'une croissance économique accélérée au niveau du continent. Lancement du rapport économique sur l'Afrique 2011 En marge de cette rencontre, est prevu le lancement du rapport économique sur l'Afrique 2011. Intitulé « gérer le développement: le rôle de l'Etat dans la transformation économique», le rapport traite essentiellement de deux aspects fondamentaux de l'expérience de l'Afrique en matière de développement. Il s'agit de la nécessité de parvenir à une vaste diversification économique et une transformation structurelle pour assurer des taux de croissance économique élevés, combinés à de hauts niveaux de développement social. Deuxièmement, pour réaliser le degré de diversification et de transformation souhaité en Afrique, il est impératif que l'Etat assume et joue un rôle central dans le processus de développement. A travers le prisme des stratégies de développement en évolution, le rapport passe en revue l'expérience de l'Afrique en matière de croissance et de développement social depuis les années 60 pour déterminer les points forts et les points faibles de ces stratégies. Il examine également les expériences d'autres régions en développement, où les pays ont réalisé une transformation économique et un développement social significatifs et consacre une attention particulière au rôle joué par l'Etat. Le rapport recommande que les pays africains adoptent une approche de l'Etat développementiste utilisant le marché comme instrument plutôt que mécanisme pour promouvoir l'investissement à long terme, une croissance rapide et soutenue, ainsi que l'équité et le développement social. Il propose également des recommandations portant sur des questions connexes notamment construire des Etats développementistes prenant en considération des facteurs politiques, économiques et sociaux propres au pays. Selon le rapport, cité par l'agence de presse MAP, l'Afrique a fortement rebondi passant d'un taux de croissance du PIB de 2,4% en 2009 à 4,7% en 2010 et devrait atteindre un taux prévisionnel de 5% pour 2011. En dépit des progrès accomplis dans certains pays, les économies africaines sont toujours caractérisées par une forte dépendance à l'égard du secteur des produits primaires, une forte vulnérabilité aux chocs externes, une croissance sans emploi et une lenteur des progrès vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), déplore ce document, publié par la CEA et l'Union africaine (UA).