Un marocain sur cinq aura plus de 60 ans en 2040, soit la même proportion qu'en France aujourd'hui. Ainsi, après avoir relevé le défi de la maîtrise de leur fécondité, les pays du Sud, dont le Maroc, auront à faire face à un nouvel enjeu, celui de l'accompagnement économique et social du vieillissement de leur population. Selon la variante tendancielle des projections démographiques réalisées par le HCP, un nombre accru de personnes âgées vivrait plus longtemps et leur effectif s'accroîtrait entre 2004 et 2030 au taux de 3,5% (contre 0,9 % pour l'ensemble de la population) pour atteindre 5,8 millions en 2030, une évolution qui n'est pas sans conséquences démographiques et socio-économiques. Pour les organisateurs du colloque, considérés comme des pays «jeunes», les pays du Sud vont vivre une métamorphose démographique dans les prochaines décennies. Ils vont en effet connaître dans des délais bien plus courts que dans les pays du Nord un vieillissement démographique d'une grande ampleur. La part des 65 ans et plus devrait en effet doubler en 20 à 40 ans dans les pays du Sud, alors que ce doublement a mis plus de cent ans en France par exemple. En 2050, le vieillissement de la population sera très avancé en Amérique Latine, en Asie du Sud et au Maghreb ; il aura également débuté en Afrique subsaharienne. Les difficultés que les pays européens ont à intégrer la problématique du vieillissement dans des politiques publiques montrent que le défi pour les pays « jeunes » est considérable. Alors que la transition démographique est en voie d'achèvement dans certains pays du Sud, le «bonus démographique» se voit déjà malmené par les difficultés d'insertion professionnelle des jeunes. Demain, il sera soumis à une forte augmentation du nombre des personnes âgées, dont une part significative, variable selon les pays, ne bénéficiera pas de pension retraite, ni d'allocation vieillesse, ni de couverture médicale. Au regard de ces différentes sources de vulnérabilité, le vieillissement planétaire impose une réflexion sur la prise en compte des nouveaux besoins liés à cette géronto-croissance et sur la place des personnes âgées dans les sociétés. Cela nécessite notamment la création, au sein des systèmes de protection sociale, de dispositifs visant à lutter contre la pauvreté et à accompagner la dépendance des personnes âgées. Ces objectifs constituent une partie des orientations du Plan d'action international sur le vieillissement qui a été adopté par la Deuxième Assemblée mondiale des Nations Unies sur le vieillissement (Madrid, 8-12 avril 2002). Quelle est la situation huit ans plus tard ? Peut-on imaginer qu'un jour un indicateur du type Indicateur du développement humain (IDH) soit élaboré de manière à rendre compte des conditions de vie et du niveau de santé des « 65 ans et plus » ? Cette perspective aurait le mérite de faciliter la prise de conscience politique des questions sociétales associées au vieillissement démographique et d'encourager le développement de solidarités collectives. Le colloque international de Meknès initié par la Faculté des Sciences juridiques, économiques et sociales de l'Université Moulay Ismaïl de Meknès, en collaboration avec l'Université François-Rabelais de Tours, avec l'appui du CEPED (Centre Population et développements sur le thème : « Vieillissement de la population dans les pays du Sud : Famille, Conditions de vie, Solidarités publiques et privées... », Etat des lieux et perspectives, s'est fixé pour objectif de s'intéresser à ces enjeux liés au vieillissement démographique, de mieux comprendre les effets économiques et sociaux qui lui sont associés. Ce colloque a été donc l'occasion de réunir autour d'une question nouvelle des chercheurs de disciplines variées (sociologues, démographes économistes, juristes, anthropologues, géographes, etc.) du Sud ou du Nord qui étudient les conditions de vie des personnes âgées et le vieillissement démographique dans les pays en développement. Le colloque ambitionne ainsi de faire se rencontrer des chercheurs et des laboratoires travaillant sur ce champ et de favoriser leur éventuelle synergie. Dans son allocution à l'occasion de l'ouverture de ce colloque, le président de l'université Moulay Ismail, M. Ahmed Lebrihi a souligné que nos sociétés vivent actuellement une métamorphose démographique qui ira en s'accentuant dans les prochaines décennies. Ce sujet, longtemps ignoré dans les pays du Sud, mérite plus d'attention au vu des changements qui s'opèrent actuellement. Les problèmes engendrés par ces changements risquent d'être insurmontables si des mesures économiques et sociales appropriées ne sont pas proposées pour accompagner ce phénomène. Pour M. Mohammed Benjelloun, doyen de la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales, le colloque a pour objectif, non seulement l'étude et l'analyse des enjeux liés au viellessement démographique mais aussi la compréhension de l'impact socioéconomique que ce phénomène risque d'engendrer. S'exprimant au nom du président de l'université François-Rabelais de Tours, Mme le doyen de la faculté de droit et sciences sociales de Tours a souligné que cet événement scientifique prend appui sur les mises en relation initiées par la région Centre en France et la région Meknès-Tafilalet qui ont signé un accord de coopération décentralisée. Les échanges scientifiques réalisés durant le colloque permettront d'envisager de nouvelles collaborations internationales portant sur des recherches communes.