Le Japon luttait jeudi par tous les moyens pour tenter de refroidir les réacteurs de la centrale de Fukushima, mais le pessimisme ne cessait de se renforcer dans le monde, provoquant une fuite en nombre des étrangers de Tokyo. Six jours après le séisme le plus fort jamais enregistré au Japon suivi du tsunami, le nombre de morts confirmés a dépassé 5.000. Les recherches se poursuivaient, dans la neige et le froid, pour retrouver les milliers de disparus. Deux camions spéciaux de l'armée ont commencé jeudi en début de soirée à arroser le réacteur 3 de la centrale nucléaire de Fukushima (nord-est), a annoncé la télévision publique NHK, alors que des hélicoptères de l'armée de l'air japonaise avaient entamé jeudi matin des largages d'eau au-dessus de la centrale nucléaire de Fukushima (nord-est) pour tenter de refroidir ses réacteurs en surchauffe, en particulier le numéro trois. Selon le ministère de la Défense, deux hélicoptères CH-47 des Forces d'autodéfense japonaises ont commencé leurs rotations à 9h48 locale (1h48 en France, 0h48 gmt), larguant environ 7.500 litres d'eau à chaque passage. Les équipages des hélicoptères se relayaient, effectuant des missions de 40 minutes pour limiter leur exposition à la forte radioactivité, a précisé un porte-parole du ministère, Kazumi Toyama. Ces largages étaient en particulier destinés à refroidir le réacteur numéro trois et remplir la piscine de stockage du combustible. A défaut d'appoint d'eau, les barres de combustible risquent d'être «dénoyées», c'est-à-dire exposées directement. Dans ce cas, les barres de combustibles, à force de chauffer, pourraient fondre purement et simplement, ce qui entraînerait des rejets radioactifs bien supérieurs à ceux survenus jusqu'à présent. Les pics de radioactivité déjà atteints à la centrale représentent quelque 10.000 fois la radioactivité naturelle de l'environnement. Parallèlement à ces opérations par hélicoptères, des canons à eau -notamment ceux utilisés d'ordinaire par la police lors des opérations de maintien de l'ordre- devaient être mis en oeuvre jeudi pour tenter de remplir la piscine de stockage du réacteur 3. D'autre part, la compagnie exploitant la centrale, Tokyo Electric Power (Tepco), espèrait rétablir dans la journée de jeudi l'alimentation électrique, ce qui relancerait les pompes de refroidissement. Les rescapés face à leur détresse Les autorités devaient également faire face à l'impatience grandissante des 500.000 personnes sinistrées, confrontées à un manque d'eau potable et de vivres malgré la mobilisation sans précédent de 80.000 soldats, policiers et secouristes dans le nord-est dévasté. Près d'une semaine après la disparition de leurs maisons emportées par le tsunami, la vie des quelque 1.000 survivants du petit port de pêche d'Otsuchi ne tient toujours qu'à un fil. Lire la suite l'article Sans eau ni électricité, avec un stock de nourriture qui s'amenuise de jour en jour, les survivants viennent chercher un peu de compagnie et de chaleur dans l'un des trois centres d'accueil situés en périphérie de ce qui était jusqu'au 11 mars dernier une ville. De nombreux villages, hameaux, villes situées le long de la côte nord-est du Japon ont été submergés par les vagues du tsunami qui a suivi le puissant séisme de magnitude 9.0 sur l'échelle de Richter vendredi dernier. Si le bilan officiel fait état jusqu'à présent de moins de 5.000 morts, des milliers de personnes sont encore portées disparues. «On ne peut pas se laver les mains ou le visage», raconte Katsu Sawayama, 72 ans, assise au centre du gymnase du collège, l'un des plus grands centres d'accueil de la ville dont plus de 17.000 habitants manquent encore à l'appel. Alors que les regards de la communauté internationale sont tournés vers la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi qui semble échapper à tout contrôle, les opérations de sauvetage et humanitaires peinent à décoller. Quelque 850.000 foyers du nord du pays, touché par une vague de froid, sont toujours privés d'électricité, selon la compagnie d'électricité japonaise Tepco, et au moins 1,5 million de foyers n'ont pas accès à l'eau, selon le gouvernement. A l'image de dizaines de milliers d'habitants de la région du nord-est, les rescapés d'Otsuchi n'ont nulle part où aller. Les produits alimentaires distribués suffisent à peine à les nourrir: la moitié d'un bol de riz et un petit bol de soupe de miso font figures de luxe quand une tranche de pain peut servir à nourrir trois membres d'une même famille. «Quoi qu'ils nous donnent, nous sommes reconnaissants. Au moins ils nous donnent de quoi manger trois fois par jour», dit Sayawama. Les étrangers fuient comme ils peuvent Les billets d'avion se font rares alors que de nombreux pays conseillent à leurs ressortissants de quitter le Japon, les entreprises louent des jets privés pour évacuer leurs cadres: la crise nucléaire nippone pourrait vite prendre des allures de sauve-qui-peut. Face à l'incertitude sur l'évolution de la situation dans la centrale nucléaire de Fukushima, à 250 au nord de Tokyo, de nombreux étrangers, suivant les recommandations de leur gouvernement, ont décidé de quitter le Japon pour Hong Kong ou pour rentrer dans leur pays. Le Département d'Etat américain a autorisé les familles de son personnel d'ambassade à quitter le pays si elles le souhaitent.