Xavi et Iniesta champions du monde étaient favoris ? C'est Messi qui a réussi un joli dribble en gagnant, comme l'an dernier et à la surprise générale cette fois, le Ballon d'Or, tandis que la Fifa, qui a récupéré l'attribution du prix, s'expose involontairement à de nombreuses questions. Comment en est-on arrivé à sacrer un joueur qui a raté son Mondial-2010 avec l'Argentine alors que les Espagnols Xavi et Iniesta sont champions du monde en titre ? Le changement de formule de cette distinction honorifique rendait tout pronostic aléatoire. Créé par le magazine France Football en 1956, le Ballon d'Or a fusionné avec le prix du meilleur joueur de l'année de la Fifa et son mode d'élection a été bouleversé. Aux journalistes, seuls votants jusque-là, se sont ainsi ajoutés les sélectionneurs et les capitaines des 208 équipes nationales affiliées à la Fédération internationale. Mais même en considérant cela, le choix a de quoi surprendre. Y compris au sein du Barça, qui comptait dans ses rangs les trois finalistes. "Leo (Messi) est le meilleur mais il y a le fait que Xavi et Andrés (Iniesta) le méritent", analysait récemment l'entraîneur de l'équipe catalane qui fait rêver, Pep Guardiola. Iniesta avait pourtant marqué en finale... Après ses choix contestés de la Russie pour le Mondial-2018 et du Qatar pour le Mondial-2022, la Fifa, qui a phagocyté le Ballon d'Or aux dépens du bi-hebdomadaire France-Football, réduit au rang de partenaire, risque de faire à nouveau tiquer avec ce Ballon d'Or 2010. Le détail des vote est d'ailleurs assez éclairant. Messi a certes nettement devancé au total ses deux coéquipiers (22,65% contre 17,36% à Iniesta et 16,48% à Xavi) mais le collège des journalistes ne l'avait placé qu'en 4e position. Si l'ancienne formule avait subsisté, c'est Wesley Sneijder, le grand oublié de la soirée (4e) malgré son triplé avec l'Inter Milan (Ligue des champions-championnat-Coupe) et une finale de Coupe du monde avec les Pays-Bas, qu aurait été couronné devant Iniesta et Xavi! Ce sont donc bien les nouveaux votants, les capitaines et les sélectionneurs, qui ont ont fait la différence. De quoi provoquer un gros hic. Car si les prestations de Messi avec le Barça sont fabuleuses, celles en sélection argentine ne le sont pas, surtout une année de Coupe du monde, juge de paix habituel pour le Ballon d'Or. Xavi et Iniesta avaient pour eux d'avoir remporté le Mondial, le 11 juillet dans le Soccercity de Johannesburg contre les Pays-Bas (1-0 a.p.). Iniesta avait même marqué le fameux but de la finale en prolongation à la 116e minute. Messi, lui, avait vécu un Mondial sud-africain de cauchemar dans une équipe d'Argentine cornaquée par le fantasque Maradona. Les rêves du coach Maradona s'étaient fracassés sur la fougue d'une équipe d'Allemagne rajeunie en quart de finale (4-0). Le petit génie du milieu de terrain n'était pas le seul coupable du naufrage - une grande part de responsabilité incombait d'ailleurs à Maradona qui l'avait positionné trop loin des attaquants - mais Messi avait tout de même quitté le tournoi tête basse, sans avoir inscrit le moindre but ! "Pas besoin d'être très grand ou très fort" Le natif de Rosario sait qu'il a beaucoup à se faire pardonner sous ses couleurs nationales. Il a ainsi avoué à Zurich que remporter une Coupe du monde "serait mieux" que de soulever un Ballon d'Or. Au delà de la polémique qui risque de naître, Messi, qui avait déjà gagné le prix en 2009, peut en tout cas continuer à empiler tranquillement les trophées sur sa cheminée (Champion d'Espagne en 2005, 2006, 2009 et 2010 avec le FC Barcelone, vainqueur de la Ligue des champions en 2009). Une belle revanche pour celui qu'une croissance contrariée avait failli priver de tout ballon, qu'il soit d'or ou de cuir. Aujourd'hui, à 23 ans, il culmine seulement à 1,69 m mais il est considéré comme un des plus grands joueurs. "Lionel Messi, personne ne peut nier que c'est un joueur d'exception", poursuivait Blatter la semaine précédente. Impossible de ne pas lui donner raison là dessus. Mais le choix de lundi soir reste étonnant.