La prochaine édition du Forum Social Mondial aura lieu du 6 au 11 février 2011 à Dakar. C'est la première fois que ce Forum va s'organiser durant cette période. Auparavant, il s'était tenu pendant le Forum Économique Mondial de Davos. Mettant l'accent sur l'histoire des résistances et des luttes des peuples africains, le FSM 2011 devrait parvenir à créer une interface utile entre les luttes globales et les stratégies communes en Afrique, au Sud, et dans le reste du monde. Pour les organisateurs, le retour en Afrique est l'expression de la solidarité active du mouvement social international, un soutien très apprécié dans la mesure où « l'Afrique court le risque de porter le poids de la crise actuelle du capitalisme, et est dans les faits déjà affaiblie par les plans d'ajustement structurels des années 80 et 90 (…) ». En effet, le contexte mondial actuel est très bouleversé. Il connaît une crise sans précédent du système néolibéral dont les conséquences dramatiques en Afrique ces dernières décennies n'est plus à démontrer : hausse de la pauvreté, du chômage, des prix… Pour les organisateurs, ce FSM sera alors un espace dédié au renforcement de la capacité offensive contre le capitalisme néolibéral et ses instruments, pour approfondir les luttes et les résistances contre le capitalisme, l'impérialisme et l'oppression, ainsi que proposer des alternatives démocratiques et populaires. Le Forum propose alors 11 axes thématiques qui tiennent compte du contexte international actuel : 1. Pour une société humaine fondée sur des principes et des valeurs communs de dignité, de diversité, de justice, d'égalité entre tous les êtres humains, indépendamment des genres, des cultures, de l'âge, des incapacités, des croyances religieuses, et pour l'élimination de toutes les formes d'oppression et de discrimination basées sur le racisme, la xénophobie, les systèmes de castes, l'orientation sexuelle et autres. 2. Pour une justice environnementale et pour un accès universel et durable de l'humanité aux biens communs, pour la préservation de la planète comme source de vie, en particulier de la terre, de l'eau, des forêts, des sources d'énergie renouvelable et de la biodiversité, garantissant les droits des peuples indigènes, originaires, traditionnels, autochtones et natifs sur leurs territoires, les ressources, les langues, les cultures, les identités et les savoirs. 3. Pour l'applicabilité et l'effectivité des droits humains – économiques, sociaux, culturels, environnementaux, droits civils et politiques - , en particulier le droit à la terre, à la souveraineté alimentaire, à l'alimentation, à la protection sociale, à la santé, à l'éducation, au logement, à l'emploi, au travail décent, à la communication, à l'expression culturelle et politique. 4. Pour la liberté de circulation et d'établissement de toutes et de tous, plus particulièrement des migrants…, des personnes victimes du trafic humain, des réfugiés, des peuples indigènes, originaires, autochtones, traditionnels et natifs, des minorités, des peuples sous occupation, des peuples en situation de guerre et conflits et pour le respect de leurs droits civils, politiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux. 5. Pour le droit inaliénable des peuples au patrimoine culturel de l'humanité, pour la démocratisation des savoirs, des cultures, de la communication et des technologies, valorisant les biens communs afin de visibiliser les savoirs subjugués, et pour la fin des savoirs hégémoniques et de la privatisation, des savoirs et des technologies, changeant fondamentalement le système des droits de la propriété intellectuelle. 6. Pour un monde débarrassé des valeurs et des structures du capitalisme, de l'oppression patriarcale, de toute forme de domination des puissances financières, des transnationales et des systèmes inégaux de commerce, de la domination coloniale et de la domination par la dette. 7. Pour la construction d'une économie sociale, solidaire, émancipatrice, avec des modèles soutenables de production et de consommation et un système de commerce équitable, qui mette au cœur de ses priorités les besoins fondamentaux des peuples et le respect de la nature, garantissant une redistribution globale avec une fiscalité internationale et sans paradis fiscaux. 8. Pour la construction et l'expansion de structures et d'institutions démocratiques politiques et économiques locales, nationales et internationales, avec la participation des peuples aux prises de décision et au contrôle des affaires publiques et des ressources, respectant la diversité et la dignité des peuples. 9. Pour la construction d'un ordre mondial basé sur la paix, la justice et la sécurité humaine, le droit, l'éthique, la souveraineté et l'auto-détermination des peuples, condamnant les sanctions économiques et pour des règles internationales sur le commerce des armes. 10. Pour la mise en valeur des histoires et des luttes de l'Afrique et de sa diaspora et de leur contribution à l'humanité, reconnaissant la violence du colonialisme. 11. Pour une réflexion collective sur nos mouvements, le processus du Forum Social Mondial et nos perspectives pour l'avenir. A rappeler que la précédente édition du FSM a eu lieu en janvier 2010 au Brésil.