Des anarchistes vêtus de noir, protestant violemment contre la tenue du sommet du G20 à Toronto, ont endommagé samedi des devantures de magasins de la capitale financière du Canada ainsi que plusieurs voitures de police. Les incidents se sont produits dans Bay Street, le quartier financier, et sur Queen Street, une rue branchée de la ville, en marge de la manifestation plutôt pacifique des anti-G20 qui a attiré plusieurs milliers de personnes. Le chef de la police de Toronto, Bill Blair, a reconnu que les forces de sécurité avaient eu du mal à contrôler la foule. Selon le dernier bilan communiqué en début de nuit, la police a procédé à 130 interpellations au moins. Réduire les déficits ou stimuler la croissance? Les dirigeants des huit pays les plus industrialisés (G-8) n'ont pas tranché samedi sur la stratégie économique à adopter lors de leur sommet à Huntsville, dans l'Ontario. Ils ont par ailleurs appelé samedi l'Iran à un plus grand respect des droits de l'Homme et condamné le torpillage en mars d'un bâtiment sud-coréen, imputé à la Corée du Nord. Les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, le Canada et la Russie avaient ouvert les discussions vendredi à Huntsville, localité située à deux heures de route au nord de Toronto. Le président américain Barack Obama a fait valoir que l'économie mondiale demeurait fragile, après la sévère récession de 2009. Les pays qui tenteraient de résorber leur déficit trop rapidement, à coups de coupes budgétaires et de hausses d'impôts, risqueraient de ralentir la timide reprise, a-t-il mis en garde. La Grande-Bretagne, l'Allemagne, le Canada et le Japon ont pour leur part jugé qu'il était impératif de sortir du rouge, ne serait-ce que pour rassurer les investisseurs. Ces derniers sont presque aussi nerveux qu'en mai, lorsque la Grèce avait frôlé le défaut de paiement. "Le débat ne porte pas tant sur la direction à prendre que sur son rythme", assurait-on de sources européennes, affirmant que le président Obama ne remettait pas en cause la nécessité de ramener les comptes publics à l'équilibre. Simplement, "l'ajustement budgétaire ne devrait pas être trop fort en Europe". Selon ces sources, les mesures de relance devraient s'achever progressivement, et à des rythmes adaptés à chaque pays: le Portugal, l'Espagne et la Grèce doivent faire vite, tandis que l'Allemagne et la France ont une plus grande marge de manoeuvre. "Ici, nous disons, il faut de façon coordonnée préparer les scénarios de sortie de crise", a commenté le président français Nicolas Sarkozy lors de la conférence de presse finale du G-8. Personne, a-t-il souligné, n'a contesté "la nécessité de réduire l'endettement et les déficits et, en même temps, de le faire d'une façon pragmatique, tenant compte de la situation propre à chaque pays". "Je n'ai pas entendu par exemple Barack Obama se plaindre du plan de redressement des finances de la Grèce ou de l'Espagne. Et de la même façon (la chancelière allemande) Mme Merkel a indiqué combien il était important que l'Europe ait d'avantage de croissance", a-t-il dit. Samedi à la mi-journée, les dirigeants du G-8 devaient gagner Toronto, afin d'y retrouver les dirigeants des pays émergents tels que la Chine, le Brésil et l'Inde, pour un sommet du G-20. Là encore, ils discuteront stratégie économique. Ils parleront aussi réforme du système financier. Juste avant d'arriver au Canada, Barack Obama a obtenu un accord du Congrès américain sur certaines mesures destinées à éviter une répétition de la crise des sub-primes de 2008. Les Etats-Unis vont encourager les autres membres du G-20 à prendre eux aussi des mesures pour mieux encadrer les activités des banques. Cependant, les observateurs ne s'attendent à rien de concret d'ici la fin du week-end. Les dirigeants du G-20 devraient repousser les décisions difficiles sur la régulation des banques à leur prochaine rencontre à Séoul, en novembre. En matière de politique étrangère, les dirigeants du G-8 ont pointé du doigt l'Iran et la Corée du Nord. "Nous exhortons le gouvernement iranien à respecter la règle du droit et la liberté d'expression, tels qu'exposés dans les traités internationaux dont l'Iran est partie prenante", selon le communiqué commun diffusé samedi. Les dirigeants du G-8 se disent également "profondément préoccupés" par le "manque de transparence" de l'Iran "concernant ses activités nucléaires et ses intentions déclarées de poursuivre et développer l'enrichissement d'uranium".