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Indice du développement humain Un nouveau désaccord entre le Maroc et le PNUD
Bruno Pouëzat : Le PNUD ne changera pas sa méthode de classement des pays, malgré les critiques du Maroc
M. Lahlimi : Cette allégation m'étonne d'autant plus qu'elle est attribuée à un représentant délégué du PNUD Une nouvelle brouille entre le Maroc et le PNUD s'annonce. Le nouveau représentant de l'institution onusienne a déclaré que le PNUD ne changera pas sa méthode de classement des pays en matière de développement humain malgré des critiques du Maroc. A peine installé dans son nouveau bureau à Rabat, Bruno Pouëzat vient de déclarer récemment, lors d'une conférence sur le «développement humain au cœur de la coopération du PNUD avec le Maroc (2010-2011) », tenue dans la capitale administrative du Royaume: « Même si on change de méthode de calcul, le classement ne changera pas. On travaille avec un indice pertinent et il reste pertinent. Le PNUD ne fabrique pas les données ». Et de poursuivre que « malgré cette divergence, il ya une bonne coopération entre le PNUD et le Maroc. Nous sommes heureux de travailler avec le gouvernement marocain. » M. Pouëzat a admis cependant que « le Maroc a une expérience et une expertise très importante en matière de développement humain, qu'il faut généraliser et en faire bénéficier les pays du Sud, notamment subsahariens ». Selon lui, les organismes marocains sont appelés à généraliser l'expertise accumulée dans le domaine du développement au reste des pays du Sud, consolidant ainsi le renforcement de la coopération Sud-Sud. Le représentant du PNUD au Maroc a souligné, par ailleurs, que « le rythme soutenu du processus de développement que vit le Maroc impose un défi aux organismes onusiens, qui doivent accompagner le Royaume dans son développement ». M. Pouëzat a, d'autre part, relevé la volonté affirmée du Maroc, traduite depuis 2005 par le lancement de l'initiative nationale de développement humain et la création d'un observatoire de développement humain, mettant l'accent sur les mutations rapides que connaît le Royaume et la qualité des infrastructures mises en place à travers le pays. En réaction à la déclaration de M. Pouëzat, le Haut Commissaire au Plan (HCP), M. Ahmed Lahlimi, s'est dit « fort étonné » par les déclarations du représentant du PNUD au Maroc, sur la pertinence présumée de l'actuel Indice du Développement Humain (IDH) dans le classement des pays. « Cette allégation m'étonne d'autant plus qu'elle est attribuée à un représentant délégué du PNUD», a affirmé M. Lahlimi, cité par notre confrère « Libération », tout en contestant point par point les déclarations du représentant du PNUD au Maroc. « En ce qui concerne la pertinence, cela ne me semble pas être l'avis de la communauté statistique internationale légitimement représentée par la Commission statistique des Nations Unies », a déclaré M. Lahlimi, affirmant que « le PNUD ne changerait pas sa méthode de classement des pays en matière de développement humain ». M. Lahlimi a rappelé que « la réponse du PNUD à la Commission statistique des Nations Unies, lors de sa réunion sur cette question, avait reconnu et continue à reconnaître les limites de l'IDH », ajoutant que « le PNUD s'est engagé à le modifier dès qu'il le pourrait ». « Le PNUD justifie sa position par l'absence de statistiques suffisantes pour permettre un indice de développement humain plus pertinent. Nous savons, du reste, que plus d'une soixantaine d'Etats contestent l'absence de statistiques fiables ou de statistiques tout court », a dit M. Lahlimi, estimant que « le représentant du PNUD au Maroc ne peut pas ne pas convenir que, dans ces conditions, il est pour le moins aberrant de procéder à des classements des pays en fonction de leurs performances évaluées sur cette base ». « C'est sur les réalisations des pays que doivent être jugées les performances », a déclaré M. Lahlimi, rappelant que « c'est sur cette base que se sont engagés les Chefs d'Etat au niveau de la communauté internationale ». Le Haut Commissaire au Plan a indiqué que « le représentant du PNUD serait mieux inspiré de débattre avec les Marocains sur les Objectifs du Millénaire comme l'appelle à le faire la Commission statistique des Nations Unies et au sujet de laquelle le secrétaire général de l'ONU appelle à un sommet des Chefs d'Etat en septembre 2010 ».