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Le président de la Banque mondiale s'exprime sur les relations économiques internationales au lendemain de la crise (2ème partie) La part du monde en développement dans le PIB mondial est passée de 33,7 % en 1980 à 43,4 % en 2010
Les marchés boursiers d'Asie représentent 32 % de la capitalisation boursière mondiale Au niveau des pays membres du Conseil de coopération du Golfe, les réserves officielles brutes établies à plus de 500 milliards de dollars à fin de 2008 et les actifs des fonds souverains estimés à 1.000 milliards de dollars Si le Maghreb parvient à surmonter ses lignes de fracture historiques, il pourra participer au processus d'intégration Euro-Med lié à la fois au Moyen-Orient et à l'Afrique. Robert B. Zoellick, président de la Banque mondiale a donné le 14 avril à Woodrow Wilson Center for International Scholars un exposé intitulé : « « La fin du tiers-monde? Moderniser le multilatéralisme pour un monde multipolaire ». Lire ci-dessous la seconde partie de l'intégralité de cet exposé. La première partie a été reproduite lors de notre précédent Supplément Economique du 21 avril 2010. Cela vaut pour un grand nombre de défis qui se profilent à l'horizon : l'eau, les maladies, les migrations, la démographie, les États fragiles et les pays sortant d'un conflit. Au moment où nous considérons le G-20 comme un nouveau forum, nous devons prendre garde de ne pas imposer une nouvelle hiérarchie rigide au monde. Il faudrait plutôt que le G-20 fonctionne comme un « groupe de coordination » d'un réseau de pays et d'institutions internationales. Il devrait prendre en compte l'interdépendance des problèmes et promouvoir les questions d'intérêt commun. Ce système ne saurait être ni hiérarchique, ni bureaucratique. Enfin, il devrait prouver son efficacité en obtenant des résultats concrets. Le danger, si les forces politiques poussent les pays à se préoccuper à nouveau de leurs intérêts particuliers, est que nous traitions les mutations mondiales à travers le prisme de l'ancien G-7 ; les pays développés, aussi bien intentionnés soient-ils, ne peuvent pas représenter le point de vue des pays émergents. Le statu quo géopolitique n'est pas une option viable. Nous ne pouvons pas non plus nous réfugier dans un « multilatéralisme à l'ancienne » — une philosophie qui remonte à Metternich et au congrès de Vienne, c'est-à-dire au XIXe siècle — qui s'opposerait au changement. La « nouvelle géopolitique de l'économie multipolaire » doit répartir les responsabilités tout en tenant compte de la diversité des perspectives et des circonstances, afin de promouvoir davantage nos intérêts communs. Prenons l'exemple de la réforme financière : le monde a payé très cher, sous forme de destructions d'emplois et de vies brisées, l'effondrement du système financier mondial. Bien entendu, il est nécessaire d'améliorer la réglementation financière grâce à l'adoption de normes plus rigoureuses en matière de fonds propres, de liquidités et de contrôles. Le nouveau cadre de supervision devra prendre en compte les risques systémiques, abroger les réglementations qui accentuent les fluctuations des cycles, regrouper les activités de contrôle pour éliminer les lacunes, et prendre en compte l'inflation des prix des actifs en plus de celle des biens et des services. Mais méfions-nous des conséquences indésirables ! Il faut se garder d'aggraver la situation en encourageant le protectionnisme financier ou en restreignant injustement l'accès des pauvres aux services financiers. Une réglementation élaborée à Bruxelles, Londres, Paris ou Washington peut donner de bons résultats dans le cas des grandes banques du monde développé, mais qu'en est-il des banques plus petites, qu'elles se trouvent dans les pays développés ou en développement ? Cette réglementation risque d'étouffer le secteur financier, l'innovation et la gestion du risque dans les pays en développement. Elle peut rendre plus difficiles les investissements internationaux. L'obligation d'« emprunter localement » pourrait avoir les mêmes effets que l'obligation d'« acheter localement ». La règle de la « présence physique locale » risque d'entraver la prestation de services comme elle peut asphyxier les échanges commerciaux. Le précepte de la « liquidité locale » pourrait fragmenter la gestion des liquidités au plan mondial et alourdir fortement les coûts sans améliorer la sécurité. Les produits dérivés ont maintenant mauvaise réputation, ce qui est compréhensible si l'on se souvient de l'affaire AIG. Pour autant, il est vrai aussi que les agriculteurs du Midwest utilisent les produits dérivés pour se protéger de la volatilité des cours céréaliers. Le Mexique a eu recours aux options sur produits énergétiques pour verrouiller le prix du pétrole qui finance une grande partie de son budget. La Banque mondiale a joué un rôle de pionnier dans le domaine des swaps de devises, et elle utilise ces instruments pour se protéger contre les risques de change et de taux d'intérêt. Nos prêts incluent des mécanismes de couverture visant à prémunir les emprunteurs contre ces risques, mais aussi contre d'autres dangers tels que la sécheresse et les catastrophes. En promouvant les emprunts en monnaies nationales, liés aux marchés mondiaux, nous avons contribué à protéger les pays en développement contre les raz-de-marée financiers de la crise récente. L'innovation financière, lorsqu'elle est utilisée et supervisée avec prudence, engendre des gains d'efficacité et protège contre les risques. La Banque mondiale a fait œuvre de pionnier en créant des instruments tels que l'assurance du bétail pour les éleveurs mongols, le dérivé climatique visant à protéger le Malawi contre les sécheresses et le mécanisme d'assurance contre les risques de catastrophe dans les Caraïbes. Ce mécanisme a permis de verser 8 millions de dollars à Haïti en janvier dernier, immédiatement après le tremblement de terre, avec une rapidité inégalée. Comme l'a fait remarquer l'ex-président du Mexique M. Zedillo, le problème des populations pauvres n'est pas que les marchés soient en surnombre, c'est qu'ils soient trop peu nombreux : nous avons besoin de marchés pour promouvoir le microcrédit et appuyer les petites et moyennes entreprises, notamment celles qui sont dirigées par des femmes ; nous en avons besoin pour financer le transport, le stockage et la vente de marchandises ; enfin, nous en avons besoin pour épargner, assurer et investir. Wall Street a mis en évidence les dangers de l'innovation financière. Nous devons en tirer les enseignements et prendre des mesures énergiques. D'un autre côté, le développement a fait la preuve de ses avantages. Agir en fonction de préoccupations populistes dans le cadre du G-7 risquerait de priver d'opportunités des milliards d'êtres humains. Prenons l'exemple du changement climatique : le danger est que l'on applique les règles des pays développés pour imposer une solution toute faite aux pays en développement. Ils la refuseront. Les mesures de lutte contre les changements climatiques peuvent aller de pair avec la croissance et inciter les pays en développement à se rallier à un modèle sobre en carbone – mais à condition qu'elles ne leur lient pas les mains. Le problème n'est pas le manque de détermination à créer un avenir plus « vert ». Les habitants des pays en développement souhaitent eux aussi vivre dans un environnement propre. Les pays en développement ont besoin d'aide et de moyens financiers pour investir dans une croissance plus propre. Pas moins de 1,6 milliard de personnes sont privées d'accès à l'électricité. Le défi à relever est de faciliter l'évolution vers des sources d'énergie moins polluantes sans compromettre l'accès, la productivité et la croissance nécessaires pour arracher des centaines de millions de personnes à la pauvreté. Si l'on veut éviter les discours géopolitiques d'usage, il faut envisager les choses différemment, en sortant du dilemme énergie-environnement. Nous devons poursuivre des politiques qui tiennent compte du prix du carbone ; qui améliorent la maîtrise de l'énergie ; qui développent les technologies énergétiques propres adaptées aux pays pauvres, comme l'énergie solaire hors réseau ; qui ouvrent la voie au géothermique ; et qui encouragent des modes d'utilisation des forêts et des terres avantageux pour tous. C'est ainsi que nous pourrons créer des emplois et améliorer la sécurité énergétique. Les barrages hydroélectriques ont alimenté la croissance dans les pays développés. Certains ne pensent pas que les pays en développement devraient avoir accès aux sources d'énergie au même titre que les pays développés. Cette pensée leur est aussi naturelle que le geste d'appuyer sur un interrupteur et de laisser une pièce vide allumée. S'il nous faut certes protéger l'environnement, nous ne pouvons condamner les enfants africains à faire leurs devoirs à la lueur d'une chandelle ou priver les travailleurs africains de possibilités d'emploi dans le secteur manufacturier. L'approche du problème à travers le prisme des pays développés est la meilleure façon de s'aliéner l'appui des pays en développement en faveur des objectifs globaux pour l'environnement. Gérer la réponse à la crise Prenons la réponse à la crise : dans un monde en mutation, le danger est que les pays développés privilégient les réunions au sommet consacrées aux systèmes financiers ou qu'ils se focalisent sur les problèmes de gestion de pays développés comme la Grèce. Les pays en développement ont besoin de sommets consacrés aux pauvres. L'une des leçons de la crise est que des filets de sécurité efficaces ont permis d'éviter la perte d'une génération entière – ce qui n'avait pas été le cas lors de la crise asiatique des années 90. Prêter l'oreille aux problèmes des pays en développement n'est plus une simple question de charité ou de solidarité : il y va de notre propre intérêt. Ces pays sont aujourd'hui des moteurs de croissance et des importateurs de biens d'équipement et de services produits par les pays développés. Les pays en développement ne veulent pas débattre uniquement du niveau élevé de la dette dans les pays développés ; ils veulent que la réflexion porte sur les investissements productifs dans l'infrastructure et le développement du jeune enfant. Ils veulent avoir libre accès aux marchés pour créer des emplois, améliorer la productivité et accélérer la croissance. Nombre d'entre eux recherchent des moyens d'exploiter les innovations et l'efficacité des marchés privés pour créer des infrastructures et des services publics durables. Mais pour moderniser le multilatéralisme, il ne suffit pas que les pays développés apprennent à s'adapter aux besoins des puissances émergentes. Le pouvoir confère des responsabilités. Les pays en développement doivent reconnaître qu'ils font aujourd'hui partie de l'architecture mondiale. Ils ont tout à gagner de systèmes internationaux vigoureux, dynamiques et souples dans tous les domaines – financement, commerce, circulation des idées et des personnes, environnement – et de solides institutions multilatérales. Il nous faut rechercher les points de convergence qui permettront de trouver des solutions mutuellement avantageuses, mais nous devons aussi tenir compte des obstacles politiques et des préoccupations locales. Les dirigeants doivent parvenir à des accords qui permettent de rallier un soutien national. La dynamique du développement n'opère plus sur le seul axe Nord-Sud. Elle se propage également dans le sens Sud-Sud et même Sud-Nord, et tous ceux qui gardent un esprit ouvert peuvent en tirer des leçons. Elle est à l'œuvre dans les programmes de transfert monétaire conditionnel au Mexique, qui font école dans le monde entier. Elle est relayée par les Indiens d'Afrique qui expliquent comment la « révolution blanche » a dopé la production laitière. Elle engendre un monde nouveau dans lequel les pays en développement sont à la fois bénéficiaires et prestataires de l'aide financière et technique. Il ne s'agit pas de proposer des panacées idéologiques, des modèles passe-partout ni des solutions toutes faites. Dans une économie multipolaire, le développement doit être pragmatique, privilégier l'apprentissage par l'action, suivre l'évolution des marchés et des possibilités commerciales et se nourrir de l'échange d'idées et du partage de savoir via la création de nouveaux réseaux à l'image de ceux qui relient les marchés entre eux. L'avenir du développement, c'est une nouvelle vision de l'aide : les fonds souverains et les fonds de pension qui investissent aux côtés du Groupe de la Banque mondiale en Afrique représentent une nouvelle forme d'intermédiation financière. Ce n'est pas de la charité. C'est la recherche d'investissements rentables. L'IFC aide à surmonter les obstacles à l'information et à réduire les coûts de transaction. Notre objectif est purement et simplement de révolutionner l'aide financière aux pays en développement. Comment gérer la « nouvelle donne géopolitique dans une économie multipolaire » où chacun est équitablement représenté dans des associations ouvertes à tous, et non des clubs dont les membres sont triés sur le volet ? Si les plaques tectoniques se déplacent, les institutions multilatérales doivent aussi évoluer. La crise a mis en lumière les possibilités offertes par la coopération internationale, mais elle a également souligné la nécessité de moderniser et de renforcer les institutions multilatérales pour tenir compte de la nouvelle physionomie du monde. Face à cette nouvelle réalité, il faut recenser les intérêts mutuels, s'entendre sur l'action commune à mener et gérer les différences entre des pays confrontés à des situations qui n'ont jamais été aussi diverses. Il faut des institutions dynamiques, souples, responsables et capables de mobiliser les ressources nécessaires pour donner la parole à ceux qui ne peuvent faire entendre leur voix. Il faut des institutions qui approchent leurs partenaires avec humilité et respect, qui soient prêtes à apprendre des autres et qui puissent servir de trait d'union dans un nouveau monde d'échanges de savoir Sud-Sud et Sud-Nord. Et il faut des institutions capables de produire des résultats concrets et de rendre des comptes lorsqu'elles ne répondent pas aux attentes. Pour les aider à jouer ce rôle, le Groupe de la Banque mondiale doit évoluer à un rythme toujours plus rapide. Les institutions publiques ont tendance à évoluer plus lentement que les organisations privées confrontées à la concurrence. Nous sommes conscients de ce risque. C'est pourquoi nous avons lancé le programme de réforme le plus ambitieux de toute l'histoire de notre institution. Un Groupe de la Banque mondiale modernisé doit refléter les réalités économiques internationales du XXIe siècle, en reconnaissant le rôle et les responsabilités d'un nombre grandissant d'acteurs, mais aussi leur diversité et leurs besoins particuliers, et permettre à l'Afrique de mieux se faire entendre. Compte tenu de ces besoins, nous exhortons nos actionnaires à tenir dans quelques jours leur promesse de porter la part des voix collectivement par les pays en développement à 47 % au moins du total des voix. Mais nous n'en resterons pas là. Suivant une procédure inédite de la part d'une institution financière internationale, la Banque procèdera tous les cinq ans à un examen de la répartition du capital pour pouvoir la modifier en fonction de la croissance économique et de l'évolution de la situation de ses actionnaires, l'objectif étant de parvenir à terme à une répartition équitable. Pour la première fois, les parts seront calculées suivant une formule qui tienne compte des besoins et des missions du Groupe de la Banque mondiale : elles refléteront non seulement le poids économique, mais aussi les contributions à notre fonds en faveur des pays les plus pauvres. L'équipe de direction de notre institution compte aujourd'hui un nombre record de ressortissants de pays en développement et de femmes. Mais nous devons faire mieux encore. Nous devons considérer les pays en développement comme nos clients et non comme de simples objets d'application de modèles de développement théoriques. Nous devons les aider à résoudre des problèmes et non tester des hypothèses. Mais pour résoudre des problèmes, il faut des ressources. Depuis la mi-2008, point culminant de la crise, le Groupe de la Banque mondiale a engagé plus de 100 milliards de dollars au titre de l'aide aux pays en développement. Ce chiffre est sans précédent, et je tiens à remercier tout particulièrement les services du Groupe de la Banque qui ont su se montrer à la hauteur de la tâche. Nous avons rapidement mobilisé les fonds nécessaires là où il le fallait. Bien que le Groupe de la Banque accorde normalement des prêts pour des projets à long terme, nos décaissements au titre du développement ont dépassé les versements du FMI aux pays en crise. Le Groupe de la Banque mondiale a su utiliser efficacement les ressources disponibles pour intensifier son action face au danger. Il lui faudra davantage de ressources pour soutenir la reprise de la croissance et faire du multilatéralisme moderne une réalité dans cette nouvelle économie mondiale multipolaire. Si cette reprise s'essouffle, nous ne pourrons pas intervenir. C'est pourquoi la Banque mondiale, pour la première fois en plus de 20 ans, cherche à augmenter son capital. Les actionnaires peuvent soit décider de renforcer l'institution, soit accepter que son influence diminue et perdre ainsi une institution multilatérale efficace qui n'aurait pas les moyens de relever de futurs défis. En plus de fournir les ressources financières indispensables, nous montrons comment un multilatéralisme moderne peut effectivement fonctionner et comment les 186 pays membres de notre institution coopèrent. Plus de la moitié des ressources qui seront levées pour accroître notre capital proviendront de pays en développement par le biais de tarifs plus élevés et d'apports de capitaux plus importants. L'adoption d'un tel train de mesures représenterait un bel exemple de multilatéralisme qui contrasterait avec les revers essuyés récemment dans les domaines du changement climatique et du commerce. Il ne suffit pas d'accroître la participation et les ressources. Nous devons aussi faire mieux en termes d'efficacité, de capacité d'adaptation, d'innovation, de souplesse et de responsabilité. Notre plan de réforme vise à recentrer notre action sur les domaines où notre valeur ajoutée est la plus forte, qu'il s'agisse de cibler les pauvres et autres groupes vulnérables, notamment en Afrique subsaharienne, de créer des opportunités de croissance, de promouvoir une action collective de portée mondiale dans des domaines tels que le changement climatique, l'agriculture, l'eau et la santé, de renforcer la gouvernance et de se préparer à faire face à des crises. Notre plan de réforme vise à moderniser nos produits et nos services en privilégiant l'innovation et en concevant un nouveau modèle de décentralisation qui permette à nos spécialistes d'opérer plus près des clients, tout en centralisant et en adaptant connaissances et expériences pour les diffuser dans le monde entier. Notre action doit avoir à la fois une portée mondiale et une sensibilité locale. Notre plan de réforme est axé sur les résultats : nous renforçons notre action de promotion de la gouvernance et de lutte contre la corruption, notamment en mettant l'accent sur la prévention, et nous montrons la voie aux autres institutions internationales en matière de transparence et de responsabilité. Notre nouvelle politique d'accès à l'information, qui s'inspire de la législation sur la liberté de l'information en Inde et aux États-Unis, est une autre innovation de la Banque dont on peut espérer qu'elle sera reprise par d'autres institutions internationales. Nous avons décidé de donner librement accès aux données de la Banque mondiale. La semaine dernière, nous avons conclu un accord avec d'autres banques multilatérales de développement pour inscrire sur une liste noire commune les personnes physiques ou morales coupables de corruption. Et nous mettons en place un tableau de bord qui nous obligera à rendre mieux compte de notre action. Nous savons que nous faisons parfois fausse route. S'il était facile d'éliminer la pauvreté, celle-ci aurait disparu depuis longtemps. En permettant aux autres de voir ce que nous faisons, comment nous procédons et les résultats que nous obtenons, il sera plus facile de détecter les erreurs et d'y remédier plus rapidement. Cet ensemble de réformes donnera un nouveau visage à la Banque mondiale, qui ne sera plus celle des premiers jours, ni même celle des dernières années. Conclusion Une réforme ne peut pas être un effort ponctuel. Ce doit être un processus continu d'apprentissage et d'ajustement permanent aux nouvelles réalités. S'il nous est impossible de prédire l'avenir, nous pouvons discerner certaines évolutions, et l'émergence d'une économie mondiale multipolaire en est une. Il ne s'agit pas d'une aberration ni d'une anomalie passagère. Nous vivons dans un monde d'États-nations. Mais ceux qui pèsent sur notre avenir commun - pays développés ou en développement de toutes les régions du monde - sont aujourd'hui plus nombreux. Cela pourrait bien augurer de l'avenir. Mais cette nouvelle économie multipolaire se dessine encore. Sa configuration reste à définir. Le système multilatéral moderne doit répondre à cette évolution. Le multilatéralisme moderne doit être pragmatique. Il doit reconnaître que l'exercice de l'autorité gouvernementale relève encore pour l'essentiel des États-nations, mais que de nombreux processus de décision et sources d'influence existent en dehors de la sphère gouvernementale. Le multilatéralisme moderne doit faire intervenir de nouveaux acteurs, promouvoir la coopération entre « anciens » et « nouveaux », et mobiliser les institutions mondiales et régionales pour faire face aux menaces et saisir les opportunités qui dépassent les capacités d'un seul État. Le multilatéralisme moderne ne sera pas un club fermé qui fait beaucoup plus d'exclus qu'il ne compte de membres. Il ressemblera davantage au maillage souple de l'Internet, qui relie de plus en plus de pays, d'entreprises, d'individus et d'ONG dans un réseau mondial. Des institutions multilatérales légitimes et efficaces, dotées des ressources nécessaires et capables de produire des résultats, peuvent former le tissu qui viendra étoffer la structure de ce système multipolaire dynamique. Woodrow Wilson aspirait à une Ligue des Nations. Nous devons créer une Ligue de Réseaux. L'heure est venue d'abandonner les notions désuètes de pays développés et de tiers monde, de leaders et de suiveurs et de donateurs et de demandeurs. Nous devons soutenir l'émergence de nouveaux pôles de croissance qui profitent à tous.