Deux jours après le déluge qui s'est abattu sur Madère, les autorités locales et les secours redoutent que le bilan officiel de 42 morts ne s'alourdisse avec la découverte de nouvelles victimes qui pourraient être ensevelies sous les éboulis ou noyées dans leurs voitures. Lundi soir, le gouvernement régional a annoncé qu'en plus des "42 morts confirmés" dont treize restent à identifier, 32 personnes étaient portées disparues. Parmi les victimes, figure une touriste britannique. Aucun autre étranger n'a été signalé disparu, selon la porte-parole du gouvernement régional, Conceiçao Estudante. De son côté, le maire de Funchal a annoncé en fin de journée la découverte de "six nouveaux corps" dans le district, mais l'information n'a pas été confirmée par la porte-parole. Dans un entretien lundi soir sur la télévision publique RTP, le président du gouvernement régional Alberto Joao Jardim a reconnu qu'il "craignait une hausse du nombre tragique de morts". "Je pense que les disparus ont été entraînés vers la mer et qu'il sera très difficile de retrouver leurs corps", a-t-il déclaré. Lundi, un ballet de pelleteuses et excavatrices s'est poursuivi toute la journée à Funchal, où les opérations étaient rendues très difficiles par l'état souvent impraticables des rues, creusées de cratères et encombrées de gravats. L'inquiétude était particulièrement vive autour de plusieurs centres commerciaux de Funchal, dont les parkings souterrains sont encore remplis d'eau, en dépit des efforts des dizaines de pompiers mobilisés. Selon des témoins, des automobilistes se seraient réfugiés dans ces parkings quand la pluie a brusquement forcé samedi en milieu de matinée, atteignant un niveau de 60 litres d'eau par heure. La situation au centre commercial d'Anadia, situé dans la partie basse de la ville et entièrement dévasté, suscitait les plus fortes craintes. En fin de journée, malgré les efforts des pompiers, aidés d'une énorme pompe capable d'aspirer un million de litres d'eau à l'heure, seul le premier sous-sol de ce parking à deux niveaux avait été entièrement dégagé sans qu'aucun corps n'ait été découvert. En dehors de Funchal, la région la plus touchée était Ribeira Brava, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest, où plusieurs dizaines de personnes ont été évacuées par mesure de précaution en raison de risques de nouveaux éboulements. Dans cette zone, des pans entiers de la voie rapide qui fait le tour de l'île ont disparu et de nombreuses routes secondaires restent coupées. Le président du gouvernement régional, Alberto Joao Jardim, avait demandé aux Madériens de "rester chez eux encore lundi afin de ne pas gêner les secours et éviter de prendre des risques". Les écoles resteront fermées au moins jusqu'à mercredi. La priorité du gouvernement régional est de rétablir les services de base, alors que de nombreuses communes restent privées d'eau et d'électricité, afin de pouvoir . A Funchal, la mairie a positionné des camions-citerne dans plusieurs quartiers, notamment sur les hauteurs de la ville afin de distribuer de l'eau portable. Ailleurs, le gouvernement régional a appelé la population à "faire bouillir l'eau avant de la consommer". Le gouvernement portugais a décrété lundi un deuil national de trois jours et le président Anibal Cavaco Silva a annoncé qu'il se rendrait sur l'île mercredi. Lisbonne a par ailleurs décidé de solliciter le Fonds de solidarité de l'Union européenne pour venir en aide à la région autonome de Madère, où de nouveaux renforts militaires ont été acheminés dans la journée.