Le Maroc dispose d'un niveau de risque pays faible. Sa note a été améliorée à «B1», selon Country Risk Atlas d'Allianz Trade. Le Royaume décroche ainsi la meilleure note en Afrique, aux côtés du Botswana. Le spécialiste de l'assurance-crédit, Allianz Trade, dévoile la deuxième édition de son rapport phare sur les risques pays. L'étude évalue les facteurs économiques, politiques, commerciaux et de développement durable pesant sur le risque d'impayés d'entreprises, et ce, dans 83 économies, dont le Maroc. La notation d'Allianz Trade se fait sur 6 niveaux allant de «AA» à «D» avec un indicateur d'alertes à court terme (4 niveaux allant de 1 à 4) qui mesure le cycle économique et les risques de financement de l'économie. Au cours de l'année 2024, Allianz Trade souligne avoir rehaussé la note de 48 pays et territoires, tandis que les dégradations se sont limitées à cinq, principalement au Moyen-Orient, dont Bahreïn, Israël et le Koweït. « Ces reclassements reflètent une reprise partielle de la croissance économique et des conditions de financement dans toutes les régions et se sont concentrés sur les trois premiers trimestres de l'année. Toutefois, seuls 17 reclassements concernent l'aspect à long terme de notre notation, ce qui souligne que ces améliorations sont en grande partie cycliques et potentiellement réversibles », lit-on.
La politique étrangère du Maroc alignée sur celle de l'Administration Trump Pour le Maroc, sa note de risque pays s'est améliorée à «B1», soit un niveau de risque faible. Avec cette notation, le Royaume montre sa résilience face aux chocs mondiaux, et sa capacité à renforcer la croissance économique. Plusieurs éléments plaident, en effet, pour le relèvement de sa note risque pays.Selon l'assureur, le Royaume est une économie de plus en plus diversifiée et un pôle de fabrication en pleine croissance vers l'UE ; déjà un des principaux fournisseurs automobiles de l'Europe. Il ajoute aussi que la politique étrangère du Maroc est alignée sur celle de l'Administration Trump. Bien plus, le pays affiche le meilleur score parmi les pays de l'Afrique du Nord en termes de risque pays, devant la Tunisie et l'Algérie qui présentent un niveau de risque moyen, et l'Egypte qui présente un niveau de risque sensible. La note « B1 » montre aussi que le Royaume fait mieux que les grandes puissances économiques africaines, notamment le Nigeria et l'Afrique du Sud qui présentent un niveau de risque sensible. « La croissance du PIB marocain est projetée à +3,1% en glissement annuel en 2024 et +3,5% en 2025. L'économie connaît actuellement un cycle d'expansion, aidé par plusieurs facteurs simultanés. La croissance de la production industrielle a connu des trimestres forts et devrait se poursuivre avec une augmentation des investissements étrangers dans le secteur manufacturier, l'énergie et les mines. La production agricole, qui a souffert ces dernières années d'une sécheresse prolongée, devrait connaître un certain soulagement, compte tenu des pluies de l'automne 2024 », souligne Allianz Trade. L'assureur fait savoir, d'autre part, que les arrivées de touristes devraient battre le record historique de l'année dernière, tandis que les dépenses de consommation et du gouvernement continuent de montrer des signes de vigueur, avec une confiance des consommateurs en hausse et des recettes publiques en hausse. Par ailleurs, la même source fait valoir que l'inflation a connu une baisse au début de 2024, ce qui devrait porter l'inflation annuelle à 1,7%. Elle devrait être supérieure à 2% en 2025 et 2026.
L'économie nationale continue de maintenir de faibles niveaux d'endettement Cependant, Allianz Trade estime que de nombreux défis se posent encore à l'économie et aux milieux d'affaires marocains. « Le climat est une préoccupation majeure. Les pluies de l'automne 2024 ont apporté un certain soulagement après l'année la plus sèche depuis 80 ans enregistrée en 2023. Cependant, fin 2024, des pluies torrentielles ont tué plus de 20 personnes dans le Sud du Maroc... Le Maroc est affecté par des conditions météorologiques traditionnellement observées au Mali ou en Mauritanie, beaucoup plus au Sud », écrit Allianz Trade. Par ailleurs, l'économie marocaine continue de maintenir de faibles niveaux d'endettement, prévus à 26,9 % du PIB en 2024, suivis d'une augmentation à plus de 27 % en 2025. Cependant, le déficit devrait continuer à augmenter de 4,2 % du PIB en 2024 et de 4,9 %en 2025. Allianz Trade note, d'autre part, que « les finances publiques doivent être surveillées alors que la capacité d'exportation est en hausse. Les dépenses publiques ont augmenté ces dernières années grâce à l'augmentation des recettes et à l'augmentation des émissions de dette ». A ce sujet, l'assureur note que le service de la dette est resté juste en dessous de la moyenne africaine à 5,5 % du PIB en 2024, mais il devrait atteindre 6,9 % en seulement deux ans. « Le gouvernement a exprimé son intérêt pour l'émission d'une euro-obligation d'une valeur de 1 milliard USD en 2025. Alors que les niveaux d'endettement offrent encore au ministère des Finances une certaine marge de manœuvre pour continuer à emprunter, certaines entreprises publiques sont fortement endettées, ce qui représente un risque budgétaire potentiel pour le gouvernement », lit-on.
Le dirham, l'une des monnaies les plus performantes d'Afrique Autre élément soulevé par l'assureur : le gouvernement marocain est en train de réformer certaines des entreprises publiques en difficulté en les ouvrant à la propriété du secteur privé (qui devrait lever près d'un milliard USD en 2024). Au niveau du marché de change, Allianz Trade rappelle que le wali de Bank Al-Maghrib a déjà évoqué une flexibilisation complète du dirham, actuellement. Cependant, selon le gouverneur de la banque centrale, un ciblage d'inflation réussi doit être atteint avant un échange entièrement flexible. « En 2024, le dirham s'est apprécié de plus de 2 %, faisant ainsi partie des monnaies les plus performantes d'Afrique. Les réserves internationales sont actuellement à un niveau record, compte tenu de l'augmentation des investissements directs étrangers, des revenus du tourisme et des transferts de fonds solides qui persistent à des niveaux record », fait savoir Allianz Trade.
A. CHANNAJE La croissance tirée par les principaux secteurs économiques Selon Allianz Trade, la croissance de l'économie marocaine au cours de la dernière décennie a été tirée par une augmentation globale de tous les principaux secteurs économiques, notamment les services, le gouvernement et l'industrie manufacturière, et dans une moindre mesure l'agriculture et la construction. Pourtant, le secteur de l'extraction a connu une forte baisse depuis la pandémie de Covid-19, en raison des fluctuations des prix mondiaux. La valeur de la principale exportation du Maroc, les phosphates, a diminué de -25 % entre le pic de 2021 et 2023, mais a déjà montré des signes de croissance en 2024. À moyen terme, poursuit toujours Allianz Trade, les phosphates ainsi que d'autres activités d'extraction devraient croître, compte tenu de l'augmentation des capacités de volume et du grand nombre de ressources naturelles disponibles au Sahara. Les automobiles suivent les phosphates en tant que première exportation marocaine, ajoute Allianz Trade. Et de poursuivre que le Maroc est actuellement l'un des principaux exportateurs de voitures vers l'UE,avec plus de 500.000 voitures exportées en 2023, à l'instar de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud. Le succès de l'industrie automobile marocaine fait suite à des années d'investissements de constructeurs automobiles européens comme Renault et Stellantis, visant à accroître la compétitivité dans la limite de leurs coûts et à atténuer les risques liés à la délocalisation. La même source ajoute que le Maroc poursuit activement un plan de développement sur plusieurs décennies pour élever son niveau de revenu du revenu moyen inférieur au revenu moyen supérieur. « Bien que le plan ne dispose pas des mêmes ressources en capital que celles des pays du Golfe, il met l'accent sur la diversification, l'attraction des investissements et les énergies renouvelables comme priorités clés. Une part importante des dépenses est allouée à des projets à grande échelle.