Angela Merkel et Nicolas Sarkozy adopteront ce jeudi 80 mesures visant à renforcer la coopération entre la France et l'Allemagne dans le cadre d'un "Agenda franco-allemand 2020", annonce l'Elysée. Le président et la chancelière présideront à Paris leur premier conseil des ministres franco-allemand après la mise en place du nouveau gouvernement à Berlin et l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne sur les institutions européennes. D'autres dossiers seront évoqués : les tractations sur le financement de l'avion de transport militaire A400M, la déroute financière de la Grèce et la situation en Afghanistan. Le conseil franco-allemand, qui se tient en principe deux fois par an, a été cette fois préparé en amont par les ministres chargés des relations européennes, Pierre Lellouche et Werner Hoyer, qui ont remis en janvier à Angela Merkel et Nicolas Sarkozy une lettre contenant une quarantaine de propositions. Ces 40 propositions se sont transformées en 80 projets constituant une feuille de route pour les dix prochaines années dans six grands domaines de coopération. Le premier est la poursuite d'efforts conjoints pour la sortie de crise, la régulation financière internationale et la stabilisation des finances publiques. "Pour favoriser la sortie de crise, nous souhaitons renforcer la convergence des analyses économiques et le dialogue et la coopération entre nos entreprises mais aussi entre les partenaires sociaux", explique l'Elysée. Les deux pays pourraient annoncer la création d'un observatoire franco-allemand de la conjoncture. Dans le domaine de l'énergie et du climat, Allemagne et France entendent notamment travailler ensemble à un accord mondial sur la lutte contre le réchauffement climatique, au développement des énergies renouvelables et au renforcement de la sécurité énergétique de l'Europe. Selon le secrétariat d'Etat aux Relations européennes, Paris et Berlin veulent également favoriser la création d'un standard européen unique en matière de véhicules électriques. Au chapitre croissance, innovation, recherche, éducation et enseignement supérieur, la coopération universitaire et dans le domaine de la formation professionnelle sera encouragée et le nombre d'étudiants et de chercheurs bénéficiant des programmes de l'université franco- allemande sera doublé d'ici 2020. Paris et Berlin lanceront des programmes communs de recherche, développeront leur coopération dans le spatial, notamment pour la mise au point d'un nouveau lanceur, et feront des propositions communes "en faveur d'une politique agricole européenne forte", précise encore l'Elysée. En matière de politique étrangère, de défense, de sécurité intérieure et d'immigration, la France confirmera son soutien à la candidature de l'Allemagne à un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. Berlin et Paris souhaitent associer plus étroitement la Pologne à la construction d'une Europe de la Défense. Dans le cadre d'un effort de rapprochement des deux sociétés civiles, un régime matrimonial commun, un statut du stagiaire et un volontariat civique franco-allemands seront mis en place. Enfin, en matière de coopération institutionnelle, le ministre chargé dans chacun des deux pays des relations européennes, pourrait s'exprimer devant le conseil des ministres de l'autre pays en fonction des sujets à l'ordre du jour. Fin 2009, l'Allemagne avait paru quelque peu snober la volonté française de renforcer la relation franco-allemande. Mais "il ne faut pas déduire du style détaché d'Angela Merkel un désintérêt", estime le secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Institut français des relations internationales (Ifri), Hans Stark. "Il y a une vraie volonté de part et d'autre pour oublier les crispations de 2007 et 2008", dit-il. "Angela Merkel a été réélue en 2009 et a bien compris que Nicolas Sarkozy est dans une situation qui lui permet de dominer la politique française peut-être même au-delà de 2012. Ils ont intérêt à coopérer."