Une gestation souffreteuse, une délivrance au forceps, des premiers pas que certains tentent d'entraver. Le nouveau code la route est né dans la douleur. Même si sa mise en application n'est prévue qu'à l'automne prochain, il n'en est que temps. Car il est vrai que les accidents sur les routes marocaines ne se comptent plus. Et le nombre des victimes de la circulation se chiffre par dizaines de milliers entre morts, estropiés à vie, et autres blessés. Les veuves et orphelins de cette hécatombe sont des dommages collatéraux (excusez le cynisme). Il nous fallait donc ce nouveau code coûte que coûte. On l'a. Mais pourrait-il être suffisant pour changer la situation? Saura-t-il nous rendre plus sûres nos routes? Pourrait-on, après son entrée en vigueur, réapprendre à faire confiance aux professionnels de l'asphalte et même aux conducteurs particuliers? Nous ne pouvons que l'espérer, tant que c'est une question qui implique tout un chacun. Car si le nouveau code de la route est là, on a aussi besoin d'un code de conduite morale. La loi à elle seule ne peut changer les mœurs, encore moins le comportement. Du moins pas du jour au lendemain. De mémoire de Marocain (législateur soit-il ou citoyen) jamais projet de loi n'a remué cieux et terre autant que l'a fait le nouveau code de la route. Et paradoxalement, tout le monde a focalisé un seul aspect du texte, à savoir le côté sanctions, amendes et permis à point, occultant du débat tous les autres points de la loi. La grogne est venue surtout des routiers professionnels. Et Dieu sait qu'ils sont nombreux. Et force est de reconnaître que pour certains de leurs arguments, ils ont raison. A titre d'exemple, un chauffeur d'autocar ou de camion risquait de perdre tous les points de son permis dans un simple aller-retour Casablanca-Agadir. Justement ou injustement, là est la question. Car nul n'ignore que certains comportements régissent ou sévissent sur les routes plus que la réglementation. L'idée est de ne jeter l'opprobre sur personne. Tant que nous sommes tous responsables. Des conducteurs qui préfèrent «s'arranger» plutôt que de payer l'amende et des agents d'autorité (police et gendarmerie) qui préfèrent «êtres tolérants» plutôt que de verbaliser. Et chacun y trouve son compte. Ce n'est là qu'une incitation au non respect du code de la route et un encouragement, voire une incitation à l'infraction. Avec tout ce que cela peut drainer en conséquences dramatiques. D'où l'impérieuse nécessité d'un code de conduite morale en parallèle avec le nouveau code de la route. Car le nouveau code de la route était vraiment nécessaire. Et quand bien même présenterait-il quelques lacunes, hiatus, quitte à rectifier le tir au fur et à mesure de sa mise en application. L'essentiel: le nouveau code est là, même si son accouchement a été des plus douloureux. Imaginez des négociations avec 60 syndicats représentant les différents segments du secteur! Et arriver au bout à un consensus sur le texte relève du miracle plus que d'une prouesse. Sans oublier les va-et-viens entre les commissions et les plénières des deux Chambres parlementaires. L'essentiel, le texte est là, et il n'en est que temps, même si on lui reconnaît un caractère d'intransigeance et de sévérité. Il ne reste qu'à se conformer à la loi et aux agents de la sécurité routière qu'à faire respecter la loi sans complaisance ni marchandage. Cela ne se fera pas facilement ni du premier coup. Mais gageons que tout le monde s'adaptera avec le temps. Et pour conclure, il y a lieu de noter qu'on oublie que le nouveau code ne contient pas que des sanctions. Il y a aussi, pour ne citer que ces points, la réforme des auto-écoles et des centres de visite technique et les avantages sociaux, autrefois inexistants, et dont bénéficieront les professionnels. Et on aimerait bien que le département de M. Ghallab soit plus prolixe en communication sur l'ensemble des volets du nouveau texte.