Des observateurs et professionnels du secteur agricole présents à la rencontre de communication avec le ministre de l'Agriculture organisée récemment par le Conseil de la Région à Settat ont été frustrés quant au manquement aux principes de l'objectivité et du franc-parler qui auraient indéniablement permis de faire un meilleur état des lieux et un réel diagnostic de la situation du secteur dans la région. En effet, le président de la Région, tout en insistant sur l'impact du rendement agricole de la Chaouia-Ouardigha sur l'économie nationale en raison de la dimension de sa superficie arable, de la richesse de son cheptel et de l'extension de ses bassins hydrauliques, avait annoncé la participation du Conseil Régional au soutien du secteur avec la somme de 18 millions de dirhams. Or, selon les mêmes sources, le président avait omis volontairement ou involontairement de toucher aux maux réels et aux aléas qui risquent d'handicaper tout processus de développement durable dans la région. Le ministre, dans sa longue allocution, a rappelé les grands axes du Plan Maroc Vert lancé en Avril 2008 devant S.M. le Roi Mohammed VI dont les contrats programmes et le suivi annuel de ces contrats. Le ministre a aussi insisté sur le rôle de l'Agence de Développement Agricole en matière de soutien et de concrétisation du plan agricole régional et des contrats- programmes pour un meilleur rendement. Or, comme le précisent nos observateurs et nos professionnels du secteur, le discours officiel est une chose et l'amertume de la réalité du quotidien agricole est une autre puisque le secteur continue de pâtir de moult maux. En effet, si le Plan Maroc Vert a pour finalité la mise en valeur de l'ensemble du potentiel territorial et la rupture avec l'image simpliste d'une agriculture duale opposant un secteur moderne à un secteur précaire, sur le terrain l'agriculture traditionnelle et vivrière continue de dominer le paysage Ainsi, clament certains fellahs, on est encore loin de l'accompagnement solidaire réel de la petite agriculture à travers, comme le stipule le Plan Maroc VERT, la réalisation de projets d'intensification et de professionnalisation des petites exploitations agricoles dans les zones rurales difficiles. D'autres éléments de blocage d'un réel développement agricole dans la région ont été soulevés, nous citons entre autres : - Invasion des terres agricoles par des usines dont les cimenteries et les briqueteries (nous reviendrons dans les détails sur ce sujet très alarmant). - Lenteur dans la réalisation des principaux axes du plan agricole régional. - Absence de l'accompagnement technique et scientifique des processus de reconversion et des nouvelles techniques d'élevage. - Clientélisme caractérisé en matière de distribution des semences et des engrais. - Absence de foires agricoles pour la commercialisation des produits du terroir. - Complexité maladive des administrations en rapport avec les fellahs. En général, la situation du secteur agricole est loin d'être idéale, malgré les efforts déployés dans le sens d'une meilleure harmonisation entre l'intensive et la vivrière. Néanmoins, beaucoup de travail reste à faire notamment en matière de projets sociaux, de reconversion des agriculteurs qualifiés de précaires, d'emploi en milieu rural et de lutte contre la pauvreté et l'exclusion. Et pour donner à nos lecteurs une idée sur les rapports présentés sur notre région que la nature a doté d'un million d'hectares arables dont 680.000 pour la culture céréalière et de 40 millions de m2 d'eau et qui s'impose parmi les meilleurs producteurs de viandes blanches et rouges du Royaume, voici quelques données sur le plan régional qui prévoit la réalisation de 53 projets estimés à un milliard de dirhams: - Olives : plantation de 40 mille ha pour 28 projets à raison de 12 tonnes par hectare. - Légumes et surtout pommes de terres pour 3 projets estimés à 196 millions DHS. - Raisins de table pour 5 projets estimés à 110 millions DHS. - Lait : 9 projets estimés à 110 millions DHS (la région produit 115 millions de litres de lait : 6% de la production nationale). - Viandes :191 projets estimés à 807 millions DHS pour les viandes rouges ( 109 mille têtes et 2ème place nationale) et 5 projets estimés à 218 millions DHS pour les viandes blanches (1ère place nationale pour une production de 85 mille tonnes ). De plus, le plan régional prévoit, pour les horizons de l'an 2020, un programme de 295 projets estimés à 9 milliards de DHS et juste après 20 mois du lancement du PLAN Maroc Vert, la Chaouia- Ouardigha a bénéficié de 5 projets en cours de réalisation estimés à 141,801 millions de DHS: - 17,46 millions de DHS pour le développement du secteur céréalier dans la province de Berrechid pour la production de blé tendre. - 12,265 millions de DHS pour les viandes rouges du Sardi dans la région De Brouj. - 2,176 millions de DHS pour les viandes rouges (bovins) dans la province de Benslimane). - 44, 54 millions de DHS pour la reconversion du céréalier par l'olivier pour une production de 7700 tonnes d'olives à Sidi Bettache (Benslimane). De grands projets fort ambitieux sont donc inscrits dans le cadre du plan agricole régional et il ne reste pour les instances concernées que la volonté et l'abnégation auxquels de tels projets appellent pour gérer les espoirs des agriculteurs de notre région dans la bonne gouvernance telle quelle a été prônée par notre Auguste Roi.