Auteur d'une saison historique et qualifié pour une deuxième fois consécutive aux Jeux Olympiques cet été, le surfeur marocain Ramzi Boukhiam, surnommé « le Lion de l'océan », a accepté de revenir avec nous sur ses performances et ses ambitions pour les échéances à venir. *Vous êtes qualifié pour les JO 2024 de Paris, il s'agit de votre deuxième participation à des Jeux Olympiques. Comment vous préparez-vous mentalement ?
-Oui exactement, deuxième fois au JO, fierté immense après Tokyo. Lors de ma dernière participation, je suis resté sur ma faim, j'ai hâte d'être à Tahiti pour pouvoir prendre ma rédemption. C'est une vague que j'aime, un endroit que j'aime beaucoup et je me sens confiant d'aller là-bas, donc j'ai très hâte.
*En 2021 à Tsurigasaki, près de Tokyo, vous étiez parvenu à réussir l'exploit de vous qualifier pour les 8èmes de finale. Visez-vous une performance encore plus aboutie à Teahupo'o (à Tahiti, lieu où se déroulera le programme olympique de surf de ces JO) ?
-Pour moi, j'avais fait une mauvaise compétition à Tokyo, les vagues étaient très compliquées, les conditions super difficiles. Donc là, j'espère vraiment faire beaucoup mieux, je vise la médaille d'or ou une médaille. Je sais que cela va être très difficile, il y a vraiment les meilleurs du monde et le surf reste un sport ingrat parce qu'on dépend aussi de l'océan, mais c'est exactement ce que je vise et je vais là-bas pour cela, je vais tout donner.
*Le surf n'est pas forcément la discipline la plus suivie par les spectateurs marocains, quel message voulez-vous transmettre aux Marocains afin qu'ils soient derrière leurs téléviseurs le jour « J » (le programme de surf se déroulera du 27 juillet au 5 août) ?
-Le Maroc est en train de devenir un pays du surf, doucement mais sûrement, et je sais qu'il y a beaucoup de Marocains qui me suivent déjà sur ma saison normale, sur la World Surf League, le WCT. Mais à tous les Marocains qui ne connaissent pas le surf, je les invite à regarder, parce que Teahupo'o, c'est vraiment une vague spéciale et si les conditions sont là, cela va vraiment être un show incroyable. Même quand on ne connaît rien au surf, c'est très captivant, c'est une vague spéciale et cela va être l'occasion parfaite pour découvrir ce sport magnifique.
*Vous êtes le premier Marocain et Arabe à se qualifier pour le Championship Tour (CT), mais aussi le premier à passer le Cut de mi-saison, quel effet cela fait ?
-Le WCT c'est mon rêve depuis tout petit, parce que quand j'ai commencé, le surf n'était pas aux JO, donc le WCT c'était vraiment le rêve ultime et l'objectif ultime. Forcément, de l'atteindre c'est quelque chose de très spécial pour moi et de faire ma première saison qui se passe plutôt bien, passer le cut et avoir une chance de finir dans le top 10 cette année. Pour une première année, je suis très content, je suis en train de vivre mon rêve et il me reste deux compétitions, les JO et la dernière étape à Fidji, ce sont deux vagues que j'adore, par conséquent, je suis très excité pour cette fin de saison.
*Dans le cadre du CT, les étapes de Tahiti, de Salvador et du Brésil ont déjà eu lieu, il ne reste que celle de Fiji. Actuellement 13ème du WCT, pensez-vous être dans un ballotage favorable pour viser le très prestigieux Final 5 ?
-Le top 5 ça va être difficile, mais le top 10, top 8, je le vise. Pour une première année je serai très content, et l'année prochaine je viserai le top 5 et le titre mondial. *Quel est le bilan que vous tirez de cette année avant le rendez-vous tant attendu des JO, notamment après votre retour plein de panache suite à votre blessure à la cheville ?
-Pour ce qui est du bilan de mon année, je reviens de loin après l'année 2023 où je me qualifie et que je me casse la cheville juste avant la saison. J'ai pris toute une année off pour me reconstruire mentalement, physiquement, toute cette période a été très difficile, donc je reviens de loin. Je suis rarement fier de moi, mais aujourd'hui je le suis quand même, de ce que je suis en train de faire : de faire ma première année sur le CT comme cela, passer le cut et en même temps aller chercher cette qualif' aux JO à Puerto Rico. Je n'avais plus qu'une chance, il fallait que je fasse top 5 et je ressors avec une médaille d'argent en tant que vice-champion du monde. Donc, je suis vraiment allé la chercher, j'ai puisé au fond de mes ressources mentales et physiques, et là, je suis plutôt satisfait.
*Qu'avez-vous à dire aux jeunes surfeurs marocains qui vous suivent et qui aspirent à devenir professionnels ?
-Le message que j'ai à transmettre aux jeunes qui veulent surfer ou qui surfent déjà, c'est d'y croire, d'y croire et je sais que c'est cliché mais être sérieux, parce que le sérieux ça paye au bout d'un moment. Faire les bonnes choses et aussi apprécier tout le chemin, tout le trajet, les hauts et les bas, apprécier tout cela, être toujours ouvert à l'apprentissage et y croire, parce que c'est faisable et foncez !