Pour la première fois de l'histoire, aux Jeux Olympiques d'été de 2020, le surf fera son apparition en tant que sport additionnel. Et la joie ne serait pas complète si un Marocain ne faisait pas partie de l'aventure. Ce rêve, c'est Ramzi Boukhiam qui va le réaliser pour le royaume. Et pour cause, il a décroché son sésame pour faire partie du voyage et défendra les couleurs nationales mais aussi les couleurs du continent. Il est en effet le seul africain en lice pour cette compétition. « Je suis très content d'avoir décroché cette qualification au Japon et très fier de pouvoir représenter le Maroc au JO de Tokyo », raconte avec fierté, à 2m.ma, le Marocain qui surfe depuis qu'il a 9 ans. Il relate notamment avoir pris la « décision de participer à cette compétition vraiment au dernier moment avec la Fédération Marocaine de Surf et Aziz (le coach) ». « Le système de qualification n'était pas très clair et les dates de la compétitions compliquées à respecter puisqu'elles chevauchaient mes autres compétitions. Mais nous avons joué le jeu et je ne regrette absolument pas ! » se souvient le surfeur qui dit devoir beaucoup à son coach Aziz Bouchgua qui a dû changer son programme à la dernière minute et faire le voyage au Japon avec lui. Un bain de liberté ! Un périple et une aventure que le natif d'Agadir n'a de fait pas préparés puisque inattendus. Cependant, le sportif était en période de compétition ce qui lui a facilité la tâche. Et pour encore mieux se préparer à ces JO qui se tiendront du 24 juillet au 9 août 2020, « j'essaye de faire une session de surf tous les jours au moins et je m'entraine en salle ».
Pour Ramzi, le surf traduit « une sensation de liberté. On est seul avec l'océan et ses vagues. On glisse, on tube. C'est tout juste merveilleux », nous dit-il, les étoiles pleins les yeux. Un enthousiasme et une admiration de tous les instants pour ce jeune homme qui dit avoir baigné dans ce sport et en être tombé amoureux en s'inspirant d'abord de son frère Samir. « Il a commencé à surfer avant moi et je voulais faire comme lui. J'ai de suite aimé et j'ai eu la chance de progresser rapidement. Ce qui m'a permis de vite pouvoir participer à différentes compétitions notamment en Europe où les meilleurs groms au monde étaient présents chaque été », se remémore Ramzi. Des moments qui lui sont précieux et qui ont rythmé toute son enfance au point d'avoir été repéré à cette époque, « dans ma jeunesse, je passais toutes mes vacances à Oualidia à Surfland. C'est là que Laurent Miramon m'a détecté et où j'ai vraiment progressé. » Se donner corps et âme à cette passion Et c'est aussi à cette époque qu'est née son âme de compétiteur, « j'ai toujours voulu gagner et être le meilleur ». Désormais, il s'entraine seul pour le surf mais il est accompagné sur le plan physique et fait également appel à un coach mental pour ce sport qu'il a choisi entre le tennis et le foot, « j'ai choisi le surf et je ne regrette pas même si dans le tennis et le foot il y a beaucoup plus d'argent à gagner. La boxe est un sport qui me tente bien aussi. »
Néanmoins, le champion qui a marqué le Marocain de 26 ans est un champion de surf. Ce n'est autre que Kelly Slater, 11 fois champion du monde : « à 47 ans, il fait toujours partie des meilleurs surfeurs du moment. Il est incroyable. Sinon j'ai toujours adoré le style de Rob Machado », retient celui qui se distingue par un surf puissant et radical. En effet, Ramzi qualifie sa différence par un surf backside (dos à la vague, ndlr) solide, ce qui fait sa force. C'est à l'âge de 16 ans, quittant l'école que Ramzi décide de faire de cette passion son métier et de s'y consacrer entièrement : « comment ne pas y trouver son bonheur ? J'ai la possibilité de voyager à travers les plus beaux endroits au monde pour y pratiquer cette discipline ! » Ramzi a en effet sillonné le monde durant ces 10 dernières années, visitant ainsi Hawaii, le Brésil, Tahiti, la Californie, l'Afrique du Sud, le Japon, le Portugal et bien d'autres encore. Des rêves restent à réaliser Une vie sur les routes qui lui a beaucoup enseigné, notamment que ce n'est pas toujours le meilleur qui l'emporte, « il faut un peu de chance et il faut surtout se sentir bien dans sa tête et être confiant ». C'est grâce à ce credo que le Marocain a pu être primé à plusieurs reprises, il a notamment été nommé King of the Groms Europe en 2009. Il a été Champion d'Europe Junior en 2012 et vainqueur du QS à Anglet en 2017. Ou encore il figurait dans le Palmarès Mars d'or d'Honneur la même année au Maroc. L'une de ses plus belles distinctions puisque dans son pays. Un pays où il aimerait inspirer de futures générations : « j'espère donner envie aux jeunes surfeurs marocains de se battre et de suivre mon chemin sur le circuit international », expose confiant le surfeur qui dit dédier ses victoires entre autres à son père, décédé 2005.
Un seul rêve encore lui hante l'esprit : « mon grand rêve depuis des années c'est d'accéder au WCT (World Champions Tour). Pour ça il faut que je finisse dans le top 10 des QS (Qualifying Series). J'espère pouvoir continuer encore quelques temps pour essayer d'atteindre cet objectif ! Tout dépend en réalité des sponsors, car une année sur le circuit coûte beaucoup d'argent », conclut cet amoureux du Maroc qui dit vouloir vivre et vieillir sur les terres de ses ancêtres !