L'Institut Royal des Etudes Stratégiques (IRES) a publié un rapport détaillé sur l'avenir de l'agriculture au Maroc, mettant l'accent sur la souveraineté alimentaire, la préservation des ressources hydriques, la durabilité et la résilience du capital naturel. La question de l'agriculture a toujours occupé une place centrale dans les Discours et les Messages Royaux. La nécessité d'œuvrer activement pour valoriser et préserver ce secteur vital a conduit l'Institut Royal des Etudes Stratégiques (IRES) à approfondir sa réflexion sur l'avenir de l'agriculture au Maroc. Ce contexte est d'autant plus préoccupant en raison de la rareté structurelle de l'eau qui caractérise le pays. Dans ce sens, l'IRES a dévoilé un rapport capital portant sur l'avenir de l'agriculture marocaine dans un contexte de l'eau en constante diminution. Ce document de 24 pages synthétise les discussions et recommandations d'une journée d'étude, tenue le 28 février 2024, réunissant une vingtaine d'experts de divers domaines, allant de l'eau au changement climatique, en passant par l'agriculture, l'agroalimentaire, l'économie pastorale et le développement rural. Un contexte de rareté de l'eau Cette rencontre a mis en lumière l'urgence de réviser le modèle de développement agricole marocain. Le rapport souligne l'importance d'intégrer les nouveaux paradigmes de souveraineté alimentaire, de préservation des ressources hydriques, de durabilité et de résilience du capital naturel, tout en tenant compte des avancées technologiques. « Cette démarche de changement devrait compléter la mise en œuvre du programme national d'approvisionnement en eau potable et d'irrigation 2020-2027 et de la stratégie Green Generation 2030 », note le document. Optimisation de la gouvernance Le premier axe prioritaire identifié par les experts est l'optimisation de la gouvernance dans le secteur agricole. Huit séries de propositions globales sont avancées, parmi lesquelles la relance du débat national sur l'avenir de l'agriculture marocaine, la refonte du modèle de gouvernance du secteur, et la mise en place de nouvelles lois renforçant l'application des réglementations existantes.
Des pistes spécifiques incluent l'organisation d'assises nationales et régionales sur l'avenir de l'agriculture, l'adoption d'une déclaration politique reconnaissant la ruralité marocaine comme patrimoine immatériel ainsi que l'alignement du développement agricole sur le développement rural. Y figurent également une gestion collaborative entre les différents acteurs, la protection des terres agricoles contre l'étalement urbain, et l'inspiration de modèles étrangers comme ceux de l'Australie ou de la Californie sont également proposés.
Une empreinte hydrique faible En matière de gestion de l'eau, le rapport recommande l'intégration de l'approche Nexus « Eau-Energie-Agriculture-Ecosystèmes naturels » et la création d'un observatoire de l'eau. La réactivation de l'Observatoire national de la sécheresse et l'élargissement des compétences de la police de l'eau sont aussi envisagés.
Pour promouvoir la sobriété hydrique, il est suggéré, selon les experts, cités dans le document de l'IRES, de privilégier l'eau pour les opérateurs agricoles contribuant à la souveraineté alimentaire, d'inclure la rareté de l'eau dans l'approbation des projets d'investissement, et de favoriser les cultures à faible empreinte hydrique. Des contrats de gestion des nappes phréatiques et l'utilisation d'eaux non conventionnelles pour l'agriculture sont également pris en compte.
Garantie de la souveraineté alimentaire La souveraineté alimentaire est le deuxième axe clé abordé. Dans ce sens, les propositions incluent la promotion de la petite agriculture familiale, la réorientation du modèle agricole pour satisfaire en priorité les besoins alimentaires locaux, et la mise en place de mécanismes d'urgence pour répondre aux crises alimentaires. La revalorisation des parcours et de l'élevage est également évoquée, avec des initiatives collectives pour la santé animale et la surveillance sanitaire des races menacées.
Renforcement de la résilience et de la durabilité L'étude propose plusieurs mesures pour renforcer la résilience et la durabilité du secteur agricole. Une transition vers des systèmes agricoles intégrant le réchauffement climatique est nécessaire, à travers des actions telles que l'aménagement hydro-agricole, la conservation des eaux et des sols, et l'utilisation d'intrants agricoles résilients. Le développement de l'agriculture circulaire, climato-intelligente et urbaine est aussi recommandé.
En effet, la gestion proactive des risques, notamment pour l'agriculture pluviale, le renforcement de l'intégration économique via des infrastructures améliorées, et la modernisation de l'agriculture familiale sont essentiels. De plus, un modèle de financement durable est crucial, avec une augmentation des investissements dans le secteur et des incitations fiscales pour promouvoir l'agriculture numérique.
Impulsion de la recherche scientifique Pour renforcer l'innovation et l'adaptation au changement climatique dans le secteur agricole, le rapport de l'IRES recommande d'allouer une part significative du PIB agricole à la recherche agronomique avancée, s'inspirant des pays développés qui y consacrent environ 3%. Il propose également de concevoir un plan stratégique de recherche, incluant des technologies abordables et des innovations agricoles ainsi que de promouvoir le génie génétique.
Des programmes dédiés doivent approfondir la compréhension des évolutions climatiques et leur impact sur l'irrigation. De plus, des recherches territorialisées sur les semences de céréales, légumineuses et fourrages sont essentielles. Enfin, il est recommandé de créer des structures de formation adaptées aux contextes locaux et d'investir dans l'agriculture 4.0 pour améliorer la productivité tout en garantissant durabilité et résilience.
Retournement à la baisse de l'activité agricole au premier trimestre 2024