Le constat est clair : une nouvelle approche s'impose dans la régulation du marché des fruits et légumes au Maroc. C'est ce qui ressort de la conférence, organisée, vendredi, par la Confédération Marocaine de l'Agriculture et de Développement Rural (COMADER) et présidée par le ministre de l'Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts et le Président du Conseil de la Concurrence, en marge de la 16ème édition du SIAM 2024. Ce fut aussi l'occasion de présenter le rapport de l'instance la concurrence sur le secteur. Placée sous le thème « Fonctionnement concurrentiel des marchés des fruits et légumes au Maroc », cette conférence a constitué un cadre de présentation des résultats de l'examen du fonctionnement concurrentiel des marchés de fruits et légumes réalisés par le Conseil de la Concurrence, notamment, les aspects inhérents aux défis et risques de l'accentuation des caractéristiques de l'environnement sur le fonctionnement des marchés de fruits et légumes et les propositions de solutions qui permettent de garantir une juste rétribution aux petits agriculteurs et réduire les spéculations.
Cette conférence intervient aussi dans un contexte où la résilience des systèmes de production implique la capacité à maintenir leurs fonctions essentielles, malgré les perturbations et à limiter les dommages. Afin d'assurer la durabilité et la continuité des activités économiques face aux défis et aux crises, il est nécessaire de diversifier les sources de revenus des agriculteurs, d'adopter des pratiques agricoles durables, de promouvoir l'accès aux technologies et aux infrastructures, et de renforcer les capacités des acteurs du marché, soulignent les conférenciers.
Ces risques et défis sont, entre autres, le changement climatique, les maladies des cultures, les fluctuations des prix des produits agricoles, et d'autres risques. Considérés comme l'une des étapes essentielles de la chaine de production agricole, les marchés agricoles jouent un rôle crucial dans la résilience des systèmes de production agricole. Ils facilitent les échanges économiques et contribuent à la sécurité alimentaire. Cependant, pour renforcer la résilience des systèmes de production agricole, il est important que les marchés agricoles soient efficaces, transparents et équitables. Justement, les recommandations du Conseil de la Concurrence sur l'état de la concurrence dans les marchés de fruits et légumes au Maroc trouvent son importance. Dans ses recommandations, le Conseil souligne que pour garantir un fonctionnement efficace et harmonieux des marchés de gros et de détail de fruits et légumes au Maroc, il est impératif de revoir le cadre juridique en vigueur et de l'actualiser.
Cette démarche vise à assurer une régulation adéquate tout en favorisant le développement équilibré de ces marchés, tant sur le plan public que privé. Dans cette optique, explique le Conseil, il convient de définir clairement, par voie réglementaire, les conditions de réalisation et d'exploitation des infrastructures commerciales dédiées à la vente de fruits et légumes, que ce soit par le secteur public et privé, garantissant ainsi des normes uniformes et équitables pour tous les acteurs impliqués. Au Maroc, les pertes en post-récolte des fruits et légumes se situeraient entre 20 et 40%, indique le rapport. Cette tendance est particulièrement prononcée dans la culture de l'oignon, où environ 40% à 80% de la récolte est perdue en raison des conditions de stockage. Les principales causes de ces pertes et gaspillages comprennent les facteurs météorologiques et climatiques. De plus, les infrastructures de stockage et les moyens de transport en post-récolte sont souvent inadaptés, de même que le manque de logistique et de plateformes de transformation et de conditionnement.
Pour le Conseil, une action concertée des politiques adaptées et des campagnes de sensibilisation semblent nécessaires pour adresser cette problématique de manière holistique et durable. Dans ce même objectif de lutte contre les pertes et le gaspillage, il semble nécessaire d'œuvrer en faveur de la valorisation et du conditionnement des fruits et légumes et de favoriser les circuits courts de commercialisation, ajoute la même source.
L'institution plaide également en faveur du renforcement de la traçabilité des produits par le recours à des solutions intelligentes, le renforcement des normes et standards de qualité, la promotion de la contractualisation des transactions entre les différents maillons de la chaîne. En outre, le document demande la mise en place d'un système d'information intégré et d'un système de veille stratégique pour le suivi et l'analyse des marchés des fruits et légumes.
Il s'agit aussi d'encourager le regroupement des producteurs, d'impulser la transformation digitale dans le secteur agricole « AgriTech », d'étoffer l'offre bancaire et assurantielle au profit des agriculteurs. Enfin, le Conseil encourage l'accélération des réformes des marchés de gros, d'œuvrer en faveur de la transformation et de la valorisation des fruits et légumes, de réformer les espaces de commercialisation, promouvoir les circuits courts tout en favorisant la digitalisation des circuits de commercialisation.