En décrochant le premier Prix au World Summit Awards pour sa solution d'authentification des diplômes ,T3 devient la première startup marocaine primée dans cette compétition prestigieuse. Déterminée à réussir la combinaison entre le physique et le digital, T3 explore de nouveaux horizons à travers des projets passionnants, en partenariat avec le ministère de l'Education nationale et lorgne vers le continent. Interview avec son co-fondateur, Hafid Griguer. * T3 (Trust, Track and Trace) a reçu le premier Prix au Global Summit awards. Que représente pour vous l'obtention de ce prix, le premier pour le Maroc ? -T3 a été conçue par l'Université Mohamed VI Polytechnique mais sa mise en œuvre opérationnelle est assurée par la start-up SensThing, détentrice du projet. En fait, c'est une fierté pour nous de représenter le Maroc à l'échelle internationale, avec une validation par un Programme soutenu par les Nations Unies. Cette reconnaissance souligne l'impact du développement technologique au Maroc, ce qui constitue une responsabilité supplémentaire pour continuer à faire progresser la solution. L'innovation, saluée par le jury international, réside dans le retour aux fondamentaux tout en ajoutant une dimension supérieure, permettant de conserver une preuve tangible avec une couche digitale.
* Votre startup offre une solution permettant une meilleure authentification des diplômes. Comment cette approche marche-t-elle ?
-Cette technologie a une complexité sous-jacente, mais son utilisation demeure très simple. Nous l'avons simplifiée pour garantir son accessibilité aux utilisateurs. À l'intérieur de papiers ordinaires, une puce électronique est discrètement intégrée entre les couches, avec une antenne et un circuit embarqué. Ce circuit renferme une signature physique et digitale, assurant ainsi la sécurité du papier en empêchant toute altération. De plus, la puce agit comme une passerelle sécurisée, établissant une connexion entre le monde physique et le monde réel via un téléphone mobile. Cette innovation donne naissance à un concept appelé « Internet of Paper » (IOP), où les papiers restent physiques tout en restant connectés au cloud pour une sécurité totale.
* Pourquoi avez-vous choisi de déployer cette solution dans le domaine de l'éducation, en particulier ?
-La solution sera étendue à divers secteurs, offrant une sécurité pour tout support papier nécessitant une protection. Notre engagement initial, dans le domaine de l'éducation, découle de notre expérience, en tant que directeur d'une école d'ingénieurs au Maroc, et de notre connaissance approfondie des défis rencontrés par les universités et les étudiants.
Nous avons choisi de concentrer nos efforts sur l'éducation en raison des problèmes réels limitant la mobilité internationale des étudiants brillants. Souvent, ces étudiants rencontrent des obstacles liés à l'authentification des candidatures par les grandes universités internationales. Notre objectif est de surmonter ces barrières en établissant des ponts entre le l'écosystème marocain et étranger grâce à une reconnaissance visible, simple et sécurisée des compétences des étudiants.
Un deuxième aspect crucial concerne l'employabilité, où en tant que professionnel des ressources humaines, je constate fréquemment que plus de 75% des informations fournies lors des entretiens sont entachées d'erreurs, notamment en ce qui concerne les diplômes, les années d'études, les filières et les universités d'origine. Notre solution vise à rectifier ces inexactitudes.
* A qui profite cette nouvelle solution ?
-Nous avons délibérément choisi de lancer notre solution dans le domaine de l'éducation, englobant tous les niveaux, du primaire à l'enseignement supérieur, et couvrant la formation continue et exécutive. Ce secteur offre un potentiel considérable. Les avantages de notre solution s'étendent à l'ensemble de l'écosystème éducatif, englobant les universités, les écoles, les étudiants avec l'accès à des diplômes numériques, ainsi que les entités administratives et les ressources humaines. Lesquelles bénéficieront d'une simplification de leurs tâches grâce à cette solution physique et digitale.
* Comment cette solution profite-t-elle aux étudiants ? -En réalité, ce que nous sommes en train de mettre en place est ce que nous appelons le « CV phygital » (physique et digitale). Chaque fois qu'un étudiant obtient un diplôme, il peut l'ajouter au même réceptacle. Ainsi, lorsqu'il postule à des offres d'emploi, il dispose d'un profil éducatif vérifié, minimisant les risques de fausses déclarations et facilitant la vérification des diplômes. Il s'agit d'une sorte d'identité numérique sécurisée et vérifiable pour les CV des candidats.
* T3 est reconnue notamment pour le déploiement du premier diplôme phygital du baccalauréat. Comment cette opération a-t-elle profité à l'écosystème ?
-En réalité, il s'agit d'une opération d'envergure impliquant des investissements et la collaboration de l'Université Mohammed 6 Polytechnique. Nous avons déployé des équipements capables de rendre les diplômes physiques. La production a été réalisée localement dans les douze régions du Maroc, intégrant une signature électronique pour les diplômes, habituellement signés par les directeurs des Académies régionales d'éducation et de formation. Cela concerne également les relevés de notes.
Le passage à une signature digitale a favorisé une transition fluide vers l'Université internationale, permettant aux candidats de postuler en temps opportun. Depuis lors, de nombreux pays amis du Maroc ont exprimé leur intérêt pour une solution pilote, cherchant à bénéficier de l'expérience marocaine en matière de phygitalisation documentaire.
* Après cette expérience réussie, prévoyez-vous de nouveaux projets ? -Absolument, dans un futur très proche, en collaboration avec le ministère de l'Education, nous étendrons la phygitalisation à d'autres documents, en dehors du baccalauréat. Cette annonce sera faite prochainement par le ministère et inclura des documents liés aux processus éducatifs. Nous explorons également la faisabilité de phygitaliser les attestations administratives et juridiques dans un pays de Golfe. De plus, d'autres projets passionnants sont en cours pour l'Afrique.
* In fine, y a-t-il des défis spécifiques auxquels une startup opérant dans la phygitalisation dans le système éducatif est confrontée ?
-Actuellement, le premier obstacle est d'ordre réglementaire, nécessitant ainsi des leaders audacieux, visionnaires et avant-gardistes. Cela dépend des décideurs, et heureusement, nous sommes dans un contexte où le ministère est déterminé à influencer le parcours professionnel et académique des étudiants. Ensuite, il y a la nécessité d'infrastructures digitales capables de supporter notre technologie basée sur l'Intelligence Artificielle et le stockage massif des données. Un cloud souverain de grande capacité est crucial pour héberger des technologies puissantes comme la nôtre.
Au niveau des ressources humaines, le défi réside dans la recherche de personnes compétentes dans des domaines tels que la blockchain, l'IA et les systèmes embarqués. Enfin, le financement pose également un problème, les startups ayant besoin de fonds pour démarrer, même si nous disposons des fonds, des garanties sont souvent demandées.
Préscolaire : La FMPS ouvre 4000 nouvelles classes Près de 4.000 nouvelles classes préscolaires, au cours de l'année 2023, ont été créées par la Fondation Marocaine du Préscolaire (FMPS), portant ainsi à plus de 21.000 à l'échelle nationale, selon un communiqué de l'institution, rendu public à l'issue son 17ème Conseil d'administration. Engagée dans la refonte de son système d'information intégré et le renforcement du système d'évaluation des compétences des enfants, la Fondation souligne que l'année écoulée a connu le recrutement de plus de 5.000 éducateurs en préscolaire, la formation de plus de 15.000 exerçant à la FMPS, ainsi que la formation initiale de 7.500 éducateurs, dont 32% pour le compte des associations gestionnaires, en préparation de l'année scolaire 2023/2024. Les actions de la Fondation se sont concentrées, par ailleurs, sur la mise en place d'un dispositif d'accompagnement et de partage d'expertises au profit des associations actives dans le préscolaire. Au cours de cette réunion, qui s'est déroulée en présence du ministre de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa, l'accent a été également mis sur la consolidation des partenariats stratégiques de la Fondation, qui a œuvré avec le ministère de tutelle, à asseoir le modèle de délégation de service public sous lequel opère cette institution pour le compte du ministère. Il est à noter que le département de Benmoussa et celui de l'Intérieur ont entamé, en 2023, le transfert aux Académies régionales de l'éducation et de la formation, des Unités préscolaires réalisées par l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH), dans le cadre du programme de développement du préscolaire dans le rural, conformément aux dispositions de la convention conjointe, signée lors du lancement de la phase III de l'INDH. Forte de ses réalisations, avec un réseau actuel totalisant plus de 21.000 classes à l'échelle nationale, et une chaîne de valeurs métiers permettant une offre préscolaire complète et intégrée, la Fondation prépare sa vision stratégique « Atfalouna 2030 », dont les grandes lignes ont été présentées par son président, Noureddine Boutayeb. Trois questions à Alaedine Belhouari, co-fondateur de Hasta Maroc « Hasta Maroc veut devenir le proxy du marché marocain de l'occasion » Casablanca a connu, début février, l'organisation de la première opération de vente aux enchères des véhicules d'occasion. Un nouveau concept introduit par Hasta Maroc dont les fondateurs sont déterminés à révolutionner ce marché vierge. Après avoir réalisé une dizaine de transactions sur une cinquantaine de voitures, Hasta Maroc vise à atteindre les 500 véhicules vendus par mois à partir de juin.
* En quoi consiste ce nouveau concept de vente et quelle est sa valeur ajoutée pour le marché industriel ?
-Nous créons une machine de liquidité dans le marché du véhicule d'occasion marocain. On est spécialisé dans la revente des véhicules pour les entreprises. Ces dernières ont l'opportunité, chaque semaine, à travers l'enchère HASTA, d'obtenir le juste prix pour chacun de leurs véhicules.
Nos enchères sont à l'américaine. C'est un concept prouvé dans tous les marchés du monde. Le but est d'apporter un maximum de transparence tant pour l'acheteur au niveau de l'état du véhicule que pour le vendeur au niveau du prix obtenu.
Nous vendons tous types de véhicules. Des petites citadines, des voitures haut de gamme, des utilitaires. Aux deux extrêmes, nous avons des véhicules quasi-neufs, qui étaient des modèles d'exposition chez les concessionnaires, et des véhicules de location qui approchent les 600.000 km.
* Une bonne partie de Marocains ne fait pas encore confiance en l'e-commerce, et encore moins, en les enchères par internet. Ce paramètre n'entrave-t-il pas votre activité ?
-Nous avons un modèle hybride qui permet de bénéficier de tous les avantages du présentiel et du digital. Nos acheteurs peuvent venir inspecter les véhicules en personne à notre dépôt, à n'importe quel moment avant l'enchère. Nous mettons à disposition également des images haute résolution et des rapports d'expertise pour chaque véhicule. Le jour de l'enchère, les enchérisseurs peuvent venir en personne ou participer depuis le confort de chez eux, toutes les offres étant synchronisées en temps réel.
Les identités des enchérisseurs ne sont pas rendues publiques, seul notre contrôle interne détient l'accès à ce type d'information. Quant au paiement des véhicules, cela se passe offline. Ceci permet une plus grande flexibilité au niveau des préférences de paiement des entreprises qui vendent leurs véhicules.
* Quelles sont les ambitions futures de Hasta Maroc?
-Nous voulons créer un maximum de liquidité sur le marché pour les professionnels. Il faut que chaque semaine, tout véhicule nécessitant d'être vendu puisse obtenir son juste prix, en fonction de son état exact. Il faut également que chaque acheteur puisse y trouver son compte.
Nous avons une capacité actuelle de 150 véhicules présentés aux enchères, par semaine, que nous pouvons augmenter à 400 dans l'espace de quelques semaines. Pour l'instant, nous visons les 500 unités vendues par mois, à partir de juin.
Actuellement, il n'y a pas d'Argus au Maroc. Mais à terme, nous voudrions prendre ce rôle et être le proxy du marché marocain de l'occasion.
Entrepreneuriat : L'Université Al Akhawayn abrite la compétition Hult Prize Les jeunes entrepreneurs ont eu rendez-vous, du 16 au 18 février courant, avec la compétition du Hult Prize, initiative mondiale d'entrepreneuriat social, lancée en collaboration avec les Nations Unies, visant à résoudre, à travers la création d'entreprises sociales, certains défis urgents, tels que la sécurité alimentaire, l'accès à l'eau, l'énergie et l'éducation. Organisé à l'Université Al Akhawayn à Ifrane (AUI), cet évènement réunit, chaque année, plus de 100 000 participants dans 120 pays. Cette initiative mondiale d'entrepreneuriat social offre aux étudiants l'opportunité de concourir pour un prix d'un million de dollars afin de concrétiser leurs visions entrepreneuriales. Dans le cadre des actions en faveur de l'entrepreneuriat, la School of Business Administration de l'Université Al Akhawayn dispose d'un partenariat avec Africa Business School, Columbia University Engineering School, Columbia University Business School, Impact for Development pour le lancement d'une plateforme pour l'innovation et le renforcement des capacités grâce à l'éducation entrepreneuriale et aux échanges interculturels entre les écosystèmes des startups aux Etats-Unis et au Maroc.